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Critiqué, le leader de la droite populiste suisse se ressource dans son fief
Critiqué, le leader de la droite populiste suisse se ressource dans son fief / Photo: Fabrice COFFRINI - AFP

Critiqué, le leader de la droite populiste suisse se ressource dans son fief

Marco Chiesa est chez lui à Lugano. Le leader de la droite populiste suisse est venu se ressourcer sur un marché de son fief natal, loin des critiques qui accusent le premier parti du pays de flirter avec l'extrême-droite.

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A deux semaines des élections parlementaires du 22 octobre, il a offert ce week-end la raclette aux passants qui se pressent dans les rues piétonnières de la petite ville.

"C'est la ville où je suis né, où mes enfants vivent et grandissent, c'est donc un peu la ville de mon coeur", raconte à l'AFP M. Chiesa, président de l'UDC (Union démocratique du centre) et candidat à sa réélection en tant que sénateur.

Selon les sondages, sa formation politique devrait renforcer sa position au parlement bien qu'elle soit accusée de xénophobie et de flirter de trop près avec l'extrême-droite.

C'est autour des valeurs de son parti "liberté, indépendance et neutralité de la Suisse" que le dirigeant politique, 48 ans, est venu mobiliser ses sympathisants à Lugano.

Troisième pôle financier suisse, construite le long de la baie d'un lac, ceinturée de plusieurs sommets panoramiques, la petite ville de quelque 68.000 habitants a des allures de Riviera, à quelques kiomètres de l'Italie.

Loin des grands meetings, quasiment inexistants en Suisse, M. Chiesa a dressé son stand dans le centre-ville historique, baignée par un vigoureux soleil d'automne, tandis qu'un accordéoniste et un guitariste, engagés par le parti, tentent d'attirer les chalands.

Serrant les mains ça et là, le dirigeant s'affiche en toute décontraction, souriant, en lunettes de soleil, chemise blanche et pull autour de la taille. Mais son message reste ferme: le pays doit "reprendre les rênes de l'immigration" et n'accueillir que les "personnes qui apportent une valeur ajoutée".

- "100% valeurs suisses" -

Sur deux grandes banderoles verticales, qui encadrent le stand, il est écrit: "Restons libre!".

Sur une autre, une photo de M. Chiesa, premier latin à diriger ce parti traditionnellement enraciné dans les régions germanophones du pays mais qui a su s'étendre au-delà pour gagner en puissance, est légendée: "100% valeurs suisses. Des valeurs sûres".

"Les scénarios de 2007 indiquaient que la Suisse n'atteindrait les 9 millions d'habitants qu'en 2060; c'est arrivé 37 ans plus tôt que prévu. La Suisse ne peut pas supporter un tel fardeau", assure M. Chiesa.

Ce discours séduit un passant, Antonio Sciarillo, 78 ans, ancien hôtelier, qui accuse les frontaliers italiens "de venir prendre nos emplois.

Les entrepreneurs suisses soulignent eux que la Suisse manque de main d'oeuvre. Mais l'UDC - proche pourtant des milieux économiques - veut limiter la population du pays à 10 millions d'habitants.

"Nous devons choisir notre immigration", plaide M. Chiesa, déplorant que la Suisse a les mains liés par les accords de Schengen sur la libre-circulation bien que le pays ne fasse pas partie de l'Union européenne.

Il se réjouit d'ailleurs que les dirigeants européens, pressés par l'Italie, soient en train d'unir leurs voix pour lutter contre l'immigration illégale, assurant que l'UDC n'est pas dans l'air du temps, mais a été "en avance sur son temps".

Mais l'UDC, qui espère remonter proche du seuil symbolique des 30% aux élections, s'est fait taper sur les doigts par la Commission fédérale contre le racisme. La campagne du parti serait "xénophobe et incendiaire", critique la commission.

La formation politique est également accusée d'être trop proche de groupes d'extrême-droite. Ces accusations font sourire Elena Galantino, 50 ans, employée dans la finance, qui s'affaire autour du stand de l'UDC: "Je ne pense pas qu'ils aient des programmes particulièrement oppressifs, ni pour ceux qui viennent d'ailleurs, ni pour les citoyens".

M. Chiesa se veut rassurant: "Je condamne toutes les dérives extrémistes, de droite et de gauche". Avant d'exprimer son désaccord avec la Commission contre le racisme qu'il accuse de vouloir "museler" les partis: "la sécurité des Suisses, pour moi, est primordiale".

H.Graumann--HHA