Haut-Karabakh: l'Arménie et l'Azerbaïjan devant la plus haute juridiction de l'ONU
L'Arménie et l'Azerbaïdjan s'affrontent jeudi devant la plus haute juridiction de l'ONU, Erevan demandant aux juges d'enjoindre à Bakou de retirer ses troupes du Haut-Karabakh et de permettre aux Arméniens de souche déplacés de retourner en toute sécurité dans la région séparatiste.
Les audiences à la Cour internationale de Justice (CIJ) surviennent à peine quelques semaines après l'offensive éclair des forces azerbaïdjanaises en septembre 2023. Suite à celle-ci, la quasi-totalité de la population arménienne a fui la république autoproclamée du Haut-Karabakh, qui a annoncé sa dissolution au 1er janvier 2024.
Erevan a demandé à ce que la cour ordonne à l'Azerbaïdjan de "retirer tous les personnels militaires et policiers de tous les établissements civils du Haut-Karabakh occupés depuis son attaque armée du 19 septembre 2023", selon un communiqué de la CIJ.
Erevan a également demandé à la juridiction qu'elle enjoigne à Bakou de "s'abstenir (...) d'empêcher le retour sûr et rapide dans leurs foyers des personnes déplacées pendant la récente attaque militaire (...) tout en permettant à ceux qui le souhaitent de quitter le Haut-Karabakh sans entrave".
Après la fin de l'Empire russe, cette région montagneuse peuplée essentiellement d'Arméniens, qui la considèrent comme ancestrale, faisait partie de l'Azerbaïdjan. Elle a proclamé unilatéralement son indépendance en 1991 après la chute de l'Union soviétique, avec le soutien de l'Arménie.
Les séparatistes du Haut-Karabakh se sont opposés pendant plus de trois décennies à Bakou, notamment lors de deux guerres entre 1988 et 1994 et à l'automne 2020. La communauté internationale n'a jamais reconnu la république autoproclamée.
- "Nettoyage ethnique" -
Les audiences de jeudi au Palais de la Paix à La Haye sont les dernières en date d'une longue bataille juridique entre les deux rivaux.
Erevan a en janvier accusé l'Azerbaïdjan devant la CIJ de mener une campagne de "nettoyage ethnique" pour débarrasser le Haut-Karabakh de sa population arménienne.
Des affirmations rejetées par Bakou, qui a appelé les résidents arméniens du territoire à rester et à "se réintégrer" en Azerbaïdjan.
Les législateurs arméniens ont approuvé ce mois-ci une étape clé vers l'adhésion à un autre tribunal international basé à La Haye : la Cour pénale internationale (CPI).
Cela a rendu furieux l'allié traditionnel de l'Arménie, la Russie, car la CPI a émis un mandat d'arrêt contre le président russe Vladimir Poutine, suite à des allégations d'enlèvement d'enfants ukrainiens lors de l'invasion de l'Ukraine.
En février 2023, la juridiction a ordonné à l'Azerbaïdjan d'assurer la libre circulation sur le corridor de Latchine, un axe routier vers l'Arménie vital pour l'approvisionnement de la population au Haut-Karabakh.
La CIJ juge les différends entre les Etats. Ses décisions sont sans appel, mais elle n'a aucun moyen de les faire appliquer.
P.Meier--HHA