Hamburger Anzeiger - En Israël, un père enterre son fils sous les roquettes et supplie d'épargner Gaza

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En Israël, un père enterre son fils sous les roquettes et supplie d'épargner Gaza
En Israël, un père enterre son fils sous les roquettes et supplie d'épargner Gaza / Photo: GIL COHEN-MAGEN - AFP

En Israël, un père enterre son fils sous les roquettes et supplie d'épargner Gaza

Yaakov Godo se tient devant le cercueil de son fils Tom, abattu samedi par le Hamas palestinien sous les yeux des siens. Face à la foule, il porte un tee-shirt avec en hébreu et en arabe un célèbre message pro-paix.

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"Sur mon tee-shirt il est écrit +regardons l'occupation dans les yeux+, je suis un militant des droits de l'homme, je combats l’occupation (israélienne des territoires palestiniens (ndlr)", explique l'Israélien de 72 ans, vétérinaire retraité et engagé dans des actions humanitaires auprès des malades palestiniens.

"Et je n'arrêterai pas. Je continuerai. Et je soutiendrai les Palestiniens", martèle-t-il au moment d'enterrer son fils dans le kibboutz familial Naan, au sud de Tel-Aviv.

Un soldat, dépêché de cimetière en cimetière rappelle aux 200 participants les consignes en cas de bombardement, un risque ces jours-ci pour tout rassemblement: "vous avez 90 secondes pour vous éparpiller et vous mettre au sol".

La sirène honnie retentira d'ici la fin des funérailles. La foule se précipite au sol, mains sur la tête au milieu des tombes et de la terre fraîchement creusée. Puis deux bruits secs, ceux bien reconnaissables des interceptions de roquettes et des soupirs de soulagement.

- "Une horreur" -

Au Kibboutz, les militants de la paix enterrent leur camarade sous les bruits de la fureur de la guerre.

Tout au long de la cérémonie, les bombardiers israéliens fendent l'air à plusieurs reprises, recouvrant chants et prières.

"Ce qu'il se passe à Gaza, c’est une horreur. Je demande solennellement à nos pilotes d'aller lâcher les bombes qu'on leur demande de lâcher sur la population de Gaza dans la mer au lieu de les lâcher sur les gens", supplie M. Godo, alors que l'armée israélienne bombarde sans cesse la bande de Gaza en riposte à l'attaque sanglante du Hamas lancée le 7 octobre.

La famille Godo fait partie de cette minorité de gauche, laïque, activiste pro-paix et anti-Netanyahu, minoritaire dans le pays mais historiquement très représentée dans les kibboutz proches de Gaza.

Tom Godo, 52 ans, ingénieur, passionné de théâtre et d'Italie avait décidé de s'installer cet été à Kissoufim, dans le sud d'Israël près de la bande de Gaza, pour entamer un "nouveau chapitre" en ligne avec ses convictions politiques.

Le 7 octobre, des centaines de combattants du Hamas ont infiltré Israël à bord de véhicules et par les airs, attaquant des civils et tuant environ un millier d'entre eux dans la rue, chez eux ou en pleine rave-party, semant la terreur sous un déluge de roquettes.

- "Je t'aime" -

Le cauchemar de la famille de Tom Godo a duré 25 heures pendant lesquelles ce dernier a "protégé de son corps" la porte de l'abri qui le séparait, sa femme et leurs trois filles du commando du Hamas venu les abattre.

La porte de leur chambre fortifiée était ouvrable de l’extérieur et il a passé toute une journée et une nuit à la maintenir bloquée malgré les jets de grenade et les tirs des combattants palestiniens ayant pris possession de sa maison.

"Vers 07H30 le lendemain, deux balles sont passées à travers le blindage de la porte et il les a prises en plein corps. Il est tombé et est mort en quelques secondes", raconte son père.

"Sa femme, dans un geste désespéré a alors ouvert la fenêtre de l'abri et a fait sortir ses filles par cette fenêtre sans savoir ce qu’il y aurait derrière. Elle a sauté et a sauvé leur vie", dit-il.

Les deux petites, Tsouf 4 ans et Geffen 6 ans, en état de "traumatisme absolu", selon leur grand-père, ne sont pas présentes à l'enterrement.

L'aînée, Romy, 11 ans, a tenu à venir, prostrée dans un sweat-shirt malgré la chaleur fixant d'un regard vide la terre ocre qui recouvre le cercueil de son père.

La maman, en jean et sandales, prend brièvement le micro: "les dernières minutes dans l'abri, j'ai eu le temps de te promettre que j'allais ramasser un à un tous les morceaux de notre vie qui a volé en éclats et de les remettre ensemble un a un. Je t'aime".

U.M.Thomas--HHA