Hamburger Anzeiger - Equateur: duel présidentiel dans l'ombre du narcotrafic

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Equateur: duel présidentiel dans l'ombre du narcotrafic
Equateur: duel présidentiel dans l'ombre du narcotrafic / Photo: Fernando Machado - AFP

Equateur: duel présidentiel dans l'ombre du narcotrafic

Les Equatoriens votent dimanche pour le second tour de la présidentielle entre une avocate socialiste, dauphine de l'ex-président Rafael Correa, et un candidat libéral, duel au coude-à-coude dans un pays livré à la violence et au narcotrafic.

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Ce "face-à-face historique", comme le résumait dimanche le quotidien Primicias, aboutira soit à l'élection de la première femme à la tête de ce pays d'Amérique du Sud, Luisa Gonzalez, soit à celle du plus jeune président de son histoire moderne, Daniel Noboa, fils d'un richissime homme d'affaire, magnat de la banane.

Après avoir dans un premier temps fait état d'une "normalité absolue", elle a annoncé l'ouverture d'une enquête "immédiate" sur une "vidéo circulant sur les réseaux sociaux dans laquelle on peut observer le marquage de bulletins de vote en faveur" du candidat Noboa.

- Dans "la peur" -

Peu auparavant, l'ex-président Correa (2007-2017) et mentor de la candidate Gonzalez, en exil après depuis sa condamnation pour corruption par la justice équatorienne, a posté sur le réseau X des images d'une personne remplissant des bulletins de vote en faveur de M. Noboa.

Selon la présidente de la CNE, le vote "se déroule de manière fluide dans 90%" des 4.390 bureaux. Et "sans incident de sécurité", a précisé de son côté le ministre de l'Intérieur Juan Zapata.

Le scrutin s'achèvera à 17H00 (22H00 GMT). Les premiers résultats seront publiés à partir de 18H30 et le vainqueur sera connu le soir-même, selon la CNE.

L'avant 1er tour du 20 août a été marqué par l'assassinat - qui avait traumatisé le pays - de l'un des principaux candidats, un ex-journaliste portant un fort discours anti-corruption.

L'élection se déroule "dans un contexte d'insécurité et de violence politique imposé par les bandes liées au crime organisé international", rappelle Primicias.

Ce thème de l'insécurité revient comme un leitmotiv chez tous les électeurs interrogés, suivi de celui du chômage.

"C'est une élection critique, l'avenir du pays est en jeu. Je vais voter en ayant peur. Ce qui nous préoccupe le plus, c'est la question de l'insécurité et de la criminalité. L'autre est l'économie", a commenté Freddy Escobar, 49 ans, à l'entrée d'un bureau de vote de Quito.

Gilet pare-balles sur le torse et entouré d'un lourd dispositif de sécurité, Mme Gonzalez a voté vers 9H00 dans sa ville de Canuto (sud-ouest). "Que triomphe l'Equateur, et que gagne +Révolution citoyenne+", a-t-elle lancé, citant le nom de sa formation politique.

Tout sourire, lui aussi en gilet pare-balles, son adversaire Daniel Noboa a voté en fin de matinée à Olon, dans son fief de Santa Elena (sud-ouest). "Aujourd'hui nous gagnons", a-t-il lancé.

Alors que l'insécurité atteint des "niveaux historiques" et que l'Equateur est l'un des pays avec "le plus de crimes au monde", une tâche titanesque attend le ou la nouvelle élue: "réduire le taux d'homicide, récupérer les espaces tombés sous la coupe du crime organisé, combattre la corruption, contrôler les prisons, purger les forces de sécurité, améliorer la justice, freiner le trafic de drogues...", énumère dimanche le quotidien El Universo.

- "Jeune et nouveau" -

Avec des sondages très serrés, les derniers jours de campagne ont vu une avalanche de promesses de la part des deux candidats: "Un nouvel Equateur", une "main ferme" pour "sauver le pays", la "fin de la délinquance", des "milliers d'emplois", le "bien pour tous"...

"Nous sommes venus voter surtout pour un changement dans le pays (...). Noboa est nouveau, il est jeune. Il est la meilleure solution pour tout le monde", jugeait André Garcia, étudiant de 29 ans.

"Je vote pour Luisa", se vantait au contraire Lizbeth Castro, 35 ans, commerçante, disant "ne pas faire confiance" à son adversaire "qui vient de la droite, avec un passé d'exploitation du travail" et "n'est pas prêt à gérer le secteur public".

Mais le ou la nouvelle élue n'aura que peu de temps pour tenir ces promesses mirobolantes: il ou elle gouvernera jusqu'à début 2025, terme du mandat du président sortant Guillermo Lasso qui avait convoqué des élections anticipées pour éviter sa destitution sur fond d'accusations de corruption.

De l'avis de tous, le nouveau dirigeant héritera d'un pays plongé dans une vague de violences sans précédent, qui souffre d'une corruption endémique et d'institutions fragilisées.

L'ombre de l'ex-président Correa (2007-2017) plane par ailleurs sur ce vote, alors que Mme Gonzalez a déjà annoncé qu'elle en ferait son conseiller.

J.Berger--HHA