Hamburger Anzeiger - Réunion diplomatique à Téhéran pour réconcilier l'Azerbaïdjan et l'Arménie

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Réunion diplomatique à Téhéran pour réconcilier l'Azerbaïdjan et l'Arménie
Réunion diplomatique à Téhéran pour réconcilier l'Azerbaïdjan et l'Arménie / Photo: ATTA KENARE - AFP

Réunion diplomatique à Téhéran pour réconcilier l'Azerbaïdjan et l'Arménie

Les chefs des diplomaties arménienne, azerbaïdjanaise, russe, turque et iranienne sont réunis lundi à Téhéran pour tenter de calmer les tensions entre Bakou et Erevan, au plus haut depuis la reconquête azerbaïdjanaise de la région du Haut-Karabakh.

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Toutefois, en parallèle, le ministère azerbaïdjanais de la Défense a annoncé lundi le début de manoeuvres militaires avec la Turquie près de l'Arménie, qui craint justement que son puissant voisin ne veuille empiéter sur son territoire.

Dans la capitale iranienne, les ministres ont prévu d'évoquer la paix dans le Caucase du Sud, où sont situés l'Azerbaïdjan et l'Arménie.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a estimé que cette réunion pouvait constituer "la pierre angulaire sur la voie de l'établissement de la paix et de la fin des défis dans le Caucase du Sud".

Il s'agit aussi, pour ces pays, de montrer qu'ils n'ont pas besoin des Occidentaux pour régler leurs différends.

"Les problèmes de la région ne peuvent être réglés par l'intervention de forces étrangères", a déclaré le président iranien Ebrahim Raïssi après une rencontre avec le ministre azerbaïdjanais, selon le site internet de la présidence.

"La présence d'étrangers dans la région non seulement ne résout pas les problèmes mais complique la situation", a renchéri Hossein Amir-Abdollahian en ouvrant la réunion des ministres.

- Deux guerres -

L'Azerbaïdjan et l'Arménie se vouent une haine tenace et les tensions ont connu un vif regain avec la reconquête militaire éclair du Haut-Karabakh par l'Azerbaïdjan fin septembre, alors que la région était depuis une trentaine d'années aux mains de séparatistes arméniens.

La quasi-totalité de la population - plus de 100.000 personnes sur les 120.000 officiellement recensées - a fui en Arménie.

Avant cela, l'Azerbaïdjan et l'Arménie s'étaient opposés pendant deux guerres pour le contrôle de cette enclave montagneuse, l'une dans les années 1990 à la dislocation de l'URSS, l'autre à l'automne 2020, remportée par Bakou.

L'Arménie craint désormais que son voisin, plus riche, mieux armé et soutenu par la Turquie, ne cherche à pousser son avantage. Elle a notamment peur que l'Azerbaïdjan ne soit tenté de relier par la force l'enclave du Nakhitchevan au reste de son territoire en attaquant des régions méridionales arméniennes.

Divers formats de pourparlers existent entre ces deux ex-républiques soviétiques du Caucase mais, jusqu'ici, aucun accord n'a été trouvé entre elles.

- Manoeuvres militaires -

Lundi, le ministère azerbaïdjanais de la Défense a annoncé des manoeuvres militaires dans l'enclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan, frontalière de l'Arménie et de l'Iran, ainsi que dans des "territoires libérés", dont la localisation n'a pas été précisée et qui pourraient désigner le Haut-Karabakh ou des districts azerbaïdjanais mitoyens.

Ces exercices, par la suite confirmés par la Turquie, mobiliseront jusqu'à 3.000 soldats des deux pays, des dizaines de véhicules blindés, de l'artillerie et une vingtaine d'aéronefs, a précisé le ministère.

Les soldats s'entraîneront à l'usage de l'artillerie et de l'aviation, à la construction de pontons et à des parachutages en territoire ennemi, d'après l'Azerbaïdjan.

La France, qui s'est dite "extrêmement vigilante" quant aux potentielles menaces à l'intégrité territoriale de l'Arménie, a annoncé de son côté la vente à Erevan d'équipements pour la défense sol-air.

Le contrat porte sur l'acquisition de trois radars Ground Master (GM200) de Thalès, a annoncé le ministre français des Armées Sébastien Lecornu.

Il a également évoqué la signature d'une lettre d'intention avec le fabricant européen de missiles MBDA "sur des dispositifs de type Mistral", un missile sol-air de courte portée.

- Brouille avec Moscou -

La Turquie, soutien de l'Azerbaïdjan, et la Russie, considérée comme l'alliée de l'Arménie, jouent un rôle majeur dans la région.

Mais la récente offensive au Haut-Karabakh a rebattu les cartes. Erevan a accusé Moscou de l'avoir abandonné en n'arrêtant pas les forces de Bakou, des critiques rejetées par la Russie.

A la recherche de protection, l'Arménie semble donc prête à davantage se tourner vers les Occidentaux.

Ce pays a par exemple ratifié mi-octobre son adhésion à la Cour pénale internationale (CPI), ce qu'elle espère être un bouclier supplémentaire contre les potentielles ambitions de l'Azerbaïdjan.

Un geste vu d'un très mauvais oeil par Moscou, la CPI ayant émis au printemps un mandat d'arrêt contre le président Vladimir Poutine pour la "déportation" d'enfants ukrainiens vers la Russie, une décision que Moscou juge "nulle et non avenue".

P.Garcia--HHA