Hamburger Anzeiger - Au milieu des combats, les hôpitaux de Gaza menacés de se transformer en "morgues"

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Au milieu des combats, les hôpitaux de Gaza menacés de se transformer en "morgues"
Au milieu des combats, les hôpitaux de Gaza menacés de se transformer en "morgues" / Photo: Kenzo TRIBOUILLARD - AFP

Au milieu des combats, les hôpitaux de Gaza menacés de se transformer en "morgues"

L'inquiétude est à son comble dimanche concernant plusieurs hôpitaux de Gaza qui fonctionnent dans des conditions très difficiles, soumis à des pénuries et des coupures d'électricité au milieu des combats féroces entre l'armée israélienne et le Hamas dans la ville de Gaza.

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Médecins sans frontières (MSF) a dit redouter que ces établissements ne se transforment en "morgues" en l'absence de cessez-le-feu.

Une fumée épaisse enveloppait la ville de Gaza et de nombreux coups de feu d'armes automatiques ainsi que des bruits d'explosions pouvaient être entendus, selon des images de l'AFP, au 37e jour de la guerre déclenchée le 7 octobre par le Hamas.

Israël veut "anéantir" le Hamas après l'attaque sans précédent menée depuis Gaza par le mouvement islamiste, classé "organisation terroriste" par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne. Quelque 1.200 personnes, surtout des civils, avaient été massacrées.

Environ 240 otages ont en outre été emmenés à Gaza, selon l'armée israélienne qui a perdu 42 soldats depuis le lancement le 27 octobre de son offensive terrestre.

- "Attaques répétées " -

Le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, s'est alarmé tôt dimanche d'avoir "perdu le contact" avec ses interlocuteurs au sein de l'hôpital, selon lui objet d'"attaques répétées".

"L'OMS est gravement préoccupée par la sécurité du personnel de santé, des centaines de patients malades et blessés, y compris des bébés sous assistance respiratoire, et des personnes déplacées qui restent à l'intérieur de l'hôpital", a-t-il dit sur X.

Dans un communiqué diffusé dimanche dans la nuit, le directeur de l'hôpital al-Chifa, Mohammed Abou Salmiya a indiqué que celui-ci était "totalement encerclé" par les forces israéliennes et que des bombardements "se poursuivent dans ses environs".

"L'équipe médicale ne peut travailler et les corps, par dizaines, ne peuvent être transportés ou enterrés", a-t-il ajouté.

L'armée israélienne a démenti samedi avoir ciblé l'hôpital al-Chifa et a accusé "des organisations terroristes de la bande de Gaza" de l'avoir touché avec une "roquette mal tirée".

La branche armée du Jihad islamique, allié du Hamas, avait indiqué samedi que ses "combattants étaient engagés dans des affrontements violents, notamment dans les alentours du complexe d'al-Chifa".

- Evacuation de nouveau-nés -

Samedi, MSF a annoncé que deux bébés prématurés étaient morts dans cet hôpital après l'arrêt des soins faute d'électricité.

Les bébés "sont morts parce que leur incubateur ne fonctionnait plus", a témoigné le Dr Mohammed Obeid, chirurgien de MSF au service néonatal, dans un message de l'ONG sur X.

Selon ce médecin, une quarantaine de nouveau-nés sont hospitalisés, dont 17 en soins intensifs.

L'armée israélienne a indiqué qu'elle allait aider dimanche à l'évacuation de ces bébés prématurés en danger "vers un hôpital plus sûr".

Mais les secours palestiniens ont rapporté que d'autres établissements de Gaza-ville, qui manquent également de matériel, avaient aussi été touchés par les combats à proximité.

D'après le bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), 20 des 36 hôpitaux de la bande de Gaza sont "hors service".

La Jordanie a annoncé dimanche avoir largué de l'aide médicale sur l'hôpital jordanien de Gaza, en coordination avec l'armée israélienne.

"Si nous n'agissons pas maintenant, si nous n'arrêtons pas immédiatement ce bain de sang avec un cessez-le-feu ou au minimum une évacuation médicale des patients, ces hôpitaux deviendront bel et bien une morgue", a jugé MSF tôt dimanche.

- Pénuries au Sud -

Les combats se concentrent au cœur de la ville de Gaza, où se trouve selon Israël le "centre" de l'infrastructure du Hamas, retranché dans un réseau de tunnels.

Israël accuse régulièrement le Hamas d'utiliser des civils comme "boucliers humains", notamment dans des écoles et des établissements de santé et a prévenu qu'elle "tuerait" les combattants du Hamas "qui tirent à partir des hôpitaux" à Gaza.

Dans ce petit territoire de quelque 360 km2, les bombardements israéliens ont fait 11.078 morts, majoritairement des civils, parmi lesquels 4.506 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas, dont le dernier bilan remonte à vendredi.

Près de 200.000 Palestiniens ont fui en trois jours le nord du territoire via des "corridors" ouverts quotidiennement pendant des "pauses", pour se réfugier au sud, selon un communiqué de l'armée israélienne samedi soir.

Mais dans le Sud, moins ciblé par les frappes israéliennes, les nouveaux arrivants manquent également de tout: des couvertures pour dormir, du pain pour se nourrir.

"Je n'ai même pas une galette de pain pour nourrir mes enfants", explique à l'AFP une femme de 42 ans, Oum Yaaqoub, arrivée à Khan Younès il y a trois jours avec son mari et ses sept enfants.

la famille a trouvé refuge dans une école, avec des dizaines d'autres déplacés. "Nous dormons tous par terre, dans la poussière et nous n'avons pas une seule couverture alors que la nuit, il fait très froid", souligne-t-elle.

Tout au sud de Gaza, le poste-frontière de Rafah contrôlé par l'Egypte doit rouvrir dimanche pour laisser passer des blessés, des étrangers et des binationaux, selon les autorités locales.

Pilonné sans relâche depuis plus d'un mois, le petit territoire palestinien, où plus de 1,5 des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés selon l'ONU, est plongé dans une situation humanitaire catastrophique.

Un siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre prive la population d'eau, d'électricité, de nourriture et de médicaments.

- Inquiétudes internationales -

Les multiples appels à un arrêt des combats depuis le début des opérations au sol sont rejetés par Israël et son principal allié, les Etats-Unis, qui estiment qu'une telle décision bénéficierait au Hamas.

Réunis en sommet extraordinaire à Ryad, les dirigeants arabes et musulmans ont condamné samedi un "deux poids-deux mesures" dans les réactions internationales à la guerre, rejetant l'argument israélien de "légitime défense" après l'attaque du Hamas.

Dans la soirée, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à Tel-Aviv pour demander le retour des otages, en installant une longue table à manger avec plus de 200 chaises vides.

Une grande marche contre l'antisémitisme est par ailleurs prévue dimanche après-midi à Paris.

La communauté internationale craint une extension du conflit à la frontière entre le Liban et Israël, où les échanges de tirs sont quotidiens depuis le 8 octobre entre l'armée et le Hezbollah et visent des cibles chaque jour plus en profondeur dans les deux pays.

Le chef du mouvement chiite, Hassan Nasrallah, a évoqué un renforcement des opérations contre Israël. Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant l'a mis en garde, affirmant que Beyrouth pourrait subir le même sort que Gaza si le Hezbollah entraînait le Liban dans une guerre.

L'armée israélienne a par ailleurs annoncé tôt dimanche avoir frappé des "infrastructures terroristes" en Syrie à l'aide d'avions de combat, après des tirs depuis ce territoire vers la partie du Golan annexée par Israël.

H.Brunner--HHA