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Pologne: le Parlement réuni pour trancher le rapport de force
Pologne: le Parlement réuni pour trancher le rapport de force / Photo: Wojtek Radwanski - AFP/Archives

Pologne: le Parlement réuni pour trancher le rapport de force

Le Parlement polonais a entamé lundi sa première session depuis les élections législatives d'octobre, dans une situation inédite où deux camps opposés, populiste nationaliste au pouvoir et pro-européen, revendiquent la victoire et aspirent à former le gouvernement.

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Le parti nationaliste PiS au pouvoir a en effet remporté le plus grand nombre de sièges mais sans possibilité de former une majorité, laquelle se dégage en revanche pour l'opposition pro-européenne.

Lors d'un discours inaugural, le président Andrzej Duda s'est dit "prêt" à coopérer avec les nouveaux députés. Issu lui-même du mouvement nationaliste, le chef de l'Etat a remercié le PiS pour "les huit bonnes années" au pouvoir.

Mais en dépit de l'arithmétique électorale, M. Duda a choisi de confier la mission de former un gouvernement au Premier ministre sortant Mateusz Morawiecki.

Celui-ci a formellement donné sa démission lundi, mais a invité les députés d'autres partis à créer "une coalition des affaires polonaises", pour défendre, selon lui, la souveraineté du pays.

Il a tenu un discours anti-européen, marqué par des attaques contre nombre de propositions de modification, notamment de modalités de vote, dans les traités UE qui font l'objet de discussions au parlement européen.

"C'est une situation inédite en plus de trente ans d'histoire de la Pologne démocratique", dit à l'AFP Stanislaw Mocek, sociologue et président de l'université Collegium Civitas à Varsovie. "Les premiers votes prévus lundi témoigneront du rapport réel des forces dans le nouvel hémicycle", estime-t-il.

Le parti Droit et Justice (PiS, au pouvoir) y dispose de 194 sièges sur 460, face à une majorité déclarée de 248 députés, membres de trois groupements pro-européens alliés: la Coalition électorale de l'ex-président du Conseil européen Donald Tusk (centriste), la Troisième voie (démocrate-chrétien) et la Gauche.

L'extrême droite ultra-nationaliste, qui prend ses distances par rapport aux deux grands camps, compte 18 députés.

- "Vouée à l'échec" -

Le PiS assure qu'il "fera tout" pour pouvoir présenter au président son nouveau gouvernement, dans le délai constitutionnel de 14 jours, puis se soumettre au vote de confiance durant les 14 jours qui suivront.

"Cette mission est considérée comme vouée à l'échec, grotesque", souligne M. Mocek.

Selon lui, il s'agit de "jouer la montre" pour achever divers projets en cours, bénéficier de financements supplémentaires, nommer des représentants à des postes importants aux titulaires parfois irrévocables, et "s'assurer d'un atterrissage en douceur" ainsi que de "moyens de subsistance durant les temps difficiles" qui attendent le parti s'il passe dans l'opposition.

"Le PiS pourrait choisir la solution à la Benjamin Netanyahu ou Donald Trump: attendre" qu'un nouveau gouvernement tombe ou perde dans un scrutin à venir pour tenter un retour au pouvoir, estime l'analyste politique Jaroslaw Kuisz.

"Et en attendant, il pourra mettre du sable dans les rouages à chaque occasion qui se présente" et "semer des pommes de discorde entre les alliés", ajoute-t-il.

De leur côté, les dirigeants des trois partis pro-européens ont signé vendredi un accord formel de coalition qui doit servir de "feuille de route" pour l'alliance si elle arrive au pouvoir, avec Donald Tusk comme Premier ministre.

"Nous voulons vraiment que les Polonaises et les Polonais (...) puissent voir que, désormais, nous sommes prêts à prendre la responsabilité de notre pays", a expliqué M. Tusk.

Selon le co-dirigeant de la Gauche, Wlodzimierz Czarzasty, "le plus important maintenant c'est (...) de construire une Pologne tolérante, ouverte, bâtie sur l'Etat de droit, responsable. Une Pologne avec une place importante au sein de l'Union européenne".

Le document présente la position de la coalition sur des questions brûlantes telles que la gestion économique et environnementale du pays, le retour à de bonnes relations avec l'UE, la reconstruction des médias publics, la séparation de l'Eglise et de l'Etat ou l'avortement.

En cas d'échec de M. Morawiecki pour former un gouvernement, l'opposition prendra les rênes du pouvoir probablement seulement à la mi-décembre.

A.Swartekop--HHA