Hamburger Anzeiger - Procès d'Eric Dupond-Moretti: l'heure des réquisitions mercredi

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Procès d'Eric Dupond-Moretti: l'heure des réquisitions mercredi
Procès d'Eric Dupond-Moretti: l'heure des réquisitions mercredi / Photo: Ludovic MARIN - POOL/AFP/Archives

Procès d'Eric Dupond-Moretti: l'heure des réquisitions mercredi

Après une semaine de procès, c'est l'heure mercredi du réquisitoire au procès inédit d'Eric Dupond-Moretti, premier ministre de la Justice à être jugé dans l'exercice de ses fonctions, pour des soupçons de conflit d'intérêts.

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Le réquisitoire à deux voix doit débuter en début d'après-midi, après l'audition de deux derniers témoins devant la Cour de justice de la République (CJR).

Le garde des Sceaux, accusé d'avoir usé de ses fonctions pour régler des comptes avec des magistrats qu'il avait critiqués quand il était avocat, avait d'abord demandé à être excusé pour la matinée afin de pouvoir se rendre au Conseil des ministres. Mais il viendra finalement à l'audience dès 09H00.

"On a fait en sorte que je puisse être présent", a expliqué mardi en fin de journée à la cour Eric Dupond-Moretti, qui n'a pas raté une journée d'audience - tout juste s'est-il absenté pour quelques coups de fil et on l'a parfois vu signer des documents sur la table couverte d'une nappe bleue posée dans le prétoire. C'est là qu'il s'assied, quand il n'est pas debout à la barre de la majestueuse salle d'audience du palais de justice de Paris pour interroger lui-même les témoins, ne laissant que peu de place à sa défense.

Au cours de ce procès, on l'a retrouvé avocat, ne laissant rien passer - "une demande, pas une commande", corrige-t-il mardi au sujet d'une instruction de son cabinet -, et faisant subir à tous les témoins à charge un fond sonore de grommellements et soupires exaspérés. "Pardon, je suis un peu bouillonnant", s'est-il excusé auprès de la cour.

Même traitement pour l'accusation et ses "questions orientées": "la messe est dite", "tout est à charge", se plaint l'ex-avocat vedette aux 36 années de barreau. Au fil des audiences, il a multiplié les longs regards furibonds - et les jetés de calepin rageurs sur sa table -, tourné en direction du procureur général de la Cour de cassation Rémy Heitz.

Le ministre et lui ont plutôt l'habitude de se croiser lors de rencontres institutionnelles mais ici, c'est le haut magistrat qui porte l'accusation.

- "Vous détournez l'attention" -

Au premier jour de l'audience, lors d'un propos liminaire qualifié de "pré-réquisitoire inutile" par la défense du ministre, Rémy Heitz avait demandé "un souci permanent de l'objectivité et de l'impartialité" aux juges de la CJR.

Ils sont quinze, dont trois magistrats professionnels et douze parlementaires de tous bords, qui ont revêtu la robe noire pour l'occasion.

"Ce procès n'est pas celui de la justice, c'est le procès d'une double prise illégale d'intérêt", avait prévenu le procureur général.

La première affaire concerne trois magistrats du Parquet national financier (PNF) qui avaient fait éplucher les factures téléphoniques d'Eric Dupond-Moretti quand il était avocat dans un dossier lié à l'ancien président Nicolas Sarkozy - des "méthodes de barbouze", avait-il dénoncé.

La seconde affaire concerne un ancien juge d'instruction aux méthodes de "cow-boy" cette fois, contre qui il avait porté plainte au nom d'un client pour violation du secret de l'instruction.

Dans les deux cas, l'avocat devenu ministre avait ouvert une enquête administrative contre ces magistrats, pas pour se "venger" de ces affaires devenues le "cadet" de ses soucis, mais parce que les procédures étaient déjà lancées par sa prédécesseure Nicole Belloubet. Il n'avait pas de raisons de ne pas suivre les "recommandations" de son ministère, a-t-il martelé.

Pendant l'audience, Eric Dupond-Moretti, qui voit dans ce procès le résultat d'une "guerre" menée contre lui par des magistrats qui n'auraient jamais accepté sa nomination, s'est efforcé de démontrer que l'ouverture de ces enquêtes était nécessaire.

"Vous détournez l'attention sur l'enquête", mais "c'est son auteur qui est au cœur des débats", avait rétorqué Rémy Heitz. "Si Mme Belloubet était restée ministre et qu'elle avait ouvert cette enquête administrative, elle ne serait pas sur le banc de prévenus aujourd'hui".

"Le prévenu", avait rappelé le procureur général au premier jour d'audience, "encourt, notamment, une peine de cinq années d'emprisonnement". Ainsi qu'une interdiction d'exercer une fonction publique.

U.Smith--HHA