Hamburger Anzeiger - Dernière entrée dans Schengen, la Croatie au défi des migrations illégales

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Dernière entrée dans Schengen, la Croatie au défi des migrations illégales
Dernière entrée dans Schengen, la Croatie au défi des migrations illégales / Photo: Damir SENCAR - AFP

Dernière entrée dans Schengen, la Croatie au défi des migrations illégales

"On se demande quel type de barrière pourrait bien arrêter ces gens": en Croatie, la forte hausse des arrivées irrégulières de migrants inquiète, au prix de violences policières, moins d'un an après l'entrée du pays dans l'espace Schengen.

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En 10 mois, 63.000 personnes sont arrivées illégalement en Croatie - la plupart via la Bosnie voisine - , selon les statistiques officielles, un chiffre en hausse de plus de 70% sur un an.

Après avoir vécu quelques mois sans frontières, les Croates, qui viennent de rejoindre l'espace Schengen, doivent à nouveau sortir leurs passeports, la Slovénie ayant réintroduit des contrôles temporaires face à l'afflux de migrants.

Au poste frontière de Bregana-Obrezje, Visnja Krajnovic, une économiste à la retraite affirme comprendre la mesure. Elle dit voir quotidiennement des migrants circuler dans sa ville natale de Bregana, à la frontière avec la Slovénie.

Dans ce pays, le nombre de migrants irréguliers recensés a presque triplé sur les huit premiers mois de l'année 2023, par rapport à la même période en 2022.

"On se demande quel type de barrière pourrait bien arrêter ces gens qui ont déjà traversé tant de pays, tant de frontières", soupire Perica Matijevic, maire de Krnjak, une commune située plus au sud, non loin de la frontière bosnienne.

- "Comme des animaux" -

Un camp de migrants avec plusieurs containers doit bientôt être installé dans cette région pauvre. Selon une ONG, l'installation sera sans eau courante.

M. Matijevic n'est pas le seul à être las du passage des exilés, venus notamment d'Afghanistan, Turquie, Maroc ou Pakistan. D'autres habitants disent ressentir de l'insécurité.

"On devrait se sentir en sécurité chez soi, mais les migrants traversent nos jardins, des vols ont été signalés, ce n'est pas agréable", affirme Sara Matijevic, étudiante en économie et habitante de Dugi Dol.

Des migrants et ONG dénoncent pour leur part refoulements et brutalités policières, dans un pays étape de la route des Balkans, foulée par des centaines de milliers d'exilés en 2015 et 2016 pour rallier l'ouest et le nord de l'Europe.

En 2021, Zagreb a été obligé de reconnaître l'existence de refoulements, illégaux au regard du droit international, après une enquête menée par plusieurs journaux européens.

Mais deux ans après, rien n'a changé, selon des migrants rencontrés par l'AFP de l'autre côté de la frontière, en Bosnie.

Venue d'Afghanistan, Atefa, 29 ans, qui n'a pas voulu donner son nom par crainte pour sa sécurité, affirme que la police croate l'a traitée, elle et huit compagnons de voyage, "comme des animaux".

Depuis un camp de réfugiés de Bihac dans le nord-ouest de la Bosnie, elle raconte que le groupe a été obligé de ramasser des ordures et remplir leurs chaussures d'eau. Les policiers ont attrapé les femmes en faisant des bruits obscènes, accuse-t-elle.

"Ma poitrine me fait encore mal... et ils ont fait tout ça le sourire aux lèvres".

- Plus de 2.500 refoulements -

Comme de nombreux Afghans, Atefa a quitté son pays il y a deux ans, quand les talibans ont repris le pouvoir. Elle espère pouvoir arriver, un jour, en Suisse.

Sur les neuf premiers mois de l'année 2023, 2.559 personnes ont signalé des refoulements violents vers la Bosnie, selon le Conseil danois pour les réfugié (DRC).

Raz Mohammad Saifi est l'un d'entre eux. De son Afghanistan natal jusqu'à la Croatie, le jeune homme de 21 ans a traversé notamment la Turquie, la Bulgarie, la Serbie et la Bosnie.

En Croatie, il dit avoir été violemment attaqué par la police.

"Quand les policiers nous ont attrapés, ils nous ont fouillés, pris nos téléphones, notre argent, nos chaussures". Les policiers ont ensuite lâché des chiens sur eux, et ils ont été forcés à retraverser la rivière vers la Bosnie, raconte-t-il.

Là, des habitants de Trzac, petit village frontalier, leur ont donné des vêtements et des chaussures, avant qu'une ONG les prenne en charge.

Le jeune homme s'accroche à son rêve de rejoindre la France. Et se veut rassurant pour ceux qui craignent son passage: "si j'avais voulu être un criminel, tuer des gens, je serai resté en Afghanistan !"

E.Borstelmann--HHA