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L'armée israélienne entre dans Khan Younès, grande ville du sud de Gaza
L'armée israélienne entre dans Khan Younès, grande ville du sud de Gaza / Photo: MAHMUD HAMS - AFP

L'armée israélienne entre dans Khan Younès, grande ville du sud de Gaza

L'armée israélienne a dit mardi être aux prises avec le Hamas dans Khan Younès, grande ville du sud de la bande de Gaza assiégée, où l'ONU et l'OMS redoutent une catastrophe humanitaire pour les civils, confinés dans un périmètre de plus en plus réduit.

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Engagée depuis le 27 octobre dans une offensive terrestre contre le mouvement islamiste palestinien dans le nord de la bande de Gaza, l'armée a étendu ses opérations au sol à l'ensemble du territoire, soixante jours après le début de la guerre déclenchée par l'attaque sanglante du Hamas contre Israël.

Depuis la reprise des combats le 1er décembre à l'expiration d'une trêve de sept jours, l'armée pilonne le sud de Gaza, où des centaines de milliers de civils venus se réfugier lors de la première phase de la guerre sont désormais contraints de fuir sur quelques kilomètres pour tenter d'échapper aux bombes et aux combats.

"La situation empire d'heure en heure (...) Nous sommes proches de l'heure la plus sombre de l'humanité", alertait au même moment le responsable de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans les territoires palestiniens occupés, le Dr Richard Peeperkorn.

- Chaos à l'hôpital Nasser -

À pied, à moto, entassés dans des charrettes ou leurs bagages empilés sur le toit de leur voiture, de nombreux civils ont fui à nouveau Khan Younès, nouvel épicentre de la guerre, vers la ville voisine de Rafah, encore plus au sud, près de la frontière fermée avec l'Egypte, selon des images de l'AFP.

La nuit précédente, des témoins avaient rapporté à l'AFP des frappes aériennes et des tirs d'artillerie dans le secteur de Khan Younès et de Rafah ainsi qu'à Deir al-Balah, plus au nord, après le déploiement lundi de dizaines de chars, de transports de troupes et de bulldozers israéliens dans le sud du territoire.

Les frappes de la nuit ont fait des dizaines de morts dans la bande de Gaza, a annoncé le service de presse du Hamas. Un bombardement a fait notamment 24 morts dans une école de Khan Younès abritant des déplacés, selon le ministère de la Santé du Hamas.

L'armée israélienne largue chaque jour sur la ville des tracts avertissant de l'imminence d'un bombardement, ordonnant aux habitants de quitter leur quartier.

Mardi dès le matin, de nouvelles scènes de chaos se sont répétées à l'hôpital Nasser de Khan Younès, le plus grand du sud de la bande de Gaza, où des patients sont soignés à même le sol.

Sous les sirènes des ambulances, des blessés étaient transportés, parfois allongés dans de simples remorques ou portés par leurs proches, selon des images de l'AFP.

Selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), l'hôpital, submergé par l'afflux de blessés et à court de personnel et de fournitures, abrite plus de 1.000 patients et 17.000 déplacés.

- Scénario "infernal" -

Lundi, le directeur de l'Unrwa, Philippe Lazzarini, avait déploré qu'"au moins 60.000 personnes supplémentaires ont été contraintes de se déplacer vers des abris de l'Unrwa déjà surpeuplés (...) dont beaucoup ont été déplacées plusieurs fois" depuis le début de la guerre.

L'ordre d'évacuation israélien, a-t-il affirmé, pousse les gens "à se masser dans moins d'un tiers du territoire de la bande de Gaza", soit une centaine de kilomètres carrés.

Pour l'ONU, il est "impossible" de mettre en oeuvre des zones sécurisées telles que désignées par Israël.

"Ces zones ne peuvent être ni sûres ni humanitaires lorsqu'elles sont déclarées unilatéralement", a affirmé mardi James Elder, le porte-parole du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef).

D'autres organisations internationales se sont elles aussi alarmées mardi des risques pour les civils.

"Un scénario encore plus infernal est sur le point de se réaliser, auquel les opérations humanitaires ne pourront peut-être pas répondre", a averti la coordinatrice humanitaire de l'ONU pour les Territoires palestiniens, la Canadienne Lynn Hastings.

Jan Egeland, secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), a lui affirmé que "l'anéantissement de Gaza figure désormais parmi les pires attaques de notre époque à l'encontre de populations civiles".

- Combats dans le nord -

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 15.899 personnes, à 70% des femmes et des enfants, ont été tuées depuis le début des bombardements israéliens sur la bande de Gaza le 7 octobre.

En Israël, l'attaque menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza a fait 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités.

En représailles, Israël a déclaré la guerre au Hamas et promis de détruire le mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

D'après le gouvernement israélien, 138 otages enlevés en Israël le 7 octobre sont toujours retenus à Gaza, après la libération pendant la trêve de 105 otages, dont 80 en échange de 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël.

L'armée a également annoncé mardi que 80 soldats avaient été tués à Gaza depuis le début de son offensive terrestre.

Les bombardements et les combats font rage aussi dans le nord, où l'armée a annoncé avoir "pris le contrôle de positions importantes" du Hamas.

L'armée israélienne, qui contrôle désormais plusieurs secteurs du nord de la bande de Gaza, y a mené des opérations "dans la région de Jabaliya", le plus grand camp de réfugiés palestiniens du territoire, actuellement encerclé.

Selon des témoins, des dizaines de frappes ont visé plusieurs quartiers de la ville de Gaza, poussant des milliers de civils à fuir.

La branche armée du Hamas a elle annoncé avoir tiré une salve de roquettes vers Beersheva, une ville du désert du Néguev, dans le sud d'Israël.

- Nouvelle aide américaine -

Selon l'ONU, 1,8 million de personnes, soit les trois quarts environ de la population, ont été déplacées par la guerre dans la bande de Gaza où les frappes ont détruit ou endommagé plus de la moitié des habitations.

L'aide humanitaire, à l'exception des sept jours de trêve, n'y entre qu'au compte-gouttes depuis l'Egypte, soumise au feu vert d'Israël.

Depuis l'Egypte où elle se trouvait mardi, la patronne de l'Agence américaine pour le développement (USAID), Samantha Power, a annoncé que les Etats-Unis débloquaient 21 millions de dollars d'aide supplémentaire pour Gaza. Ils s'ajouteront aux 100 millions de dollars promis mi-octobre par le président américain Joe Biden.

La guerre à Gaza a aussi ravivé la tension à la frontière entre Israël et le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah chiite libanais, allié du Hamas. Mardi, l'armée libanaise a annoncé pour la première fois la mort d'un soldat libanais tué selon elle par un bombardement israélien sur un poste de l'armée.

P.Meier--HHA