Hamburger Anzeiger - Pérou : la Cour interaméricaine des droits de l'Homme s'oppose à la libération de l'ex-président Fujimori

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Pérou : la Cour interaméricaine des droits de l'Homme s'oppose à la libération de l'ex-président Fujimori

Pérou : la Cour interaméricaine des droits de l'Homme s'oppose à la libération de l'ex-président Fujimori

La Cour interaméricaine des droits de l'Homme a demandé au Pérou de ne pas procéder à la libération de l'ancien président Alberto Fujimori, 85 ans, qui purge une peine de 25 ans de prison pour crimes contre l'humanité, comme la Cour constitutionnelle l'a ordonné mardi.

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Il est demandé au Pérou de "s'abstenir d'exécuter" la décision de la Cour constitutionnelle "jusqu'à ce que la Cour interaméricaine des droits de l'Homme dispose de tous les éléments nécessaires pour analyser si cette décision respecte les conditions" de ses précédents arrêts, indique une résolution de l'instance publiée sur son site internet.

L'arrêt de la Cour interaméricaine, basée au Costa Rica, a été signé mardi par son président Ricardo Pérez Manrique.

La Cour constitutionnelle a ordonné mardi la libération "immédiate" de l'ancien président (1990-2000) emprisonné depuis 2009 et qui souffre de manière récurrente de problèmes respiratoires et neurologiques, dont des paralysies faciales.

L'ancien homme fort du Pérou a été jugé coupable de la mort de 25 personnes dans deux massacres perpétrés par un commando de l'armée dans le cadre de ce qui avait été appelé la guerre contre le terrorisme (1980-2000).

La Cour constitutionnelle, dont l'ordonnance ne peut pas faire l'objet d'un appel, a rétabli avec son ordonnance la grâce accordée à en 2017 et qui avait été révoquée deux ans plus tard par la Cour suprême.

La juridiction avait déjà ordonné en mars 2022 la libération de M. Fujimori. Mais quelques semaines plus tard la Cour interaméricaine des droits de l'Homme avait demandé à l'Etat de "s'abstenir d'exécuter" cette décision.

Le pays, alors dirigé par le président de gauche Pedro Castillo, s'était conformé à la décision.

- Pays divisé -

L'avocat de l'ancien président, Elio Riera, s'est rendu mardi à la prison de Barnadillo pour y accomplir les démarches administratives nécessaires à la libération de M. Fujimori.

Un groupe de sympathisants vêtus de t-shirts blancs arborant le message "Fujimori liberté" était aussi présent.

"Le président s'est montré très content, il a reçu l'ordonnance avec beaucoup de joie", a déclaré l'avocat à la radio RPP.

L'Association pour les droits humains (APRODEH) a, elle, condamné la décision, estimant qu'il s'agit d'un pied de nez à la Cour interaméricaine.

Alberto Fujimori a gouverné le Pérou d'une main de fer mais, face à une opposition croissante, il s'était enfui en novembre 2000 au Japon, d'où sa famille est originaire.

C'est par fax qu'il avait annoncé alors renoncer à son mandat. Extradé ensuite du Chili en 2007, il avait été condamné et emprisonné deux ans plus tard.

Malgré la demande de "pardon" formulée en 2017 pour les actes commis par son gouvernement, Alberto Fujimori a divisé les Péruviens comme peu d'hommes politiques l'ont fait dans l'histoire du pays andin de 32 millions d'habitants.

Pour certains, celui que l'on surnomme "El Chino" (le Chinois) est l'homme qui a dopé l'essor économique du pays par ses politiques ultra-libérales, et combattu avec succès les guérillas du Sentier lumineux (maoïste) et du Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru (guévariste).

D'autres se souviennent surtout des scandales de corruption et de ses méthodes autoritaires, qui l'ont conduit derrière les barreaux pour avoir commandité deux massacres perpétrés par un escadron de la mort en 1991-1992, dans le cadre de la lutte contre le Sentier lumineux.

F.Carstens--HHA