Hamburger Anzeiger - Un agent secret allemand, soupçonné d'avoir espionné pour les Russes, devant les juges

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Un agent secret allemand, soupçonné d'avoir espionné pour les Russes, devant les juges
Un agent secret allemand, soupçonné d'avoir espionné pour les Russes, devant les juges / Photo: John MACDOUGALL - AFP/Archives

Un agent secret allemand, soupçonné d'avoir espionné pour les Russes, devant les juges

Un agent des services de renseignement allemands, soupçonné d'espionnage au profit de la Russie, et son complice présumé sont jugés pour "haute trahison" à partir de mercredi devant le tribunal de Berlin.

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Cette comparution, qualifiée par l'hebdomadaire allemand Der Spiegel "de plus grand procès d'espionnage" dans le pays depuis des décennies, s'ouvre dans le contexte toujours tendu de l'invasion russe de l'Ukraine.

Carsten L., 53 ans, un agent des services fédéraux de renseignement allemands (BND) et son complice présumé, Arthur E., un entrepreneur indépendant de 32 ans, sont soupçonnés de "haute trahison dans deux cas particulièrement graves". Ils risquent la prison à perpétuité.

Depuis le début du conflit en Ukraine, les services de sécurité allemands n'ont eu de cesse de mettre en garde contre les activités d'espionnages russes en Allemagne, qui ont pris une ampleur rarement égalée ces dernières années.

En détention provisoire depuis leur arrestation - 21 décembre 2022 pour Carsten L., 22 janvier 2023 pour Arthur E. -, les deux accusés auraient transmis aux services de sécurité russes (FSB), par deux fois à l'automne 2022, donc près de huit mois après le début de l'invasion de l'Ukraine, des documents et des informations classées secrètes, selon l'acte d'accusation.

L'agent allemand Carsten L. a imprimé ou photographié dans la base de données du BND des documents confidentiels pour les communiquer à Arthur E., qui les a à son tour transmis au FSB à Moscou.

Les contacts entre des agents du FSB et Arthur E. avaient été établis par l'intermédiaire d'un entrepreneur russe.

- "Au moins 450.000 euros" -

Ce dernier, qui fait l'objet d'une enquête séparée, a "organisé les rencontres" et "réservé et payé des vols d'Arthur E. entre Moscou et l'Allemagne".

Pour leurs services, Carsten L. et Arthur E. ont été rémunérés par le FSB à hauteur d'"au moins 450.000 euros" pour le premier et "au moins 400.000 euros" pour le second.

Arthur E. est allé chercher ces sommes en liquide à Moscou en novembre 2022 et quand il est rentré en Allemagne, Carsten L. a fait en sorte qu'il "passe clandestinement les contrôles de sécurité à l'aéroport, sous le prétexte de motifs professionnels".

Selon l'acte d'accusation, les deux hommes se sont rencontrés pour la première fois en mai 2021.

D'après le magazine Der Spiegel, le marchand de diamants, Arthur E., et l'agent du BND, Carsten L., ont fait connaissance autour de bières et se lient d'amitié en tant qu'anciens de la Bundeswehr, lors d'une fête en Bavière.

Carsten L. convainc Arthur E. de travailler comme informateur pour les services secrets allemands, et les rendez-vous informels se multiplient: un entretien avec des agents du BND finit dans l'une des plus grandes maisons closes d'Allemagne, Artemis à Berlin, toujours selon la même source.

D'après der Spiegel, grâce aux documents fournis par Carsten L. et transmis par Arthur E., les Russes auraient appris que le BND consultait clandestinement les messages échangés par les mercenaires de Wagner en Ukraine, grâce au piratage par les services secrets occidentaux de leur messagerie interne, baptisée "KOD".

La lecture des échanges sur cette messagerie permettait aux services d'espionnage occidentaux d'avoir des informations détaillées sur les pertes, les tactiques et les objectifs des combattants russes.

Des informations d'autant plus précieuses qu'à l'époque ce groupe paramilitaire jouait un rôle significatif dans les combats en Ukraine jusqu'à ce que la rébellion armée de son chef, Evguéni Prigojine, le 23 juin 2023, change la donne.

Cette affaire d'espionnage "a ébranlé les services de renseignement allemands et porté atteinte à leur réputation" parmi les services secrets occidentaux, estime Der Spiegel.

Selon le calendrier du tribunal, qui a prévu 51 audiences, le verdict n'est pas attendu avant la mi-juillet.

O.Rodriguez--HHA