Hamburger Anzeiger - Procès sous haute surveillance d'un espion allemand, soupçonné de travailler pour Moscou

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Procès sous haute surveillance d'un espion allemand, soupçonné de travailler pour Moscou
Procès sous haute surveillance d'un espion allemand, soupçonné de travailler pour Moscou / Photo: John MACDOUGALL - AFP/Archives

Procès sous haute surveillance d'un espion allemand, soupçonné de travailler pour Moscou

Le procès pour "haute trahison" d'un agent des services de renseignement allemands, soupçonné d'espionnage au profit de la Russie, et son complice présumé s'est ouvert mercredi à Berlin dans des conditions drastiques de sécurité.

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En raison d'informations sensibles qui pourraient être divulguées, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine, l'audience est entourée de précautions exceptionnelles.

Les deux accusés, séparés par une vitre, sont assis dans des cages de verre, la salle du tribunal est protégée contre les écoutes et les journalistes n'ont le droit d'utiliser qu'un stylo fourni par la justice pour rendre compte du procès.

Carsten L., 53 ans, un agent du BND (service de renseignement allemand) et son complice présumé, Arthur E., un entrepreneur indépendant de 32 ans, sont soupçonnés de "haute trahison dans deux cas particulièrement graves". Ils encourent une peine de prison à perpétuité.

Carsten L., à l'air relativement détendu, vêtu d'une chemise bleue et d'une veste sombre, et Arthur E., crâne rasé et visage dur, habillé d'un pull noir, ont écouté sans échanger un regard entre eux la lecture partielle de l'acte d'accusation.

-- "Parodie de procès" --

Le parquet a demandé que trois pages restent confidentielles et le tribunal doit décider d'ici jeudi si les journalistes peuvent en écouter la lecture.

Une exigence qui a provoqué la colère de l'avocat de Carsten L., Johannes Eisenberg, affirmant qu'il s'agissait d'"une parodie de procès".

Dans un communiqué diffusé après l'audience, ce dernier a réfuté les accusations contre son client: "il n'y a aucune preuve objective de l'existence de la trahison" dont il est accusé.

"Cette preuve ne peut pas exister car les affirmations des services secrets allemands BND ne sont pas vérifiables", a-t-il ajouté.

Les deux accusés auraient transmis aux services de sécurité russes (FSB), par deux fois à l'automne 2022, donc près de huit mois après le début de l'invasion de l'Ukraine, des documents et des informations classées secrètes, selon l'accusation.

L'agent allemand Carsten L. aurait imprimé ou photographié dans la base de données du BND des documents confidentiels pour les communiquer à Arthur E., qui les aurait à son tour transmis au FSB à Moscou.

Les contacts entre des agents du FSB et Arthur E. avaient été établis par l'intermédiaire d'un entrepreneur russe.

Ce dernier, qui fait l'objet d'une enquête séparée, a "organisé les rencontres" et "réservé et payé des vols d'Arthur E. entre Moscou et l'Allemagne".

-- "450.000 euros" --

Pour leurs services, Carsten L. et Arthur E. ont été rémunérés par le FSB à hauteur d'"au moins 450.000 euros" pour le premier et "au moins 400.000 euros" pour le second.

Arthur E. est allé chercher ces sommes en liquide à Moscou en novembre 2022 et quand il est rentré en Allemagne, Carsten L. a fait en sorte qu'il "passe clandestinement les contrôles de sécurité à l'aéroport, sous le prétexte de motifs professionnels".

Spécialisé dans le négoce de matières premières et de métaux précieux, Arthur E., né en Russie, et Carsten L., agent du BND depuis 2007, ont fait connaissance en mai 2021.

Ils ont rapidement convenu que Carsten L. fournisse à Arthur E. des informations provenant des services secrets allemands auxquelles il avait accès.

D'après l'hebdomadaire Der Spiegel, les Russes auraient appris grâce aux documents fournis que le BND consultait clandestinement les messages échangés par les mercenaires de Wagner en Ukraine, grâce au piratage par les Occidentaux de leur messagerie interne, baptisée "KOD".

La lecture des échanges sur cette messagerie permettait d'avoir des informations détaillées sur les pertes, les tactiques et les objectifs des combattants russes.

Des informations d'autant plus précieuses qu'à l'époque ce groupe paramilitaire jouait un rôle significatif dans les combats en Ukraine jusqu'à ce que la rébellion armée de son chef, Evguéni Prigojine, le 23 juin 2023, change la donne.

Les deux accusés sont en détention provisoire depuis leur arrestation en décembre 2022 pour Carsten L., janvier 2023 pour Arthur E.. Ils sont aussi accusés d'avoir clandestinement communiqué durant la procédure, ce qui leur vaut des poursuites supplémentaires.

Selon le calendrier du tribunal, qui a prévu 51 audiences, le verdict n'est pas attendu avant la mi-juillet

H.Brunner--HHA