Hamburger Anzeiger - L'Europe ne doit pas céder à la peur face à Moscou, estime la Première ministre estonnienne

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L'Europe ne doit pas céder à la peur face à Moscou, estime la Première ministre estonnienne
L'Europe ne doit pas céder à la peur face à Moscou, estime la Première ministre estonnienne / Photo: John THYS - AFP

L'Europe ne doit pas céder à la peur face à Moscou, estime la Première ministre estonnienne

L'Europe ne doit pas se laisser dicter ses décisions par la peur de provoquer Moscou, au risque de compromettre son soutien à l'Ukraine, a averti mercredi Première ministre estonienne Kaja Kallas avant un sommet crucial de l'UE.

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"Il y a trop de peur vis-à-vis de la Russie et cette peur peut donner un pouvoir excessif (à Moscou) : la Russie ne comprend que la force et la faiblesse revient à provoquer la Russie", a-t-elle déclaré dans un entretien avec l'AFP.

Au cours du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept jeudi et vendredi à Bruxelles, le Premier ministre hongrois Viktor Orban menace de bloquer deux décisions-clés pour l'Ukraine : l'ouverture de négociations d'adhésion de ce pays à l'UE et l'approbation d'une aide européenne de 50 milliards d'euros à Kiev.

Ce dirigeant nationaliste exigeant un "dialogue stratégique" et remettant en question tout soutien supplémentaire à l'Ukraine, Mme Kallas prévoit "un sommet très difficile".

L'Estonie, un Etat balte partageant lui-même une frontière avec la Russie et traumatisé par le souvenir de l'occupation soviétique, est de longue date un fervent soutien de Kiev face à l'offensive de Moscou.

- "La guerre épuise la Russie" -

Kaja Kallas, qui a récemment discuté avec Viktor Orban pour tenter de comprendre sa position, appelle l'UE à rester unie.

"Nous devons parvenir à un accord sur les 50 milliards à l'Ukraine. C'est extrêmement important pour l'UE mais aussi en tant que message envoyé aux États-Unis, nous espérons qu'ils suivront notre exemple", a-t-elle insisté, à un moment où le Congrès américain reste paralysé sur le vote d'un plan d'aide à Kiev.

Face au risque de lassitude des dirigeants et des opinions publiques, après 22 mois d'un conflit dont l'issue semble lointaine et tandis que s'accroît sans cesse le coût du soutien financier à Kiev, la Première ministre estonienne appelle l'Europe à maintenir son cap.

"La guerre épuise la Russie et nous ne devrions pas sous-estimer notre propre pouvoir", a dit Mme Kallas à l'AFP.

"Les budgets de la Défense des pays occidentaux soutenant militairement l'Ukraine sont, combinés, 13 fois plus importants que celui de la Russie qui est d'ailleurs largement surestimé", a-t-elle fait valoir.

"Et le PIB combiné de l'UE est sept fois plus gros que celui de la Russie. Pour financer sa machine de guerre, le budget de la Russie est en énorme déficit, elle ne peut lever de capitaux extérieurs en raison des sanctions" occidentales, souligne Mme Kallas.

Certes, l'UE devrait ne pas être en mesure de livrer un million d'obus à l'Ukraine avant le printemps comme elle s'y était engagée, tandis que Corée du Nord et Iran approvisionnent abondamment Moscou en munitions et en drones.

Mais "cet objectif a contribué à stimuler l'industrie de la défense en Europe. Est-ce suffisant ? Nous devons faire plus, c'est vrai, mais avoir un objectif très concret est mieux que de ne pas en avoir du tout", juge Mme Kallas.

- Candidate pour l'Otan ? -

La cheffe du gouvernement estonien, tenace avocate de Kiev dans les sommets européens, fait également partie des personnes pressenties pour succéder à l'actuel secrétaire général de l'Otan, un poste où elle apporterait son expérience approfondie de la Russie.

Mais certains à Washington et à Bruxelles redoutent que nommer à la tête de l'Alliance le dirigeant d'un des Etats baltes -autrefois sous domination soviétique mais désormais farouchement indépendants- ne soit perçu comme un geste inutilement provocateur à l'égard de Moscou.

Pour Kaja Kallas, qui a confirmé le mois dernier son intérêt pour ces fonctions, de telles inquiétudes sont symptomatiques de l'influence excessive que les Occidentaux reconnaissent au Kremlin.

"Le souci (pour les Etats baltes), c'est que cela fera vingt ans l'an prochain que nous sommes membres de ces organisations, l'UE et l'Otan, mais que nous ne sommes pas considérés comme des candidats à égalité pour les postes de haut niveau", a-t-elle déploré.

"Alors, aimerais-je être considérée (comme susceptible d'être à la tête de l'Otan) ? Oui. Suis-je candidate ? Non, parce que je ne suis pas considérée" comme un prétendant sérieux, a-t-elle poursuivi.

"Et si j'entends cet argument selon lequel je serais une provocation pour la Russie, alors je rétorque que nous laissons trop de pouvoir à la Russie pour nous dicter nos décisions".

U.M.Thomas--HHA