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En Israël, colère des familles après la mort de trois otages
En Israël, colère des familles après la mort de trois otages / Photo: Alberto PIZZOLI - AFP

En Israël, colère des familles après la mort de trois otages

Des familles d'otages détenus dans la bande de Gaza ont exhorté samedi le gouvernement israélien d'agir au plus vite pour obtenir leur libération, après la mort de trois captifs tués "par erreur" par des soldats israéliens.

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Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu doit tenir une conférence de presse à 20H30 locales (18H30 GMT) face à la pression qui monte pour obtenir une trêve entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

"Nous ne récupérons que des corps morts. Nous voulons que vous arrêtiez les combats et commenciez les négociations", a déclaré Noam Perry, fille d'un Israélien retenu par le Hamas et ses alliés, lors d'un rassemblement à Tel-Aviv samedi soir.

"On a l'impression d'une roulette russe: qui sera le prochain à apprendre la mort d'un être aimé? Nous voulons savoir quelle proposition est sur la table du gouvernement", renchérit Ruby Chen, père d'Itay Chen, otage de 19 ans.

Les trois otages tués lors d'une tragique méprise par des soldats israéliens pendant une opération dans la ville de Gaza faisaient partie des quelque 250 personnes capturées lors de l'attaque sans précédent lancée le 7 octobre depuis la bande de Gaza par le Hamas sur le sol israélien.

Environ 1.140 personnes, en majorité des civils, ont été tuées par les commandos du Hamas et ses alliés, selon les dernières données officielles israéliennes. A ce jour, 129 otages sont toujours aux mains du Hamas ou de groupes alliés.

En représailles, Israël a promis de "détruire" le Hamas et bombarde sans relâche le petit territoire palestinien surpeuplé. L'armée mène depuis le 27 octobre une offensive terrestre contre le mouvement islamiste dans toute la bande de Gaza, y compris dans le sud où se sont massés des centaines de milliers de civils déplacés par la guerre.

Selon un dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir à Gaza, 18.800 personnes, à 70% des femmes, des enfants et adolescents, ont été tuées par les bombardements israéliens.

- "A l'encontre de nos règles" -

Samedi, l'armée a livré les premiers éléments de son enquête sur la mort des trois otages, Yotam Haïm, 28 ans, Samer al-Talalqa, 25 ans et Alon Lulu Shamriz, 26 ans.

Tous trois étaient apparus dans un secteur où les troupes subissent de nombreuses embuscades. Ils ne "portaient pas de t-shirts" et ont agité un drapeau blanc improvisé avec un bâton.

Un des soldats s'est senti malgré tout "menacé", craignant un piège, et a tiré, tuant deux otages, a relaté un responsable militaire à des journalistes.

Le troisième otage, "blessé", a tenté de s'abriter dans un bâtiment, et les soldats ont ensuite "entendu un appel à l'aide en hébreu".

Malgré un ordre de cesser les tirs du commandant du bataillon, des soldats ont de nouveau tiré, tuant la troisième personne, a précisé ce responsable, qui assure que l'incident va "à l'encontre de nos règles".

"L'armée sioniste connaît très bien nos conditions pour libérer (les otages), aucun ne sera libéré si nos conditions ne sont pas acceptées", a déclaré Abou Obeida, porte-parole de la branche armée du Hamas - mouvement classé terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne, le Royaume-Uni et Israël, entre autres.

- Seconde trêve ? -

Plusieurs médias affirment qu'après ce fiasco pour l'armée, les autorités israéliennes reprennent le chemin des négociations.

Le site d'informations américain Axios affirme que David Barnea, le chef du Mossad, les services secrets extérieurs israéliens, doit rencontrer ce week-end le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, en Europe pour discuter d'une seconde trêve en vue de la libération d'otages.

Samedi, le site du quotidien israélien Haaretz va plus loin et affirme, citant une source politique israélienne, que la rencontre a eu lieu, sans plus de détails.

Fin novembre, un cessez-le-feu d'une semaine avait permis une pause dans les combats ainsi que la libération d'une centaine d'otages détenus par le Hamas et de 240 prisonniers palestiniens écroués par Israël.

- "Combats acharnés" -

Dans la bande de Gaza, tôt samedi, le Hamas a fait état de "combats acharnés" dans le secteur de Jabaliya (nord), de frappes aériennes et de tirs d'artillerie intenses à Khan Younès, épicentre des affrontements dans le sud du territoire palestinien.

Pour les civils, dont beaucoup acculés dans un périmètre de plus en plus réduit tout au sud, autour de Rafah dans l'espoir d'échapper aux combats, les conditions de vie sont décrites comme cauchemardesques par l'ONU et les ONG.

Quelque 1,9 million d'habitants, soit 85% de sa population, ont été déplacés, selon l'ONU, dont beaucoup ont dû fuir plusieurs fois, et souffrent à présent de pénuries de nourriture, eau, médicaments, sanitaires, tandis que les épidémies se propagent.

Vendredi, dans un contexte de fortes pressions internationales, notamment de son allié américain, Israël a autorisé l'ouverture "temporaire" d'un nouveau point d'entrée pour l'aide humanitaire dans la bande de Gaza via le terminal de Kerem Shalom, mais sans préciser quand.

En Cisjordanie occupée, où la violence s'est intensifiée après le déclenchement de la guerre à Gaza, le ministère de la Santé du Hamas a annoncé la mort de deux Palestiniens âgés d'une vingtaine d'années samedi après un autre âgé de 30 ans tué par balle au sud de Naplouse vendredi soir.

- Journaliste tué -

Les journalistes à Gaza continuent par ailleurs de payer un très lourd tribut: un journaliste d'Al Jazeera a été tué vendredi. Son enterrement a eu lieu samedi, au milieu d'une vaste foule se recueillant sur son cercueil, où étaient posés son casque et son gilet pare-balles.

Le chef de bureau d'Al Jazeera à Gaza, Waël Dahdouh, qui avait perdu son épouse et deux de ses enfants au début de la guerre, a lui été blessé au bras par des éclats d'obus et transféré dans un hôpital de Khan Younès.

Un journaliste de l'agence de presse turque Anadolu a lui aussi été blessé par des policiers israéliens à Jérusalem-Est, annexée et occupée par Israël. Un porte-parole de la police israélienne a précisé que les officiers concernés avaient été suspendus.

Plus de 60 journalistes et employés de médias sont morts depuis le début de la guerre, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).

- Tensions régionales -

La guerre à Gaza continue d'accroître les tensions dans la région. Un drone a été abattu par les forces aériennes égyptiennes samedi dans le Sinaï égyptien, frontalier d'Israël et un autre par un navire de guerre britannique en mer Rouge, où les rebelles Houthis, proches de l'Iran, mènent des attaques quasi-quotidiennes qu'ils justifient en soutien au Hamas.

Pour tenter d'éviter une escalade régionale, la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna se rendra dimanche en Israël et en Cisjordanie, avant de rejoindre le Liban lundi.

A.Gonzalez--HHA