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Royaume-Uni: l'extrême droite donne des sueurs froides aux conservateurs
Royaume-Uni: l'extrême droite donne des sueurs froides aux conservateurs / Photo: JUSTIN TALLIS - AFP

Royaume-Uni: l'extrême droite donne des sueurs froides aux conservateurs

Anti-immigration, europhobe et hostile aux politiques climatiques, le parti de l'ex-champion du Brexit Nigel Farage fourbit ses armes à l'approche des législatives au Royaume-Uni et menace d'affaiblir les conservateurs au pouvoir.

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Reform UK, formation fondée par cette figure de l'extrême droite britannique, ex-député européen gouailleur et pourfendeur de Bruxelles devenu admirateur de Donald Trump, cherche à capitaliser sur le mécontentement des Britanniques, confrontés à une grave crise du pouvoir d'achat.

Avec des slogans patriotiques aux accents trumpistes comme "Let's make Britain great" ("Faisons de la Grande-Bretagne un grand pays") ou "Let's save Britain" ("Sauvons la Grande-Bretagne"), le parti est crédité dans les sondages d'environ 10% des intentions de vote pour les législatives prévues l'année prochaine, à une date encore inconnue.

Dans une élection où chaque député est élu dans sa circonscription à la majorité simple, ce parti a peu de chances face aux travaillistes, largement en tête dans les sondages, tout comme les conservateurs au pouvoir depuis 14 ans.

Mais Reform UK pourrait, en éparpillant les voix à droite, doucher les espoirs du Premier ministre Rishi Sunak de rattraper son retard sur le Labour, positionné au centre-gauche.

"La vérité, c'est que les Tories sont terrorisés", a affirmé mercredi Richard Tice, à qui Nigel Farage, occupé par ses activités médiatiques dans des émissions politiques ou de téléréalité, a délégué la direction du parti.

Présentant devant la presse ses ambitions pour l'année électorale, il a exclu tout pacte avec les conservateurs "quelles que soient les circonstances", affirmant que certains élus "Tories" lui avaient demandé de ne pas présenter des candidats dans certains circonscriptions.

Il a assuré que Reform UK présenterait des candidats dans toutes les circonscriptions d'Angleterre, d'Ecosse et du Pays de Galles, contrairement aux élections de 2019. La formation, alors appelée Brexit Party, avait laissé le champ libre pour certains sièges à Boris Johnson, ce qui avait mené les conservateurs vers une victoire historique.

L'homme politique de 59 ans, qui s'exprimait devant l'"Union Jack", le drapeau britannique, a reproché au gouvernement des impôts trop élevés, des dépenses publiques trop lourdes, une croissance atone et une incapacité à tirer profit de la sortie de l'Union européenne.

"Bien sûr, la plus grande trahison de ce gouvernement, c'est sur l'immigration", a-t-il ajouté, promettant de réduire les arrivées de migrants, qui ont continué de progresser en dépit du Brexit, mais aussi de se débarrasser des régulations héritées de l'UE ou encore de renoncer à l'objectif de neutralité carbone d'ici à 2050.

- "Défaite" ou "débâcle" -

Richard Tice n'a pas épargné le chef du Labour, Keir Starmer, favori pour devenir le prochain Premier ministre, brandissant la menace d'un "cocktail catastrophique d'incompétence sur l'économie et de pillage culturel".

Mais ce sont bien les conservateurs qui auraient le plus à perdre d'un succès électoral de Reform UK, selon les politologues.

Le parti d'extrême droite pourrait grignoter des voix notamment dans le "mur rouge" du nord de l'Angleterre, ces régions désindustrialisés où l'électorat populaire travailliste s'était tourné vers les conservateurs en 2019.

Vu le retard des conservateurs dans les sondages, perdre des voix au profit de Reform UK "peut faire la différence entre une défaite et une débâcle", estime Anand Menon, politologue au King's College de Londres, interrogé par l'AFP.

Sous la pression des partis successifs de Nigel Farage, les conservateurs au pouvoir ont évolué vers une ligne plus droitière, et le gouvernement de Rishi Sunak a notamment mis en oeuvre une politique très controversée contre l'immigration, légale ou illégale.

Mais avec une politique revendiquée "anti-woke", les Tories risquent de se mettre à dos les électeurs plus proches du centre, notamment dans le sud de l'Angleterre, qui pourraient être tentés par un vote en faveur des Libéraux-Démocrates.

Et si Reform UK reste encore marginal, le parti pourrait aussi profiter d'un possible retour en première ligne dans le combat politique de Nigel Farage, source d'éternelles spéculations.

Ce dernier bénéficie d'un statut de quasi-célébrité people, relève Chris Hopkins, de la société de sondages Savanta. "Il a aussi une forte expérience des campagnes électorales et je pense qu'il contribue à professionnaliser à légitimer le parti".

I.Hernandez--HHA