Hamburger Anzeiger - Salvini dit avoir "rendu service" à l'Italie en bloquant des migrants en mer

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Salvini dit avoir "rendu service" à l'Italie en bloquant des migrants en mer

Salvini dit avoir "rendu service" à l'Italie en bloquant des migrants en mer

Le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini a estimé vendredi avoir "rendu service" à l'Italie en ayant bloqué en 2019 en mer un bateau de migrants lorsqu'il était ministre de l'Intérieur d'un précédent gouvernement.

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"Je considère avoir rendu un service utile au pays. J'assume pleinement ce que nous avons fait avec des résultats jamais obtenus, ni avant ni après, non seulement en termes de lutte contre le trafic d'êtres humains mais surtout en termes de vies sauvées", a-t-il déclaré au cours de son procès à Palerme (Sicile) qui doit déterminer s'il a empêché illégalement le débarquement de ces migrants dans un port.

Salvini, chef de la Ligue (parti antimigrants) et allié de la Première ministre Giorgia Meloni, rejette fermement les accusations de privation de liberté et d'abus de pouvoir pesant contre lui pour ces faits remontant à août 2019.

Dans ce procès qui a débuté en octobre 2021, il est accusé d'avoir utilisé sa position de ministre pour bloquer 147 migrants en mer, refusant de les laisser débarquer d'un navire de sauvetage de l'ONG espagnole Open Arms alors que leur état de santé se dégradait rapidement.

Il encourt jusqu'à 15 ans de prison pour "séquestration", avec la circonstance aggravante que des mineurs se trouvaient à bord du navire.

Connu pour ses positions populistes, Matteo Salvini, 50 ans, a utilisé à de multiples reprises les attaques contre les migrants pour renforcer son capital politique.

"C'est clair: moins de départs, moins de morts, moins de blessés, moins de drames et moins d'argent pour les trafiquants", a argué M. Salvini.

Les traversées de migrants ont chuté de 90% dans le cadre de cette politique, tandis que les décès de migrants ont diminué de moitié, a-t-il assuré.

Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur quelque 120.000 migrants sont arrivés sur les côtes italiennes en 2017, environ 23.400 en 2018 et 11.500 en 2019.

Les données de l'agence des Nations unies pour les migrations (OIM) montrent que 2.337 migrants sont morts ou ont disparu dans toute la Méditerranée en 2018 - pas seulement dans les eaux au large de l'Italie - contre 1.885 en 2019, 1.449 en 2020 et 2.048 en 2021.

M. Salvini, qui faisait partie du premier gouvernement de Giuseppe Conte (juin 2018- août 2019), avait imposé la fermeture des ports italiens aux navires d'ONG secourant les migrants.

- Epidémie de gale -

M. Salvini avait justifié cette politique par des raisons de sécurité, affirmant qu'il s'agissait de lutter contre les passeurs organisant le transport des migrants sur des embarcations surchargées et non sécurisées.

Il a réitéré vendredi, mails à l'appui, que la décision d'empêcher le bateau d'Open Arms d'accoster avait été prise avec l'accord de l'ensemble du gouvernement, dont Giuseppe Conte.

Les migrants, bloqués à bord pendant trois semaines, avaient été finalement autorisés par une décision de justice à débarquer à Lampedusa, une petite île italienne au large de la Tunisie.

Lors de leurs témoignages, des membres d'Open Arms ont expliqué que la santé physique et mentale des migrants était en péril, avec notamment une épidémie de gale.

Certains d'entre eux, désespérés, se sont même jetés à la mer, suscitant l'indignation d'associations humanitaires.

Ces événements s'étaient déroulés dans un climat de crise politique, après le retrait par Salvini de son soutien au gouvernement de l'époque pour tenter de provoquer de nouvelles élections qu'il espérait remporter.

Mais Giuseppe Conte était finalement parvenu à mettre sur pied une nouvelle coalition sans la Ligue, et en 2020 le Sénat avait voté la levée de l'immunité parlementaire de l'ex-ministre.

Dans le dossier Open Arms, M. Conte avait affirmé devant le tribunal avoir appelé à l'évacuation des mineurs non accompagnés et exercé une pression "morale" sur M. Salvini pour qu'il cède.

Le gouvernement ultra-conservateur de Mme Meloni a adopté également une ligne dure envers les ONG de secours aux migrants, désormais obligées de gagner le port italien qui leur est affecté, souvent très loin du lieu où les migrants ont été secourus, dès le premier sauvetage, sans possibilité de rester sur place et d'aider éventuellement d'autres migrants en détresse.

Une politique sans résultat probant jusqu'ici: plus de 157.000 migrants sont arrivés en Italie en 2023, contre quelque 105.000 en 2022.

W.Widmer--HHA