Hamburger Anzeiger - A Taïwan, des électeurs qui se soucient peu des menaces de Pékin

Euronext
AEX 0.53% 903.41
BEL20 -0.22% 4323.99
PX1 0.39% 7613.05
ISEQ 0.24% 9869.63
OSEBX -0.71% 1433.62 kr
PSI20 -0.62% 6673.9
ENTEC -0.41% 1416.23
BIOTK 1.25% 2711.94
N150 0.22% 3383.56
A Taïwan, des électeurs qui se soucient peu des menaces de Pékin
A Taïwan, des électeurs qui se soucient peu des menaces de Pékin / Photo: Yasuyoshi CHIBA - AFP

A Taïwan, des électeurs qui se soucient peu des menaces de Pékin

"C'est un peu trop loin de nous", confie Joyce quand on l'interroge sur les menaces chinoises: comme elle, une partie des votants à l'élection présidentielle de Taïwan ne s'inquiètent pas outre mesure des velléités de Pékin sur l'île.

Taille du texte:

Joyce, qui a une vingtaine d'années, est venue voter avec ses frères jumeaux, dans une école primaire de Nouveau Taipei, une ville qui jouxte la capitale Taipei.

Les élections présidentielle et législatives sont suivies de près par la Chine, qui revendique la souveraineté de Taïwan et a promis d'"écraser" toute volonté d'indépendance.

Mais pour Joyce et ses frères, ce n'est pas le plus important: ce qu'ils espèrent, ce sont de meilleurs salaires et des prix plus accessibles dans l'immobilier. "De meilleurs transports publics aussi, et qu'ils mettent fin au matraquage publicitaire", ajoute l'un des frères, Jacky.

Les pressions croissantes de Pékin, tant diplomatiques que militaires, ont dominé la campagne présidentielle, qui oppose trois candidats: le vice-président sortant Lai Ching-te du Parti démocratique progressiste (DPP), Hou Yu-ih du Kuomintang (KMT) et Ko Wen-je du petit Parti populaire de Taïwan (TPP).

- "Insensible" -

Le favori des sondages est Lai Ching-te, dont le parti clame que Taïwan est déjà un État indépendant de facto, à l'inverse du KMT, principal parti d'opposition, qui prône un rapprochement avec la Chine.

Une déclaration formelle d'indépendance est la ligne rouge à ne pas franchir, a mis en garde Pékin.

Mais M. Chen, un électeur de 46 ans, qui ne donne que son nom de famille, note que l'encombrant voisin ne peut pas nier l'évidence: "On est quand même en train d'élire un président, ça ce n'est pas l'équivalent de l'indépendance?"

L'homme, qui se promène près du mémorial dédié à Tchang Kaï-chek - le héros nationaliste qui s'est réfugié avec ses troupes à Taïwan après la fin de la guerre civile chinoise en 1949 -, n'est pas vraiment impressionné par les démonstrations de force de la Chine, qui font redouter à certains une éventuelle invasion.

"Je ne suis pas inquiet à propos d'une guerre, car cela fait longtemps que Taïwan a des présidents", dit-il.

Non loin de là, une femme d'environ 70 ans confie être devenue "insensible à la situation tendue dans le détroit de Taïwan".

"Ils (la Chine) parlent fort et font toutes sortes de déclarations, mais je pense qu'il n'y aura pas de problèmes majeurs", affirme-t-elle à l'AFP, refusant de donner son nom.

"Comparé au reste du monde, Taïwan reste le meilleur. C'est un pays démocratique où l'on peut s'exprimer librement".

- "Mon droit" -

La loi taïwanaise interdisant aux médias d'interroger les électeurs sur leurs choix le jour du vote - car cela risque de les influencer -, les déclarations de ces derniers restent vagues.

Les candidats, eux, se bornent à appeler la population à participer au scrutin, en notant que la journée ensoleillée devrait les inciter à sortir de chez eux.

Après avoir déposé son bulletin samedi matin, la présidente sortante Tsai Ing-wen - qui ne peut pas se représenter après deux mandats consécutifs - a rappelé à tous d'apporter une pièce d'identité au bureau de vote.

"Les citoyens d'un pays démocratique peuvent décider de l'avenir de leur pays par leur vote. Je voudrais donc lancer un appel à tous les citoyens pour qu'ils profitent de l'occasion pour aller voter", a-t-elle déclaré.

"Si j'ai le choix, je choisirai probablement de défendre mes valeurs, même si cela peut éventuellement mener à la guerre", dit-il, ajoutant regretter d'avoir été trop occupé pour lire attentivement les programmes de chaque candidat.

Car "après tout, c'est mon droit".

W.Widmer--HHA