Hamburger Anzeiger - Israël: un tunnel reconstitué pour se sentir proche des otages à Gaza

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Israël: un tunnel reconstitué pour se sentir proche des otages à Gaza
Israël: un tunnel reconstitué pour se sentir proche des otages à Gaza / Photo: Marco Longari - AFP

Israël: un tunnel reconstitué pour se sentir proche des otages à Gaza

"Une petite partie de ce que nos proches vivent": à Tel-Aviv, un tunnel a été reconstitué sur une place rebaptisée symboliquement "place des otages" retenus par le Hamas, et dévoilé samedi à la veille du 100e jour de guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien.

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Nièce d'un otage, Eyal Moar a bien conscience que "ce n'est qu'une petite partie" du vécu des otages retenus dans la bande de Gaza par le mouvement islamiste palestinien et ses alliés depuis cent jours et dont les visages sont omniprésents en Israël.

Son oncle, Abraham Munder, 79 ans, est l'une des quelque 250 personnes, civiles et militaires, enlevées le 7 octobre dans le sud d'Israël lors des attaques des commandos islamistes du Hamas palestinien venus de la bande de Gaza.

Lors d'une trêve d'une semaine fin novembre, une centaine a été relâchée en échange de prisonniers palestiniens. Mais 132 manquent toujours à l'appel, dont 25 sont morts sans que leurs corps n'aient été restitués, selon les autorités israéliennes.

"Nous savons que les conditions sont horribles: pas d'air frais, très peu de nourriture, pas de médicaments, pas de lumière du soleil, ils dorment par terre", sans parler de "l'état psychologique", dit Eyal Moar, le visage grave.

Certains ont été enlevés après avoir été blessés, d'autres souffrent d'affections chroniques comme l'asthme ou voient leur santé pâtir des conditions de détention. Le gouvernement israélien a annoncé vendredi que des médicaments leur seraient envoyés "dans quelques jours", après un accord avec le Qatar.

L'artiste israélien Roni Levavi est le concepteur de cet étroit tunnel de béton long de 30 mètres que parcourent des proches des otages. Il a voulu faire "une reconstitution la plus fidèle" en s'appuyant sur des images de tunnels de Gaza parues dans les médias, explique-t-il à l'AFP.

Les Israéliens sont convaincus que les otages sont retenus dans le tentaculaire réseau souterrain du Hamas dans la bande de Gaza.

L'intérieur est faiblement éclairé, il y a de la terre au sol et des sons de tirs et de bombardements sont diffusés en permanence afin de "donner une idée de ce que les otages ressentent depuis tant de jours", décrit M. Levavi.

"Je tremble, je ne peux pas respirer, j'étais là 5 minutes et je voulais juste partir en courant", raconte Ella Ben Ami à la sortie. Son père Ohad Ben Ami, 55 ans, est toujours retenu dans la bande de Gaza.

- "Suffoquer" -

"Moi j'ai le choix de fuir, mais eux non, ils sont dans le noir, c'est un endroit horrible", ajoute la jeune femme, qui tient une pancarte avec le portrait de son père.

L'installation a été dévoilée à la veille des cent jours de captivité des otages. Depuis trois mois, leurs proches organisés en collectif multiplient les conférences de presse et interpellent les autorités.

En réponse aux attaques qui ont entraîné la mort de quelque 1.140 personnes, en majorité des civils, selon le décompte de l'AFP à partir du bilan israélien, Israël s'est fixé comme but de guerre l'éradication du Hamas et la libération des otages.

Depuis le 7 octobre, plus de 23.800 personnes, majoritairement des femmes, adolescents et enfants, ont été tués dans la bande de Gaza lors des opérations militaires menées par l'armée israélienne, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Le tunnel de Tel-Aviv est le seul tunnel avec "de la lumière à sa sortie", décrit Inbar Goldstein, dont la belle-soeur et trois neveux et nièces ont été libérés à la faveur de la trêve. Son frère et une nièce avaient été tués lors de l'attaque.

Le temps presse aussi bien "pour les otages vivants que ceux que nous avons perdu et qui méritent d'être enterrés, que leur famille ait une tombe sur laquelle pleurer, et que nous reconstruisions notre société", ajoute-t-elle, répétant comme les autres familles "Ramenez-les à la maison maintenant!".

Mais avant "la lumière", "il faut se sentir suffoqué" par la visite de ce tunnel. Car "comment se battre" pour les otages "si nous ne pouvons pas au moins comprendre leurs conditions de vie, sans air, sans lumière et sans espoir?", selon elle.

F.Schneider--HHA