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Ecologie, gazole, Europe: les agriculteurs se mobilisent, le gouvernement Attal sous pression
Ecologie, gazole, Europe: les agriculteurs se mobilisent, le gouvernement Attal sous pression / Photo: Valentine CHAPUIS - AFP

Ecologie, gazole, Europe: les agriculteurs se mobilisent, le gouvernement Attal sous pression

Routes bloquées, appels médiatiques, bientôt des bâchages de radars: soutenus par une large part de la classe politique, les agriculteurs français lancent de multiples actions pour obtenir du gouvernement de Gabriel Attal des mesures "concrètes" sur de multiples fronts, à commencer par les normes environnementales.

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Le premier syndicat agricole français, la FNSEA, sera reçu lundi à 18H00 à Matignon avec celui des Jeunes agriculteurs par le Premier ministre, qui a déjà promis samedi de "faciliter la vie" des agriculteurs en réduisant les "paperasseries".

"Je peux vous dire que dès aujourd'hui et toute la semaine et aussi longtemps qu'il sera nécessaire, un certain nombre d'actions vont être menées", a déclaré le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, sur France Inter.

Les actions concerneront "chaque département", a-t-il dit.

Les blocages sont pour l'heure principalement localisés en Occitanie, où plusieurs axes routiers sont bloqués.

Interrogé lors d'une conférence de presse, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a déclaré qu "aucune évacuation des blocages par les forces de l'ordre (n'était) prévue à ce stade car il n'y a pas de dégradations".

Les autres organisations agricoles, dont la Coordination rurale qui prévoit des bâchages de radars routiers cette semaine, demandent aussi à être reçues par Gabriel Attal.

"Pour nous la vraie crise est autour du prix" des productions agricoles et "du revenu", a déclaré à l'AFP Laurence Marandola, la porte-parole de la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole français, classé à gauche.

Elle l'impute aux "politiques mises en oeuvre depuis des décennies, à l'ultralibéralisme", selon elle "mis en oeuvre avec une connivence entre les gouvernements successifs et la FNSEA".

Depuis jeudi soir, l'A64 entre Toulouse et Bayonne est coupée à la circulation au niveau de Carbonne, en Haute-Garonne, à 45 km de Toulouse. L'A9 au niveau de Perpignan a été bloquée lundi quelques heures.

Dans le Tarn-et-Garonne, trois ronds-points d'accès à la centrale de Golfech, qui alimente en électricité le bassin toulousain, sont bloqués par une cinquantaine de tracteurs depuis lundi 05h00. Néanmoins, "le personnel nécessaire au fonctionnement de la centrale est en poste et a pu accéder au site", selon un porte-parole d'EDF.

"Crever la dalle"

"Notre objectif est de faire plier le gouvernement", a résumé Jean-Philippe Gibert, président des JA du Tarn-et-Garonne. "On se retrouve à crever la dalle comme des chiens au bord de la route et dans nos champs. On en a marre!"

Au coeur des manifestations: des plaintes contre les charges financières et des normes environnementales jugées trop lourdes.

Le gouvernement tente pourtant de ménager la profession depuis des années.

En décembre, l'ex-Première ministre Elisabeth Borne avait ainsi annoncé à la FNSEA et aux JA l'abandon de hausses de taxes sur les pesticides et l'irrigation, au grand dam des associations environnementales et d'acteurs de l'eau.

Depuis la Vendée, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a affiché lundi sa volonté d'accélérer les constructions de réserves, qualifiées de "méga-bassines" par leurs détracteurs écologistes.

Le gouvernement craint un embrasement car, des Pays-Bas à la Roumanie en passant par la Pologne ou l'Allemagne, les agriculteurs multiplient les actions contre les hausses des taxes et le "Pacte vert" européen. Le tout, sur fond d'inflation et de concurrence des importations ukrainiennes, et avant les élections européennes en juin.

En visite au salon de l'agriculture allemand, le chancelier allemand Olaf Scholz a promis lundi aux agriculteurs de réduire la bureaucratie et "rendre la vie de ceux qui travaillent et vivent dans les fermes, plus facile". Des propos qui font écho à ceux de Gabriel Attal samedi.

- "Retard à l'allumage" -

A moins de cinq mois des élections européennes, les oppositions courtisent le monde agricole.

Le porte-parole du Rassemblement national (RN), Sébastien Chenu, a estimé lundi sur TF1 que le gouvernement accusait un "retard à l'allumage" face à des doléances anciennes.

Droite comme gauche ont demandé à l'exécutif de renoncer à alourdir le coût du carburant des tracteurs.

Le ministère de l'Economie et la FNSEA se sont mis d'accord l'été dernier sur une réduction progressive de la niche fiscale sur le gazole non routier (GNR), en échange de compensations. Arnaud Rousseau avait précédemment défendu une "trajectoire supportable", négociée par le syndicat "en responsabilité".

Mais la Coordination rurale, 2e syndicat agricole, continue de s'opposer catégoriquement à la remise en cause de cette niche fiscale, tout comme le chef des députés Les Républicains, Olivier Marleix.

Interrogé par l'AFP, François Veillerette, porte-parole de l'ONG Générations futures, comprend les revendications pour un meilleur revenu, et approuve l'idée d'interdire l'importation de produits venant de pays moins-disants.

Mais "là où ça ne va pas du tout, c'est sur les attaques" des manifestants à l'encontre de "tout ce qui est normes environnementales". "On a l'impression qu'ils n'en ont jamais assez", veulent "toujours plus de pesticides, toujours moins de contrôle, toujours moins d'évaluation du risque" lié à ces molécules, a-t-il déploré.

Th.Frei--HHA