Hamburger Anzeiger - Bottes de paille, "rage" et blocages: les agriculteurs amplifient leur mouvement

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Bottes de paille, "rage" et blocages: les agriculteurs amplifient leur mouvement
Bottes de paille, "rage" et blocages: les agriculteurs amplifient leur mouvement / Photo: Philippe LOPEZ - AFP

Bottes de paille, "rage" et blocages: les agriculteurs amplifient leur mouvement

Endeuillée par les décès d'une éleveuse et de sa fille, la mobilisation des agriculteurs s'accentue mercredi avec des barrages routiers partout en France pour faire pression sur le gouvernement de Gabriel Attal et obtenir des réponses rapides à leur "rage" et leurs revendications.

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Jachère, pesticides, normes environnementales, autorisations administratives, prix du gazole... Cultivateurs et éleveurs n'ont pas tous les mêmes demandes mais partagent un même malaise sur leur avenir, écartelés entre désir de produire et d'exporter, et nécessité de réduire leur impact sur la biodiversité et le climat.

Tôt mercredi, quelque 500 agriculteurs à bord d'environ 180 tracteurs selon les organisateurs ont envahi la rocade de Bordeaux, axe névralgique entre Paris et l'Espagne, bloquant la circulation pour exprimer les revendications d'une "agriculture en colère".

"Le prix du gasoil, toutes les taxes, et même par rapport aux générations futures... ça ne donne pas envie de s'installer", a déclaré à l'AFP Yoan Joannic, 20 ans, agriculteur dans le sud de la Gironde.

Ce jeune producteur céréalier s'est dit ému par les décès d'une éleveuse d'une trentaine d'années et de sa fille adolescente, percutées par une voiture sur un barrage mardi à Pamiers (Ariège).

"On a la rage de continuer, pour cette famille qui est décédée. Ils étaient comme nous, passionnés... On a commencé, maintenant on continue !", a-t-il lancé, avant une minute de silence en hommage aux deux victimes.

Démarré jeudi dernier en Occitanie par un blocage d'autoroute qui continue, le mouvement s'est étendu depuis, à toute la France.

- "Les actions vont s'amplifier" -

"Nous sommes sur la rocade de Bordeaux et nous comptons y rester jusqu'à ce que nous ayons des réponses concrètes", a résumé Serge Bergeon, secrétaire général de la FNSEA Gironde.

Après la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) reçus lundi, la Coordination rurale, deuxième syndicat, et la Confédération paysanne, troisième, sont sortis mardi soir du bureau de Gabriel Attal sans appeler à lever les blocages. La première a jugé l'échange "constructif" tandis que la seconde jugeait les propositions "insuffisantes".

Au petit matin, l'autoroute A7 dans le sens Marseille-Lyon, était fermée à partir du péage d'Avignon et les automobilistes et poids-lourds forcés de sortir, créant un engorgement, ont constaté des journalistes de l'AFP.

En provenance de Montpellier, sur l'A9, l'autoroute était également coupée en direction d'Orange, selon un photographe de l'AFP, mais le trafic en direction de l'Espagne, dans l'autre sens de cet axe important, se poursuivait normalement.

L'A4 doit aussi être bloquée aux alentours de Strasbourg à partir de la mi-journée tandis que les Jeunes Agriculteurs prévoient de bâcher les radars de Moselle (hors autoroute).

D'autres routes de France sont concernées par la mobilisation comme à Bayonne et Pau (A63 et A64), autour de Lyon (M6, A47), entre Valence et Grenoble (A49), entre Saint-Amand-Montrond et Bourges (A71), la rocade d'Orléans ou de nombreuses voies rapides de Bretagne (notamment la RN12).

À Agen, la Coordination rurale bloque l'A62 et menace de faire "tomber" les grilles de la préfecture, qu'ils ont déjà arrosées de lisier mardi.

Dans les Hauts-de-France, les agriculteurs comptent poursuivre le barrage filtrant mis en place sur un péage de l'A29 près d'Amiens (Somme), et organiser de nouvelles manifestations dans l'Aisne et le Pas-de-Calais notamment, où selon la préfecture de région, "l'accès aux différentes plateformes transManche est susceptible d'être perturbé" -- tunnel sous la Manche et port desservant l'Angleterre.

- Contestation européenne -

De multiples autres ronds-points, péages ou bretelles d'autoroutes doivent être occupés, sans compter des opérations escargots, comme à Angoulême mardi, ou deux péages rendus gratuits sur l'A83 en Vendée.

La Coordination rurale promet de poursuivre ses opérations de bâchage de radars, notamment dans le Lot-et-Garonne et en Dordogne, et veut sensibiliser les visiteurs du festival de BD d'Angoulême à "la cause des agriculteurs".

Mais comment résoudre vite des problèmes aussi enracinés?

Assailli de questions à l'Assemblée mardi, le Premier ministre Gabriel Attal a évoqué des mesures qui pourraient arriver rapidement: d'abord sur la rémunération des agriculteurs par les industriels et les grandes surfaces, censée être sanctuarisée par la loi dite Egalim. Les négociations commerciales annuelles se termineront le 31 janvier.

Il a aussi promis de répondre à la demande de simplification administrative, les exploitants, surtout les éleveurs, devant remplir chaque jour de nombreux documents. Les demandes de subventions et d'aides après des calamités prennent aussi trop de temps, se plaignent les agriculteurs.

"Je pense que les annonces qui seront faites, ça ne sera pas suffisant. Et donc notre mouvement va se poursuivre dans les semaines à venir jusqu'au Salon de l'agriculture", pronostiquait un agriculteur membre de la FNSEA sur un blocage de l'A63 à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) dans la nuit de mardi à mercredi.

Les autres grands pays agricoles européens étant confrontés à des mouvements similaires, le sujet agite aussi Bruxelles. La Commission européenne réunira jeudi organisations agricoles, secteur agro-alimentaire, ONG et experts pour tenter de calmer le jeu et convaincre de l'intérêt de réconcilier transition écologique et agriculture.

bur-ico-pve-tb-jed/ppy/vk

M.Huber--HHA