Hamburger Anzeiger - Agriculture: les blocages continuent avant des annonces, crispations autour de Rungis

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Agriculture: les blocages continuent avant des annonces, crispations autour de Rungis

Agriculture: les blocages continuent avant des annonces, crispations autour de Rungis

Les agriculteurs bloquent mardi pour le deuxième jour des axes stratégiques autour de Paris, déterminés à montrer qu'ils peuvent tenir si les "nouvelles mesures" dévoilées dans la journée par le gouvernement déçoivent, mais la menace du blocage du marché de Rungis fait débat au sein du mouvement.

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Un convoi de 200 tracteurs, parti d'Agen en direction du marché d'intérêt national (MIN) de Rungis, est retourné sur l'A20 après avoir été bloqué plus tôt sur cette même autouroute par les gendarmes, selon la préfecture de l'Indre.

Des blindés de la gendarmerie ont été déployés à Rungis pour que le tentaculaire marché de gros, poumon alimentaire de l'Ile-de-France, puisse fonctionner, à la demande du gouvernement.

"Notre objectif ce n'est pas d'affamer les Français, c'est de les nourrir", a déclaré Arnaud Rousseau, président du premier syndicat agricole, la FNSEA, sur Europe 1 mardi.

Bloquer Rungis n'est selon lui "pas une bonne idée": "Si on ne veut plus de dialogue, et si on veut juste la violence, et bien ce ne sera pas chez nous", a-t-il ajouté au lendemain d'une réunion de plus de trois heures avec le Premier ministre Gabriel Attal, qu'il a appelé à aller "plus loin" que les premières mesures d'urgence annoncées vendredi.

Plus d'une semaine après le premier blocage d'axes routiers en Occitanie, qui a lancé le mouvement le 26 janvier, des agriculteurs ont passé la nuit dans leur tracteur après avoir entamé lundi après-midi le blocage d'autoroutes à proximité de la capitale et d'autres grandes villes, sur l'A1, l'A4, l'A6, l'A13...

Selon une source policière, les blocages autour de Paris ont impliqué lundi un millier d'agriculteurs et "un peu plus de 500 engins". "L'objectif de tenir jusqu'à vendredi est manifeste", selon cette source.

- "On est d'attaque" -

"La nuit a été courte, il va falloir rebondir mais on est d'attaque", assure Samuel Vandaele, secrétaire général de la FDSEA 77 d'une voix enrouée, sous un pont de l'autoroute A4, à une trentaine de kilomètres à l'est de Paris.

Barnum, braseros, groupes électrogènes, tireuses à bières et café au petit matin: de quoi attendre une centaine de tracteurs "qui nous rejoignent, en provenance de Moselle, de la Meuse et de l'Aisne", ajoute-t-il.

"Le mot d'ordre, c'est de rester tant qu'on n'a pas de réponse aux principaux points", a déclaré mardi matin depuis le péage de Buchelay (Yvelines) sur l'A13 dans les Yvelines Thomas Robin, céréalier à Tilly et secrétaire général adjoint de la FDSEA Ile-de-France.

"Nous sommes déterminés à bloquer le péage 24h, peut-être trois jours", a confié à l'AFP Thierry Bonnamour, maraîcher en Savoie, sur un barrage à une trentaine de kilomètres de l'est lyonnais.

"Nous demandons une meilleure considération évidemment mais surtout une réduction des accords de libre-échange", affirme-t-il, alors que la France a perdu les trois quarts de ses exploitants en 50 ans et recourt de plus en plus aux importations: un poulet sur deux consommé dans le pays vient d'ailleurs, comme 60% des fruits.

Le syndicat minoritaire Confédération paysanne, de gauche, porte "l'arrêt des accords de libre-échange" et "l'interdiction formelle de l'achat des produits agricoles en dessous de leur prix de revient".

Les organisations écologistes s'inquiètent elles d'un éventuel retour en arrière sur les normes environnementales, les syndicats majoritaires tentant de pousser leur avantage. Ils demandent notamment de revenir sur des restrictions d'usage des pesticides.

- Déclaration, dégustation et bouchons -

M. Attal, qui fera sa déclaration de politique générale mardi après-midi, a notamment annoncé vendredi des indemnités gonflées pour les éleveurs dont les bovins ont été touchés par la maladie hémorragique épizootique et l'abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR).

"On va voir le discours général du Premier ministre mais il y a peu de chance que quelque chose en ressorte", a déclaré mardi à l'AFP Yohan François, membre du bureau de la FDSEA dans la Meuse, sur le chemin de Paris, se réjouissant de voir des agriculteurs manifester "pour la première fois" et prêts à tenir sur la durée.

Contrôles informels de cargaisons de camions aux alentours des supermarchés à Marmande, blocages des accès à l'aéroport de Toulouse, cortège de tracteurs en Corse, dégustation de fromages en Indre-et-Loire: les actions prévues mardi sont diverses.

La préfecture de la Drôme a appelé les habitants à ne "pas constituer de stocks alimentaires", la principale conséquence pour la population française étant pour le moment les bouchons et déviations entraînés par les blocages.

F.Wilson--HHA