Hamburger Anzeiger - Paris négocie avec les agriculteurs, Bruxelles fait une concession sur les jachères

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Paris négocie avec les agriculteurs, Bruxelles fait une concession sur les jachères

Paris négocie avec les agriculteurs, Bruxelles fait une concession sur les jachères

Le président du principal syndicat agricole FNSEA s'emploie mercredi à modérer l'"énorme attente" des agriculteurs qui continuent d'occuper des autoroutes, mais la Commission européenne a fait une première concession sur une revendication majeure des céréaliers, concernant les jachères.

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"L'attente est énorme" parmi les agriculteurs qui manifestent en France, a souligné le patron de la FNSEA, Arnaud Rousseau, devant les sénateurs. "Elle peut être même au-delà de ce qu'on imagine, avec évidemment (...) des sujets qui ne se règlent pas en trois jours. Donc j'essaie d'appeler au calme et à la raison".

 

La grogne remonte jusqu'à Bruxelles, où le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, se trouve mercredi après-midi, avant le président de la République, Emmanuel Macron, jeudi, pour défendre plusieurs revendications des agriculteurs.

Sans attendre leur arrivée, la Commission européenne a donné des gages.

Elle a annoncé qu'elle allait accorder pour 2024 une dérogation "partielle" aux obligations de jachères imposées par la Politique agricole commune (PAC), une revendication de longue date et renouvelée sur les barrages des agriculteurs.

La Commission a aussi assuré qu'elle introduirait des "mesures de sauvegarde" pour éviter que l'exemption de droits de douane dont bénéficient les produits agricoles ukrainiens entrant dans l'UE depuis la guerre avec la Russie ne perturbe le marché européen.

Les écologistes, parmi d'autres, voient dans le libre-échange une des causes de la crise. La tête de liste écologiste aux européennes, Marie Toussaint, a demandé à M. Macron de "former une coalition d'Etats-membres contre l'accord UE-Mercosur" (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), en négociation depuis plus de 20 ans, et auquel la France s'oppose en l'état.

- Tensions à Rungis -

Dans l'immédiat, l'une des "lignes rouges" du gouvernement a été franchie mercredi, selon la préfecture de police de Paris: 18 personnes qui tentaient de bloquer Rungis, dans le sud de Paris, ont été interpellées dans la matinée. Quinze sont en garde à vue, selon le parquet de Créteil.

Le tentaculaire marché de gros qui alimente Paris est la destination annoncée d'un convoi d'agriculteurs en colère partis du Sud-Ouest à l'appel de la Coordination rurale, mais les forces de l'ordre bloquent leur avancée dans le Loiret. Les agriculteurs, à bord de quelque 200 à 300 tracteurs, sont immobilisés depuis 11H00 à Sully-sur-Loire (Loiret), à 170 km de Rungis.

Des renforts de véhicules blindés "Centaure" leur bloquent la route dans le Loiret et l'Essonne, selon l'entourage du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.

Au total, en France, il y a mercredi à la mi-journée plus de 80 blocages, 4.500 engins et 6.000 manifestants, selon une source policière à l'AFP.

Signe que les tractactions sont intenses en coulisses, des responsables de la Coordination rurale et de la Confédération paysanne (les 2e et 3e syndicats agricoles) ont été reçus par le Premier ministre, Gabriel Attal, à Paris mercredi, selon une source proche de l'exécutif. La FNSEA et le syndicat allié Jeunes agriculteurs (JA) avaient, eux, été longuement reçus lundi et mardi.

La FNSEA et les JA ont présenté 122 revendications. "Il y a des échanges avec nos représentants dans les régions, les différentes filières" pour soupeser les réponses du gouvernement, a rapporté la FNSEA à l'AFP.

- Grandes surfaces ciblées -

 

En Ile-de-France, huit autoroutes sont entravées par des barrages et fermetures partielles, selon le site de suivi du trafic Sytadin. Cela n'empêche pas d'arriver à Paris mais force à faire des détours.

Autour de Lyon, le but des agriculteurs est d'encercler la troisième ville de France en coupant toutes les autoroutes y menant.

Plusieurs grands axes de circulation en régions - notamment autour d'Orange, Nîmes, Arles, Aix-en-Provence, Grenoble ou Nantes - sont touchés par des barrages filtrants, blocages ou manifestations.

Les automobilistes doivent contourner les obstacles. Résultat: "Le réseau secondaire est particulièrement saturé et la circulation difficile du fait du report de trafic", souligne Vinci Autoroutes dans un communiqué.

Les grandes surfaces sont aussi de plus en plus visées, la Confédération paysanne, classée à gauche, appelant explicitement "à bloquer les centrales d'achat" de la grande distribution.

"On veut que la grande distribution et les industriels partagent au mieux leurs marges et qu'elles payent les agriculteurs au prix juste", a déclaré à l'AFP Laurent Thérond, porte-parole de la Confédération paysanne du Vaucluse.

A.Baumann--HHA