Hamburger Anzeiger - Les dirigeants européens en quête d'un compromis avec Orban sur l'Ukraine

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Les dirigeants européens en quête d'un compromis avec Orban sur l'Ukraine
Les dirigeants européens en quête d'un compromis avec Orban sur l'Ukraine / Photo: JOHN THYS - AFP

Les dirigeants européens en quête d'un compromis avec Orban sur l'Ukraine

Orban va-t-il faire voler en éclats l'unité de l'UE? Les dirigeants européens s'escriment jeudi à convaincre l'imprévisible Premier ministre hongrois de lever son veto à une aide de 50 milliards d'euros pour l'Ukraine.

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La colère du monde agricole devrait s'inviter au menu des discussions à Bruxelles où un millier de tracteurs ont convergé dès mercredi, dans un concert de klaxons, jusque devant le Parlement européen, à proximité des lieux du sommet.

Viktor Orban en a profité pour exprimer son soutien à ce mouvement sur les réseaux sociaux, s'affichant aux côtés d'agriculteurs, à la veille de ce sommet extraordinaire convoqué pour sortir de l'impasse sur l'aide à l'Ukraine.

"Nous avons besoin d'un accord à 27", a insisté le chancelier allemand Olaf Scholz, qui a participé avant le début du Conseil européen à une réunion autour de Viktor Orban, rassemblant le président français Emmanuel Macron, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, ainsi que la présidente de la Commission Ursula von der Leyen et celui du Conseil européen Charles Michel.

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte s'est dit "prudemment optimiste", tout comme son homologue belge Alexander De Croo. "Je suis confiant sur notre capacité à arriver à un compromis à 27 pays", a déclaré M. De Croo à son arrivée.

Le dirigeant hongrois, seul parmi les Vingt-Sept à avoir maintenu des liens étroits avec Moscou après le lancement de l'invasion de l'Ukraine il y a près de deux ans, a suscité la colère et l'exaspération de ses homologues réunis en décembre dernier en s'opposant à ce soutien financier essentiel pour Kiev.

Il est accusé à Bruxelles de faire du chantage à l'UE pour obtenir le déblocage de fonds européens destinés à son pays mais gelés en raison des manquements à l'État de droit reprochés à Budapest.

- "Jeu égoïste" -

Le Premier ministre polonais Donald Tusk s'est fait l'écho d'une impatience croissante. "Nous n'avons pas de lassitude sur l'Ukraine, nous avons une lassitude à l'égard d'Orban", a-t-il déclaré, dénonçant le "jeu étrange et égoïste" de ce dernier.

L'issue de la réunion de jeudi s'annonce incertaine, les négociations entre l'UE et Budapest n'ayant jusqu'à présent pas permis de trouver de terrain d'entente.

L'aide européenne destinée à l'Ukraine (33 milliards de prêts et 17 milliards de dons) est incluse dans une rallonge au budget de l'UE jusqu'en 2027.

Un appui dont Kiev a désespérément besoin pour maintenir à flot son économie, alors qu'une enveloppe d'aide américaine est bloquée au Congrès.

La Hongrie réclame de pouvoir procéder à une révision annuelle de ce soutien, avec un vote à l'unanimité, mais les autres pays de l'UE ne veulent surtout pas lui donner de telles occasions de blocage.

La proposition mise sur la table par l'UE est d'organiser un débat annuel au niveau des chefs d'Etat ou de gouvernement, sans possibilité de veto.

S'ils ne parviennent pas à convaincre leur homologue hongrois, les autres dirigeants ont promis de trouver une solution pour continuer à soutenir financièrement l'Ukraine, au moins à court terme.

Une option serait de reconduire pour un an une aide macrofinancière, qui en 2023 s'élevait à 18 milliards d'euros, une formule qui ne requiert qu'une majorité qualifiée.

Mais un soutien sur plusieurs années en dehors du budget européen n'est "pas évident", reconnaît un diplomate européen.

La frustration à l'égard de Budapest est telle que certains Etats membres ont ces derniers jours brandi la menace de faire avancer une procédure de sanction pour violation des valeurs fondamentales de l'UE (Article 7 du Traité) entamée en 2018 à l'encontre de la Hongrie.

Cette procédure, souvent qualifiée d'option "nucléaire", pourrait théoriquement déboucher sur une suspension des droits de vote de la Hongrie au sein des réunions européennes mais elle requiert l'unanimité des 26 autres -- une hypothèse peu probable.

Lors du sommet de décembre, l'ouverture de négociations d'adhésion avec l'Ukraine, à laquelle s'opposait aussi Viktor Orban, avait été possible parce que ce dernier avait accepté de quitter la salle au moment où la décision était prise.

A la veille de cette réunion, la Commission avait accepté de débloquer quelque 10 milliards d'euros de fonds destinés à la Hongrie et jusque-là gelés, mettant en avant des réformes entreprises par Budapest pour améliorer l'indépendance de ses juges.

Mais plus de 20 milliards de fonds européens sont toujours retenus, en raison d'inquiétudes de Bruxelles portant notamment sur le respect des droits des personnes LGBT+, de la liberté académique et du droit d'asile dans le pays.

Et sur ces points, aucun progrès ne permet pour l'instant de débloquer des fonds, selon la Commission.

A côté de la question budgétaire, le sommet doit également aborder l'augmentation de l'aide militaire à l'Ukraine.

M.Schneider--HHA