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Présidentielle au Salvador: Bukele a voté et attend sa réélection dès le 1er tour
Présidentielle au Salvador: Bukele a voté et attend sa réélection dès le 1er tour / Photo: Marvin RECINOS - AFP

Présidentielle au Salvador: Bukele a voté et attend sa réélection dès le 1er tour

Le président Nayib Bukele a voté dimanche en milieu d'après-midi au Salvador, où les urnes sont ouvertes jusqu'à 17H00 (23H00 GMT), et attend désormais la confirmation de sa popularité par une réélection au 1er tour et une large majorité au parlement.

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Souriant, casquette blanche sur la tête, jean et polo bleu, Nayib Bukele a voté à San Salvador au côté de son épouse, sans faire de déclaration à la presse.

Sa "guerre contre les gangs" et une sécurité retrouvée dans un pays alors considéré parmi les plus dangereux au monde l'auréole d'une popularité sans équivalent, à 90% d'opinions favorables selon le Latinbarometro. L'opposition elle, est en lambeaux. Aucun de ses cinq candidats n'atteint 5% dans les derniers sondages.

Quelque 75.000 personnes ont été placés derrière les barreaux (environ 7.000 injustement détenus ont été libérés) à la faveur d'un état d'urgence en cours depuis mars 2022, permettant arrestations sans mandat et déploiement de l'armée dans les rues.

Mais dans le quartier de La Campanera, ex-bastion du Barrio 18 au nord-est de San Salvador, le sentiment d'insécurité persiste. "Quand ils (les soldats) sont là, on est libre (...) mais quand ils ne sont pas là, tout change", dit à l'AFP une électrice qui ne veut pas dire nom, faisant référence aux militaires déployés 24h/24 dans la zone et qui ont été les premiers à voter dans ce bureau.

"La peur" du gang "est toujours présente" car "il vit encore ici des fils, des frères, des cousins qui ont cette mentalité", énumère-t-elle, observant les gens autour.

Dans ce quartier à l'unique rue centrale bordée de blocs de petites maisons en briques nues où régnait l'extorsion des commerçants, Sandra Burgos, 68 ans, s'est résolue à croire à la sécurité retrouvée et a ouvert une petite librairie. "Avant, c'était terrible, on ne pouvait pas sortir" du quartier, car il fallait traverser celui de la bande rivale, la MS-13.

Lucia Alvayero, 46 ans, qui vend des crèpes de maïs à côté, sourit, certaine que "Bukele va gagner", et qu'elle pourra continuer à faire vivre dignement sa famille.

- "Parti hégémonique" -

Nayib Bukele, lui, répète les statistiques gouvernementales du taux d'homicide, réduit à 2,4 pour 100.000 habitants en 2023, contre 87 pour 100.000 en 2019, alors l'un des plus élevés au monde hors période de conflit. Il se targue d'avoir fait du Salvador le "pays le plus sûr au monde".

Sûr de sa popularité, il n'a pas appelé à voter pour lui mais pour les députés de son parti Nuevas ideas à l'Assemblée, pour confirmer la majorité dont il dispose après la réduction du nombre de parlementaires de 84 à 60.

"Avec un nouveau mandat de cinq ans, il aura le temps de consolider une dynamique de parti hégémonique", commente le politologue Alvaro Artiga, de l'Université centraméricaine (UCA).

Devant les bureaux de vote du Salvador où sont inscrits 5.473.305 électeurs, des files s'étirent sur les trottoirs, mais aucune estimation de participation ne sera divulguée par l'autorité électorale. Les temps d'attente étaient encore plus long à l'étranger, notamment en Espagne et aux Etats-Unis, où votaient 741.094 des près de 3 millions de Salvadoriens expatriés.

Nayib Bukele, ex-maire de San Salvador (2015-2018), entré en politique en 2012, se qualifie volontiers de "dictateur cool" pour tourner en dérision ses détracteurs qui l'accusent de s'être arrogé tous les pouvoirs. Il a remplacé les juges de la Cour suprême et le procureur général du Salvador, parvenant ainsi à contourner la Constitution, qui n'autorise qu'un seul mandat présidentiel, en se voyant accorder un congé de six mois avant le vote.

L'état d'urgence en cours depuis 22 mois et la construction d'une méga-prison de haute sécurité aux conditions de détention très strictes s'accompagnent d'allégations de violations généralisées des droits humains.

Bien que "favorable" au régime d'urgence, Mario Delgado, un retraité de la banque de 68 ans, estime, assis sur un banc à La Campanera, que la mesure "viole les droits de ceux d'entre nous qui ne sont pas des voleurs". S'il salue la jeunesse du président de 42 ans, il souhaite "de l'équité, des débats, un consensus" à l'Assemblée.

Certes, "la sécurité s'est améliorée. J'espère que cela va continuer et aussi que la situation économique va s'améliorer", relève Santos de Martinez, femme au foyer de 66 ans, à la sortie du bureau de vote adjacent.

De nombreux Salvadoriens continuent d'émigrer vers les Etats-Unis à la recherche d'un emploi, fuyant la pauvreté qui touche 29% de la population.

E.Mariensen--HHA