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La Russie silencieuse sur la mort de Navalny et sourde aux critiques occidentales
La Russie silencieuse sur la mort de Navalny et sourde aux critiques occidentales / Photo: Daniel LEAL - AFP

La Russie silencieuse sur la mort de Navalny et sourde aux critiques occidentales

La Russie était murée dans le silence samedi sur la mort en prison d'Alexeï Navalny, opposant numéro un au Kremlin, s'exprimant en revanche pour rejeter les accusations de l'Occident, qui juge le président Vladimir Poutine responsable de ce décès.

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Les autorités carcérales russes ont annoncé vendredi, par un communiqué lapidaire, que le célèbre militant, emprisonné depuis trois ans, était mort dans sa colonie pénitentiaire de l'Arctique où il purgeait une peine de 19 ans de détention.

L'homme de 47 ans, à la santé fragilisée par un empoisonnement et son emprisonnement, se serait "senti mal après une promenade" et aurait "perdu connaissance", ont-elles expliqué. Elles ont assuré que tout avait été fait pour le réanimer et que les causes du décès étaient "en train d'être établies".

Aucun détail n'a filtré depuis, et Vladimir Poutine n'a pas dit un mot sur la disparition de cette personnalité politique majeure, un décès qui intervient en outre à un mois de la présidentielle des 15-17 mars qui doit voir le maître du Kremlin reconduit, en l'absence de toute opposition, celle-ci ayant été décimée par la répression, en particulier depuis le début de l'assaut russe contre l'Ukraine il y a deux ans.

Les pays occidentaux, eux, ont dénoncé d'une même voix la "responsabilité" du régime russe.

Le président américain Joe Biden, "scandalisé", a accusé son homologue russe d'être "responsable de la mort" d'Alexeï Navalny, tandis que le gouvernement britannique a fait savoir aux diplomates de l'ambassade de Russie que Moscou serait tenu "pleinement responsable" du décès.

La mort d'Alexeï Navalny dit "la faiblesse du Kremlin et la peur de tout opposant", a estimé le président français Emmanuel Macron.

Autant d'accusations que le Kremlin a jugées vendredi "absolument inacceptables". Mais Vladimir Poutine reste lui silencieux, bien qu'il a été informé.

"Il n'y a pas encore eu d'examen médico-légal mais l'Occident a déjà tiré des conclusions", a dénoncé la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova d'après l'agence de presse officielle russe TASS.

La femme d'Alexeï Navalny, Ioulia Navalnaïa, avait elle appelé vendredi la communauté internationale à reconnaître que le chef de l'Etat russe est "personnellement responsable" de la mort de son mari.

Il n'est pas possible de savoir quand sa dépouille sera remise à sa famille, ni quand et où pourrait avoir lieu son enterrement.

Selon le journal indépendant Novaïa Gazeta, interdit en Russie, la mère du défunt, Lioudmila Navalnaïa et un avocat seraient en route pour la colonie pénitentiare IK-3, dans la région arctique de Iamal, où son fils est mort.

- Manifestations -

Si les autorités russes sont silencieuses sur les circonstances de la mort de l'opposant et que les médias d'Etat n'évoquent qu'à peine son décès, elles ont mis en garde la population contre toute manifestation.

Malgré des arrestations, comme vendredi soir, des Russes défilaient samedi en petit nombre dans plusieurs villes pour déposer des fleurs notamment sur des monuments à la mémoire des dissidents victimes des répressions politiques à l'époque soviétique.

Au total, "plus de 110 personnes" ont été interpellées et placées en détention lors de ces rassemblements dans 13 villes, principalement dans des grands centres urbains comme Moscou ou Saint-Pétersbourg, a annoncé samedi l'ONG spécialisée OVD-Info.

Un groupe de personnes habillées de couleur sombre a été vu en train d'enlever des fleurs déposées sur la place Loubianka, à Moscou, selon des vidéos postées sur les réseaux sociaux.

Samedi à la mi-journée, une centaine de personnes déposaient des fleurs devant un autre monument du centre-ville de Moscou sans que la police, présente en nombre dans le quartier, n'intervienne.

De l'Europe aux Etats-Unis, des centaines de personnes se sont également rassemblées vendredi soir pour rendre hommage à l'opposant politique, comme à Varsovie où des manifestants, majoritairement jeunes et pour beaucoup bouleversés, ont scandé "Poutine, assassin" et "Ne jamais oublier, ne jamais pardonner".

- "En bonne santé" -

Alexeï Navalny purgeait une peine de 19 ans d'emprisonnement pour "extrémisme" dans une colonie pénitentiaire reculée de l'Arctique, dans des conditions très difficiles. Les procès qui lui avaient été intentés avaient été largement dénoncés comme étant une manière de le punir pour son opposition à Vladimir Poutine.

Jeudi, l'opposant avait participé par vidéo à deux audiences devant un tribunal de la région de Vladimir et ne s'était pas plaint de sa santé, d'après l'agence de presse d'Etat Ria Novosti.

Sa mère, Lioudmila Navalnaïa, a déclaré avoir vu son fils lundi "en bonne santé et d'humeur joyeuse", dans un message sur Facebook cité par le journal indépendant Novaïa Gazeta.

Sa disparition prive de sa figure de proue une opposition exsangue après des années de répression.

- Répression -

La prison n'avait pas entamé la détermination d'Alexeï Navalny. Au cours des audiences de ses procès et dans des messages diffusés par l'intermédiaire de son équipe, il n'a jamais cessé de conspuer Vladimir Poutine.

Dans son procès pour "extrémisme", il avait fustigé "la guerre la plus stupide et la plus insensée du XXIe siècle", évoquant l'offensive russe contre l'Ukraine débutée le 24 février 2022.

Et dans un message le 1er février diffusé par son équipe, l'opposant avait appelé à des manifestations partout en Russie pendant l'élection présidentielle.

Nombre d'opposants ont été emprisonnés ou poussés à l'exil ces dernières années et la répression s'est encore accrue depuis 2022.

L'un des plus connus est Vladimir Kara-Mourza, empoisonné à deux reprises, qui purge une peine de 25 ans de privation de liberté. Il souffre de graves problèmes de santé en détention.

D'autres détracteurs de M. Poutine ont été assassinés, comme Boris Nemtsov, tué par balle près du Kremlin en février 2015.

bur-alf-pop-led/sba

U.Smith--HHA