Hamburger Anzeiger - Gaza: tirs israéliens et bousculade lors d'une distribution meurtrière d'aide

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Gaza: tirs israéliens et bousculade lors d'une distribution meurtrière d'aide

Gaza: tirs israéliens et bousculade lors d'une distribution meurtrière d'aide

Des tirs israéliens sur une foule affamée et une vaste bousculade pendant une distribution d'aide qui a tourné au chaos jeudi dans le nord de Gaza ont fait plus de 110 morts selon le Hamas, soulevant au sein de la communauté internationale indignation et appels à établir la vérité.

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Tout en reconnaissant des "tirs limités" par des soldats israéliens se sentant "menacés", un responsable de l'armée a fait état "d'une bousculade durant laquelle des dizaines d'habitants ont été tués et blessés, certains renversés par les camions d'aide".

Le conflit, qui a transformé le territoire en "zone de mort" selon l'ONU, est déjà, et de très loin, le plus meurtrier des cinq qui ont opposé Israël au mouvement islamiste depuis que ce dernier a pris le pouvoir à Gaza en 2007.

Sur fond de divergences entre Palestiniens et Israéliens sur le déroulement des événements jeudi, le chef des Nations unies Antonio Guterres, "choqué", a plaidé pour "une enquête indépendante efficace" pour identifier les responsabilités.

Vendredi, le président français Emmanuel Macron a exprimé sa "plus ferme réprobation" et demandé "vérité" et "justice", tandis que les Etats-Unis ont exigé d'Israël "des réponses".

Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni en urgence jeudi à huis clos pour discuter de ces événements.

Un médecin de l'hôpital al-Chifa a affirmé que des soldats israéliens avaient tiré sur "des milliers de citoyens" qui se précipitaient vers les camions d'aide à Gaza-ville, le ministère de la Santé du Hamas annonçant 112 morts et 760 blessés dans ce "carnage".

Selon un témoin ayant requis l'anonymat, "des camions d'aide se sont approchés trop près de certains chars de l'armée qui se trouvaient dans la zone et la foule, des milliers de personnes, a pris d'assaut les camions". Les soldats ont alors "tiré sur la foule car les gens s'approchaient trop près des chars".

- Un "carnage" -

L'Autorité palestinienne établie en Cisjordanie occupée, séparée de Gaza par le territoire israélien, a "condamné un massacre odieux commis par les forces d'occupation".

"Horrifié", le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a dénoncé un "nouveau carnage".

L'Arabie saoudite, le Qatar, et les Emirats arabes unis ont condamné "les tirs des forces d'occupation israéliennes contre des civils innocents". La Turquie a, elle, dénoncé "un crime contre l'humanité".

Lors d'appels distincts à l'émir du Qatar Tamim ben Hamad Al-Thani et au président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le président américain Joe Biden a évoqué l'épisode "tragique et alarmant" à Gaza, après avoir dit que son pays examinait les "versions contradictoires" du drame.

Le jour même, le ministère de la Santé du Hamas a annoncé un nouveau bilan de 30.035 morts et 70.457 blessés, la plupart des civils, depuis le 7 octobre, dans le territoire palestinien.

La guerre a été déclenchée ce jour-là par une attaque lancée par des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza voisine dans le sud d'Israël, qui a causé la mort d'au moins 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Durant l'attaque, quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza. Selon Israël, 130 otages y sont encore retenus, dont 31 seraient morts, après la libération de 105 otages en échange de 240 Palestiniens incarcérés par Israël lors d'une trêve fin novembre.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas considéré comme terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.

- "Probablement" pas de trêve -

Les espoirs d'une nouvelle trêve avant le début du ramadan, mois de jeûne sacré pour les musulmans qui commence autour du 10 ou 11 mars, s'estompent.

Il n'y aura "probablement" pas de trêve d'ici lundi, a affirmé Joe Biden après avoir dit en début de semaine qu'il espérait un cessez-le-feu d'ici au 4 mars.

Selon la Maison Blanche, le président américain a aussi échangé avec les chefs d'Etat du Qatar et d'Egypte sur un accord pour un cessez-le-feu "immédiat et durable" d'au moins six semaines, en échange de la libération des otages israéliens retenus à Gaza.

Les médiateurs - Qatar, Etats-Unis, Egypte - tentent depuis des semaines d'arracher un tel accord, sans succès jusqu'à présent.

"Le meilleur moyen d'alléger les souffrances actuelles du peuple palestinien est de parvenir à un accord sur un cessez-le-feu temporaire qui permettrait de libérer les otages, d'acheminer davantage d'aide", a affirmé le département d'Etat américain.

Selon l'ONU, 2,2 millions de personnes, soit l'immense majorité de la population, sont menacées de famine dans la bande de Gaza, en particulier dans le nord, où des Palestiniens ont raconté manger du fourrage ou abattre des animaux de trait pour se nourrir.

L'armée israélienne pilonne sans répit ce territoire exigu et a lancé le 27 octobre une offensive terrestre, ses soldats avançant progressivement du nord au sud.

- Désespoir à Rafah -

La guerre a aussi entraîné une flambée de violences en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Selon l'agence palestinienne Wafa, l'armée israélienne y a ouvert le feu contre trois Palestiniens jeudi près d'Hébron (sud), en touchant deux mortellement.

Deux Israéliens ont aussi été tués par balles dans une attaque près d'une colonie, attribuée par l'armée à "un terroriste" qui a été abattu.

A Gaza, les civils sont quotidiennement pris dans les combats et les bombardements israéliens qui ont dévasté des quartiers entiers et forcé 1,7 million de personnes à fuir leurs foyers.

Selon l'ONU, près de 1,5 million de déplacés ont gagné Rafah, une ville de quelque 270.000 habitants avant la guerre, et sont désormais massés sans échappatoire dans cette ville collée contre la frontière fermée avec l'Egypte.

Mais le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est dit déterminé à y lancer une offensive terrestre pour selon lui vaincre le Hamas dans son "dernier bastion".

"J'ai peur qu'ils ne lancent une attaque contre Rafah. Où irons-nous?", affirme Abdallah al-Masry, 19 ans, déplacé de Beit Hanoun (nord). "Nos familles dans le nord n'ont rien, ni nourriture, ni eau. Ils nous disent qu'ils mangent des pigeons morts et de la viande d'âne. Le monde devrait avoir honte!"

W.Widmer--HHA