Hamburger Anzeiger - Mexique: début des hostilités entre les deux femmes aux portes de la présidence

Euronext
AEX 0.73% 922.63
BEL20 0.64% 4310.53
PX1 0.32% 7602.06
ISEQ 0.63% 9796.18
OSEBX 0.06% 1450.21 kr
PSI20 -0.57% 6716.78
ENTEC -0.41% 1416.23
BIOTK 2.19% 2648.13
N150 -0.04% 3369.26
Mexique: début des hostilités entre les deux femmes aux portes de la présidence
Mexique: début des hostilités entre les deux femmes aux portes de la présidence / Photo: Rodrigo Oropeza, CLAUDIO CRUZ - AFP

Mexique: début des hostilités entre les deux femmes aux portes de la présidence

C'est parti pour trois mois: la campagne commence vendredi au Mexique, où deux femmes se disputent le vote de quelque 99 millions d'électeurs pour devenir la première présidente dans l'histoire d'un pays à la réputation machiste, avec la sécurité au cœur des débats.

Taille du texte:

Peu après minuit (06h00 GMT), la candidate de l'opposition Xochitl Galvez, en retard dans les sondages, va attaquer le bilan du président de gauche nationaliste sortant, Andres Manuel Lopez Obrador, et sa candidate, Claudia Sheinbaum, favorite du scrutin du 2 juin.

Galvez organise une "marche pour la paix" à Fresnillo (nord), la ville la plus dangereuse du pays d'après une enquête nationale sur la perception de l'insécurité par les habitants.

La sénatrice fera étape vendredi après-midi dans le Guanajuato voisin, l'Etat qui enregistre le plus d'homicides parmi les 32 entités du pays.

En déposant sa candidature la semaine dernière, Xochitl Galvez a dénoncé "la tolérance" du gouvernement envers le crime organisé qui "contrôle de vastes territoires du pays", référence aux cartels de la drogue.

Adepte du franc-parler, elle a promis qu'elle aurait elle-même les "ovaires" pour lutter contre la narcoviolence, responsable d'une bonne partie des quelque 30.000 homicides enregistrés chaque année au Mexique.

Plus classiquement, Claudia Sheinbaum a convoqué ses supporteurs vendredi dans son fief de Mexico, sur Zocalo, la plus grande place d'Amérique latine.

Fidèle du président Lopez Obrador, la candidate de Mouvement pour la régénération nationale (Morena) entend poursuivre sa politique de "transformation" du Mexique et de réduction des inégalités sociales.

Depuis l'élection de Lopez Obrador en 2018, 8,9 millions de Mexicains sont sortis de la pauvreté d'après les chiffres officiels.

Entre décembre 2018 et janvier 2024, le salaire minimum a plus que doublé, à près de 250 pesos quotidiens (14,50 dollars).

Le gouvernement de gauche sortant peut aussi mettre en avant de bons résultats économiques, grâce au dynamisme des échanges avec les Etats-Unis: monnaie forte, bonne tenue des investissements étrangers, finances publiques saines, croissance de 3,1% en 2023.

- "AMLO est trop populaire" -

Portée par la popularité du président sortant (69% d'approbation), Sheinbaum est créditée de 63% d’intentions de vote, soit le double de celles de sa principale adversaire (31%).

"Bien que rien ne soit impossible en politique, à un peu plus de trois mois de l'élection, il est très improbable que Galvez puisse gagner suffisamment de terrain pour que la course soit compétitive", a déclaré à l'AFP l'analyste Michael Shifter, du groupe de réflexion Inter-American Dialogue à Washington.

Lopez Obrador "est trop populaire, et la machine du gouvernement et du parti est trop redoutable", a-t-il ajouté.

Un troisième candidat, Jorge Alvarez, est loin derrière avec 5% d’intentions de vote. Il lancera sa campagne à Lagos de Moreno, une ville près de Guadalajara (nord-ouest) traumatisée par l'enlèvement et la disparition de cinq jeunes en août dernier, sans doute torturés et exécutés.

Le Mexique s'apprête à organiser les plus grandes élections de son histoire, avec en plus de la présidentielle, députés et sénateurs, neuf des 32 gouverneurs dans les Etats (dont la mairie de Mexico) et des élections locales.

Dans ce pays de près de 130 millions d'habitants, la violence électorale a déjà commencé, avec 33 assassinats de personnalités politiques locales comptabilisés par l'entreprise Laboratorio Electoral entre le 4 juin et le 7 février, dont 16 futurs candidats.

Ce lundi, deux pré-candidats à une mairie de l'État du Michoacan (nord-ouest) ont été assassinés par des hommes armés dans une même localité.

Cette campagne se présente comme un test pour la solidité de la jeune démocratie mexicaine, ouverte aux alternances depuis 25 ans, après 70 ans de domination absolue du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI).

Au pouvoir depuis décembre 2018, Morena n'a cessé d'étendre son influence (présidence, majorité à l'Assemblée et au Sénat, gouverneurs dans la majorité des 32 Etats du pays).

En prélude à la campagne, le président a présenté un paquet de réformes constitutionnelles qui prévoit entre autres l'élection au suffrage populaire des juges de la Cour suprême, en mesure de censurer les lois proposées par l'exécutif.

"On ne touche pas à la démocratie", lui ont répondu des dizaines de milliers de manifestants réunis le 12 février à Mexico.

"On cherche à ce que les élections soient organisées et que la justice soit rendue par des fonctionnaires et des juges élus avec l'appui du parti majoritaire", a dénoncé lors du rassemblement l'ancien président de l'Institut national électoral Lorenzo Cordova.

L'ambiance de la campagne pourrait devenir bien vite délétère. Deux articles sont sortis récemment dans la presse américaine, accusant le président de liens entre le narcotrafic et ses campagnes présidentielles antérieures.

Le président a dénoncé une "calomnie" allant jusqu'à divulguer le numéro d'une journaliste du New York Times lors de la publication du second article.

P.Garcia--HHA