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Violences en Haïti: le Premier ministre contesté a atterri à Porto Rico
Violences en Haïti: le Premier ministre contesté a atterri à Porto Rico / Photo: Clarens SIFFROY - AFP

Violences en Haïti: le Premier ministre contesté a atterri à Porto Rico

Le Premier ministre haïtien Ariel Henry, absent depuis plusieurs jours de ce pays en proie à de fortes violences, a atterri mardi sur le territoire américain de Porto Rico, dans les Caraïbes.

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Les gangs, qui contrôlent des pans entiers d'Haïti, y compris dans la capitale Port-au-Prince, s'en prennent depuis plusieurs jours à des sites stratégiques, profitant d'un voyage à l'étranger du Premier ministre, très contesté.

La capitale haïtienne est sous état d'urgence et couvre-feu depuis dimanche, après la libération par des bandes armées de milliers de détenus.

Ces bandes armées assurent vouloir renverser le chef du gouvernement haïtien, au pouvoir depuis l'assassinat en 2021 du président Jovenel Moïse, et qui aurait dû quitter ses fonctions début février.

Ariel Henry, qui était en visite la semaine dernière au Kenya, "a atterri à Porto Rico" mardi, a déclaré la porte-parole du gouvernement de Porto Rico, Sheila Anglero, à l'AFP par téléphone. Elle a précisé ne pas savoir si le Premier ministre haïtien se trouvait toujours sur l'île.

Le département d'Etat américain avait annoncé lundi qu'Ariel Henry était sur la route du retour pour Port-au-Prince. Mais d'après le média haïtien Radio Télé Métronome, il n'avait pas pu atterrir dans la capitale en raison de problèmes de sécurité à l'aéroport.

Selon le média dominicain CDN, l'avion privé du Premier ministre, en partance de l'Etat américain du New Jersey, a atterri à Porto Rico après s'être vu refuser un atterrissage en République dominicaine, pays voisin d'Haïti. Les relations sont tendues entre les deux pays.

Des gangs armés ont attaqué mardi l'académie de police de la capitale haïtienne, après avoir tenté la veille de s'emparer de l'aéroport international Toussaint-Louverture.

L'attaque contre l'académie de police, située dans un quartier de Port-au-Prince gangréné par les bandes armées et où plus de 800 personnes sont en formation, a été repoussée par des policiers déployés en renfort, a déclaré Lionel Lazarre, coordonnateur du Syndicat national de policiers haïtiens (Synapoha).

Plusieurs personnes armées ont pris d'assaut un commissariat de police près de l'aéroport et l'ont incendié, selon la même source.

Les troubles ont conduit les compagnies aériennes internationales à annuler tous les vols à destination de Port-au-Prince.

- "Escalade" -

Le bureau de l'aviation civile de la République dominicaine qui partage l'île d'Hispaniola avec Haïti a annoncé avoir suspendu "avec effet immédiat" toutes les liaisons aériennes avec sa voisine.

Les dernières violences succèdent aux assauts lancés au cours du week-end contre deux prisons de Port-au-Prince, qui se sont soldés par l'évasion de milliers de détenus et une dizaine de morts.

En réaction, le gouvernement a décrété l'état d'urgence et un couvre-feu nocturne de trois jours renouvelables jusqu'à mercredi inclus.

Cette nouvelle "escalade" de la violence a forcé quelque 15.000 personnes à fuir leur domicile à Port-au-Prince, a dit mardi à New York le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric, précisant que les humanitaires avaient commencé à distribuer nourriture et autres produits de première nécessité sur trois nouveaux sites de déplacés.

Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira mercredi à huis clos sur le sujet, selon le programme du Conseil. Maria Isabel Salvador, représentante des Nations unies en Haïti, leur fera à distance un point sur la situation.

Après avoir été comme paralysée, la capitale a semblé malgré tout mardi reprendre un semblant d'activité, même si certaines rues restent barricadées par les pierres et troncs d'arbres mis en place par les habitants pour se protéger, d'après des journalistes de l'AFP.

- "Violence horrible" -

Les transports fonctionnent à nouveau et les commerces ont rouvert. De longues files d'attente s'allongent devant les magasins, les banques et les stations-service.

Le département d'Etat américain avait annoncé que le Premier ministre était sur la route du retour lundi, mais mardi celui-ci était toujours attendu dans son pays.

D'après le média local Radio Télé Métronome, Ariel Henry n'a pas pu rentrer en raison du manque de sécurité à l'aéroport.

Le chef du gouvernement s'est rendu à Nairobi la semaine dernière afin de signer un accord pour l'envoi de policiers kényans en Haïti dans le cadre d'une mission internationale soutenue par l'ONU et les Etats-Unis.

Haïti, pays le plus pauvre des Amériques, est confronté à une profonde crise politique, humanitaire et sécuritaire aggravée par l'assassinat de Jovenel Moïse, avec un processus politique dans l'impasse totale.

Selon l'ONU, plus de 8.400 personnes ont été victimes de la violence des gangs l'année dernière, ayant été tuées, blessées ou enlevées, "une augmentation de 122% par rapport à 2022".

"Chaque jour qui passe, si ce n'est chaque heure, il est clair que c'est le peuple haïtien qui souffre en essayant de survivre au milieu d'une violence horrible et inhumaine", a commenté Stéphane Dujarric, répétant l'appel du secrétaire général de l'ONU à tous les acteurs politiques de faire avancer le processus permettant la tenue d'élections.

J.Fuchs--HHA