Hamburger Anzeiger - Le Conseil de sécurité de l'ONU au chevet de Haïti menacée de "guerre civile" par des gangs

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Le Conseil de sécurité de l'ONU au chevet de Haïti menacée de "guerre civile" par des gangs
Le Conseil de sécurité de l'ONU au chevet de Haïti menacée de "guerre civile" par des gangs / Photo: Clarens SIFFROY - AFP

Le Conseil de sécurité de l'ONU au chevet de Haïti menacée de "guerre civile" par des gangs

Le Conseil de sécurité de l'ONU est réuni mercredi en urgence au sujet de l'escalade de la violence en Haïti, où un chef de gang a menacé d'une "guerre civile" si le Premier ministre Ariel Henry, de plus en plus sous pression, ne démissionnait pas.

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Les bandes criminelles, qui contrôlent la majorité de la capitale Port-au-Prince ainsi que les routes menant au reste du territoire, s'en prennent ces derniers jours à des sites stratégiques de ce pays pauvre des Caraïbes: école de police, aéroport et plusieurs prisons, d'où ont pu s'évader des milliers de détenus.

La zone de l'aéroport Toussaint-Louverture a de nouveau été le théâtre d’affrontements entre les forces de sécurité et des gangs dans la nuit de mardi à mercredi, selon une source policière.

L'activité reprend néanmoins dans les rues de Port-au-Prince, autour des commerces, même si les administrations et les écoles restent fermées, a constaté un correspondant de l'AFP.

Un influent chef de gang, Jimmy Chérizier, a assuré mardi à des journalistes que si Ariel Henry ne démissionnait pas et si la communauté internationale continuait de le soutenir, le pays allait "tout droit vers une guerre civile qui conduira à un génocide".

"Soit Haïti devient un paradis pour nous tous, soit un enfer pour nous tous", a affirmé cet ancien policier de 46 ans, surnommé "Barbecue", entouré d'hommes armés et cagoulés.

Les groupes armés disent vouloir renverser le Premier ministre au pouvoir depuis l'assassinat en 2021 du président Jovenel Moïse et qui aurait dû quitter ses fonctions début février.

Dans un pays sans président ni parlement et où aucune élection n'a eu lieu depuis 2016, la question de son remplacement reste ouverte.

- "Pas de démission" -

A Washington, les Etats-Unis pressent Ariel Henry d'"accélérer la transition" vers une nouvelle "structure de gouvernance" vers des "élections libres et équitables", a insisté mercredi le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller. La diplomatie américaine attend du chef du gouvernement qu'il fasse des "concessions dans l'intérêt du peuple haïtien".

Pour autant "nous ne poussons absolument pas le Premier ministre à démissionner", a précisé la porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre. "Mais nous avons souligné qu'il est maintenant temps de boucler un accord politique pour aider Haïti à se tourner vers un avenir meilleur", a-t-elle ajouté.

Absent depuis plusieurs jours de son pays après un déplacement au Kenya et n'ayant pu retourner à Port-au-Prince, Ariel Henry a atterri mardi soir à Porto Rico, selon la porte-parole du gouverneur de ce territoire américain des Caraïbes.

En réaction aux violences, le gouvernement haïtien a décrété l'état d'urgence et un couvre-feu nocturne de trois jours renouvelable, pendant qu'Ariel Henry était à Nairobi pour tenter de mettre enfin sur les rails la future force multinationale destinée à aider une police haïtienne dépassée.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé cette semaine à "une action urgente" pour financer cette mission multinationale qui doit "empêcher le pays de plonger encore plus dans le chaos".

Un appel relayé par le Haut-Commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme, Volker Türk estimant mercredi que, "dans le contexte actuel, il n'y a pas d'alternative pour protéger la vie des gens"face à une situation "plus qu'insoutenable".

- "Niveau stupéfiant" de violence -

En raison des violences, de la crise politique et d'années de sécheresse, 5,5 millions d'Haïtiens, soit près de la moitié de la population, ont besoin d'assistance humanitaire. Mais l'appel aux dons de l'ONU -- 674 millions de dollars pour 2024 -- n'est financé qu'à 2,5%.

Et l'escalade des derniers jours a forcé 15.000 personnes à fuir leur domicile à Port-au-Prince, selon l'ONU qui a commencé à leur distribuer nourriture et produits de première nécessité.

Après des mois de tergiversations, le Conseil de sécurité avait donné en octobre son accord pour l'envoi d'une mission multinationale menée par le Kenya qui veut dépêcher 1.000 policiers. Mais son déploiement se fait attendre, suspendue à une décision de la justice kényane.

Nairobi et Port-au-Prince ont signé vendredi un accord bilatéral mais aucune date n'est avancée pour l'arrivée de la mission.

Fin février, cinq autres pays, dont le Bénin avec plus de 1.500 hommes, ont notifié leur intention de participer à la mission sur le terrain.

Enlèvements, snipers sur les toits, violences sexuelles utilisées pour installer la peur... Début janvier, Antonio Guterres s'était dit "consterné" par le "niveau stupéfiant" de la violence des gangs qui ravage le pays, notant que le nombre d'homicides avait plus que doublé en 2023, avec près de 5.000 personnes tuées, dont 2.700 civils.

X.Nguyen--HHA