Hamburger Anzeiger - Argentine: Un gouverneur médiatise à outrance sa reprise en mains de prisons

Euronext
AEX 0.73% 922.63
BEL20 0.64% 4310.53
PX1 0.32% 7602.06
ISEQ 0.63% 9796.18
OSEBX 0.06% 1450.21 kr
PSI20 -0.57% 6716.78
ENTEC -0.41% 1416.23
BIOTK 2.19% 2648.13
N150 -0.04% 3369.26
Argentine: Un gouverneur médiatise à outrance sa reprise en mains de prisons
Argentine: Un gouverneur médiatise à outrance sa reprise en mains de prisons / Photo: Handout - Santa Fe's Government/AFP

Argentine: Un gouverneur médiatise à outrance sa reprise en mains de prisons

Des prisonniers torse nu, assis en rang par terre les mains attachées derrière le dos sous la surveillance de policiers lourdement armés. En Amérique latine, ces images ne sont plus l'apanage du Salvador et de l'Equateur dans leur "guerre contre les gangs" : un gouverneur argentin communique abondamment sur sa reprise en mains des prisons dans sa province.

Taille du texte:

En deux mois de mandat, Maximiliano Pullaro, gouverneur de la province de Santa Fe (centre), dont Rosario, 1,3 millions d'habitants est la capitale, dit avoir reçu 25 menaces de mort pour avoir durci les conditions de détention de prisonniers, surtout celles des chefs de gangs sous les verrous.

Comme les présidents salvadorien Nayib Bukele et équatorien Daniel Noboa, il abuse dans les télés, journaux et réseaux sociaux d'images de détenus sous la contrainte. Et comme eux il a aussi lancé la construction d'une prison de haute sécurité.

Le ministre local de la Sécurité, Pablo Cococcioni, a mis en garde les chefs de gangs locaux : lorsque sa construction sera terminée, "ils ne feront plus les malins".

- Représailles -

Troisième ville d'Argentine, Rosario est le principal port du pays par voie fluviale sur le fleuve Parana. Et selon les experts la ville est devenue un point de passage privilégié pour la sortie de la drogue issue de Bolivie, Brésil et Paraguay et à destination de l'Europe et l'Asie.

En corolaire, Rosario possède le pire taux d'homicides du pays : 22 pour 100.000 habitants, soit cinq fois la moyenne nationale.

Dans la nuit de mardi à mercredi, un chauffeur de taxi a été abattu de neuf balles dans sa voiture. Mercredi, un autre a reçu une balle dans la tête. Le syndicat des chauffeurs lie ces décès à des représailles après la diffusion à la télévision d'images de fouilles dans les prisons.

La semaine dernière c'est un bus transportant du personnel de l'administration pénitentiaire qui a été la cible d'une rafale tirée depuis une voiture.

"Il est clair que le motif (de ces attaques) est une réaction à la reprise en mains par l'administration pénitentiaire des conditions de détention des prisonniers de haut rang", explique à l'AFP Franco Carbone, le procureur chargé de l'enquête sur les menaces contre les autorités.

"L'objectif est d'attirer l'attention, non seulement des autorités, mais aussi de toute personne vivant à Rosario, et de créer du désordre public", estime-t-il.

Selon la justice, c'est cette logique qui a motivé en mars dernier les tirs sur la façade d'un commerce de Rosario appartenant à la belle-famille de la star du football argentin et mondial, Lionel Messi.

- "Contre-productif" -

"Le gouvernement est entré dans une logique très inquiétante, que j'appelle la +bukelisation+, car la seule chose significative qu'il fait (...) c'est du bruit médiatique", estime auprès de l'AFP Enrique Font, professeur de criminologie à l'Université de Rosario.

"C'est contre-productif, car le phénomène auquel on est confronté est une violence rustique, identitaire. La pire chose que l'Etat puisse faire est d'alimenter cette identité, en les utilisant politiquement, en les montrant, parce que la violence identitaire veut cette reconnaissance", ajoute l'expert, qui déplore la multiplication des images de perquisitions et de transferts de prisonniers.

Vendredi dernier, le président ultralibréal Javier Milei a félicité le travail de M. Pullaro à Rosario, faisant état d'une nette réduction des homicides en janvier et février par rapport à l'année précédente : 60 % selon M. Milei, chiffre "exagéré" selon les vérificateurs de faits du site Chequeado.

A.Wulhase--HHA