Le géant australien Woodside se retire à son tour de la Birmanie
Le géant australien de l'énergie Woodside a annoncé jeudi son retrait de Birmanie, rejoignant ainsi les nombreuses compagnies qui ont décidé de quitter le pays, près d'un an après le coup d'Etat militaire.
"Woodside a décidé de mettre fin à ses intérêts en Birmanie", a-t-il déclaré dans un communiqué à destination de ses actionnaires, au bout de neuf ans de présence dans ce pays.
Le géant pétrolier a invoqué "la détérioration de la situation des droits humain" comme l'une des raisons ayant conduit à cette décision qui lui coûtera au moins 200 millions de dollars (178 millions d'euros).
"Compte-tenu de la situation actuelle en Birmanie, nous ne pouvons plus envisager la participation de Woodside dans la zone d'exploration gazière A-6 ni dans d'autres activités dans le pays", a déclaré la vice-présidente exécutif Meg O'Neill.
Le permis A6 est un projet de futur développement de découverte de gaz, en partenariat avec Total, dans une zone d'exploration située en offshore profond, à l'ouest de la Birmanie.
Woodside, un des 10 plus grands producteurs mondiaux de gaz naturel liquéfié, basée à Perth, exploite de nombreux sites d'exploration et de forage en Birmanie, où une junte militaire a renversé en février dernier le gouvernement d'Aung San Suu Kyi, mettant un terme à la transition démocratique en cours dans ce pays d'Asie du Sud-Est depuis 2010.
- "Risques financiers" -
Woodside emboîte ainsi le pas au géant français TotalEnergies et au mastodonte américain Chevron qui ont annoncé la semaine dernière leur retrait de Birmanie où ils étaient partenaires dans le champ gazier de Yadana.
Implanté depuis 1992 dans le pays, uniquement dans le secteur du gaz, TotalEnergies y emploie plus de 200 personnes et a justifié son retrait par un "contexte qui ne cesse de se dégrader au Myanmar, en matière de droits humains".
Face à la répression de la contestation par l'armée, qui a fait plus de 1.500 victimes civiles selon les dernières estimations et prend de plus en plus la forme d'une guerre civile, des ONG maintiennent la pression sur les grands groupes internationaux, afin de les pousser à revoir leurs activités sur place.
Mercredi, Washington a exhorté les entreprises américaines présentes dans le pays à rester extrêmement méfiantes et éviter en particulier les entreprises publiques birmanes, citant les risques d'être associées à un gouvernement militaire.
Ces entreprises s'exposent "à d'importants risques concernant leur réputation ainsi qu'à des risques financiers et juridiques", notamment en enfreignant les sanctions et les lois sur le blanchiment d'argent, selon un communiqué de six ministères américains.
L'industrie gazière de Birmanie est estimée à environ 1 milliard de dollars par an.
Elaine Pearson, directrice de Human Rights Watch en Australie, a estimé que le départ de Woodside "souligne le besoin urgent de sanctions coordonnées et ciblées" visant les revenus provenant du gaz naturel du régime.
Le départ des entreprises occidentales privera au moins temporairement la junte de centaines de millions de dollars de revenus étrangers par an, à un moment où l'économie est soumise à de fortes tensions.
F.Schneider--HHA