Premier ministre: la gauche espère une fumée blanche cette fin de semaine
Un Premier ministre de gauche pour la fin de la semaine ? C'est la promesse susurrée par les dirigeants du Nouveau Front populaire, mais qui tarde à prendre corps et fait douter de leur capacité à s'entendre.
Les discussions ont commencé dès que furent connus les résultats du second tour des législatives dimanche dernier qui ont placé l'alliance de gauche en tête en nombre de sièges dans la nouvelle Assemblée nationale, mais sans majorité absolue. Elles doivent se poursuivre vendredi, dans la discrétion.
"Nous aurons une équipe gouvernementale" à la fin de cette semaine, a assuré la députée insoumise Mathilde Panot jeudi, évoquant le poste de Premier ou Première ministre et les ministères-clés.
Mais plusieurs responsables de gauche ne cachent pas leur impatience et les difficultés du processus soulignent la rivalité entre la France insoumise (LFI) et le Parti socialiste pour Matignon.
"Pour l'instant, les Insoumis ne veulent pas totalement se résoudre à laisser ce poste à un socialiste. Mais ils ne proposent pas Jean-Luc Mélenchon, ce qui est plutôt louable. Ils ont mis de l'eau dans leur vin", glisse un proche des négociateurs.
Le Nouveau Front populaire, avec 195 députés, s'estime vainqueur des législatives anticipées bien qu'il lui manque une centaine de sièges pour atteindre la majorité absolue.
Et il considère que président de la République doit appeler un des siens à Matignon.
- "Tous minoritaires" -
"Personne ne l'a emporté. Aucune force politique n'obtient seule une majorité suffisante et les blocs ou coalitions qui ressortent de ces élections sont tous minoritaires", a répondu Emmanuel Macron dans la lettre qu'il a adressée aux Français sur le chemin du sommet de l'Otan à Washington.
Autrement dit, rien ne garantit que le chef de l'Etat nommera le Premier ministre que lui proposera le NFP. La crise politique pourrait ainsi se doubler d'une crise institutionnelle.
La France, avec ces élections législatives, a vu basculer les institutions très présidentielles de la Ve République sur un versant parlementaire. C'est dans ce contexte qu'Emmanuel Macron a appelé à la formation d'une large coalition, incluant le centre, la droite et la gauche, mais pas le Rassemblement national (RN) et la France insoumise (LFI).
Il souhaite temporiser, suivi en cela par le président du Sénat Gérard Larcher qui suggère de maintenir le gouvernement de Gabriel Attal en place jusqu'à septembre, afin qu'il soit aux commandes pendant les Jeux olympiques et paralympiques.
Pendant ce temps, au Palais Bourbon, les groupes politiques se mettent en ordre de bataille. Les macronistes de Renaissance devraient élire samedi leur président, qui pourrait être Gabriel Attal, dont l'implication dans la campagne législative a été appréciée par les députés.
Plus tard dans la semaine, Emmanuel Macron devrait formellement accepter la démission du gouvernement qui passerait alors en mode gestion des affaires courantes. Les 18 ministres qui ont été élus députés pourront alors siéger à l'Assemblée nationale et participer à l'élection de son président ou de sa présidente jeudi prochain.
Plusieurs autres postes-clés seront à pourvoir au cours d'une journée qui préfigurera les joutes de la nouvelle législature.
A.Roberts--HHA