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Bassines: les autorités craignent de "grandes violences" lors du nouveau rassemblement
Bassines: les autorités craignent de "grandes violences" lors du nouveau rassemblement / Photo: Bertrand GUAY - AFP

Bassines: les autorités craignent de "grandes violences" lors du nouveau rassemblement

La nouvelle mobilisation organisée cette semaine dans le Poitou contre les "bassines", des réserves d'irrigation controversées, fait craindre aux autorités "des actes d'une très grande violence" de la part de manifestants radicalisés.

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"Nous attendons entre 6.000 et 8.000 manifestants dont un millier de personnes extrêmement violentes, qu'on pourrait qualifier de radicalisées", a déclaré lundi matin le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, sur franceinfo.

Il présentera dans l'après-midi à Niort le dispositif de sécurité mis en place pour les manifestations annoncées vendredi et samedi dans le cadre du "Village de l'eau", campement installé de mardi à dimanche à Melle (Deux-Sèvres).

À quelques jours des Jeux olympiques, au moins 10.000 personnes y sont attendues par 120 organisations, associations, syndicats et collectifs dont Bassines Non Merci, les Soulèvements de la Terre, Attac, l'union Solidaires et la Confédération paysanne.

Le lieu du rassemblement est à une quinzaine de kilomètres de Sainte-Soline, où le chantier d'une retenue d'eau avait donné lieu à de violents affrontements en mars 2023 entre militants radicaux et forces de l'ordre, lors d'une précédente manifestation alors interdite.

Pour l'heure, seul le Village de l'eau a fait l'objet d'une déclaration par la municipalité de Melle, où 200 élus locaux ont exprimé leur inquiétude vendredi soir.

- Moratoire -

La préfecture des Deux-Sèvres a rappelé que seule la municipalité de Melle avait compétence pour interdire l'événement si elle juge que les conditions de sécurité ne sont pas réunies.

Les manifestations prévues vendredi et samedi sur le site d'une future "bassine" à Saint-Sauvant (Vienne) et au terminal agro-industriel du port de La Rochelle, lors desquelles des actions sont annoncées dans le but "d'arracher un moratoire" sur la construction des réserves, n'ont pas été déclarées pour l'heure.

"Les intimidations policières et les éventuelles interdictions ne doivent pas nous empêcher de venir en masse pour exprimer notre opposition aux méga-bassines", ont affirmé les organisateurs.

Une quinzaine de convois venant de différentes régions françaises mais aussi de Belgique, d'Allemagne et d'Italie doivent converger à Melle. Selon le ministre de l'Intérieur, "plus d'une centaine de militants d'ultragauche", venant de pays européens limitrophes, se sont vus prononcer une interdiction d'entrée sur le territoire.

Il y a quinze mois, plus de 3.000 gendarmes avaient été mobilisés pour protéger le chantier de Sainte-Soline et ils avaient tiré plus de 5.000 grenades lacrymogènes en moins d'une heure et demie pour disperser la foule des manifestants.

La Ligue des droits de l'Homme, qui déploiera de nouveau des observateurs cette semaine, avait alors dénoncé "un usage immodéré et indiscriminé de la force" de la part des gendarmes et des "entraves au secours" des blessés, démenties par les autorités.

- "Guerre civile" -

Tandis que la tension monte, la Confédération paysanne appelle à "sortir de l'impasse et de la confrontation destructrice" pour renouer le dialogue sur la question du partage de l'eau, au cœur du débat sur les "bassines".

"Ne laissons pas la guerre civile s'installer dans nos campagnes", a lancé de son côté la Coordination rurale, majoritaire dans la Vienne où la manifestation est prévue vendredi.

Ce syndicat demande à l'État d'interdire le rassemblement et de déployer des forces de l'ordre" en nombre", tout en appelant les agriculteurs à l'autodéfense, à l'instar de sa branche lot-et-garonnaise, très active en début d'année lors de la crise agricole.

La FNSEA, majoritaire dans la profession, appelle au calme, jugeant que "tout est réuni pour que le pire arrive".

Les réserves dites de substitution, qui visent à stocker de l'eau puisée dans les nappes en hiver afin d'irriguer les cultures en été, sont pour leurs partisans une condition de survie face au changement climatique. À l'inverse, leurs détracteurs décrivent un "accaparement" de l'eau par l'agro-industrie.

Dernière mobilisation en date, des milliers de personnes avaient protesté le 11 mai dans le Puy-de-Dôme contre la construction des deux plus grandes "méga-bassines" de France.

Cette manifestation organisée notamment par les Soulèvements de la Terre, qui n'avait pas été interdite par la préfecture, n'avait donné lieu à aucun incident.

F.Carstens--HHA