Disparition de Tiphaine Véron au Japon: sa famille veut "les réponses que nous n'avons jamais eues"
"On est toujours combatifs, mais épuisés", a confié à l'AFP le frère de Tiphaine Véron, disparue il y a six ans lors d'un voyage au Japon, disant vouloir livrer "une dernière année de combat" pour obtenir "les réponses que nous n'avons jamais eues".
La Française n'a plus été revue depuis le matin du 29 juillet 2018 à Nikko, petite ville touristique à 150 km au nord de Tokyo, où son passeport et ses bagages ont été retrouvés dans sa chambre d'hôtel. Elle était alors âgée de 36 ans.
Son frère Damien et d'autres membres de sa famille ont depuis multiplié les voyages au Japon pour suivre l'enquête de la police locale, qui n'a pas donné de résultats probants, et mener ses propres investigations sur le terrain, faisant aussi appel à des enquêteurs privés.
Les Véron sont représentés depuis mai par le cabinet d'avocats Zimeray & Finelle, choisi pour son expertise internationale notamment au Japon, où il a représenté Carlos Ghosn ou le Français Vincent Fichot, qui avait mené une grève de la faim en 2021 pour tenter de revoir ses enfants emmenés par leur mère japonaise.
Mais "six ans après la disparition de Tiphaine, le Japon n'a accompli que trop peu d'investigations pour la retrouver", a regretté Me Jessica Finelle, interrogée par l'AFP.
"La police japonaise n'a pas même ouvert d'enquête criminelle alors que cette disparition est immédiatement apparue suspecte", a-t-elle ajouté, s'interrogeant: "Pourquoi cette réticence à tout mettre en œuvre pour retrouver Tiphaine?"
- "Dernière année de combat" -
En France, le dossier a été relancé début 2023 après que l'affaire a été confiée au pôle des crimes non élucidés - dits "cold cases" - de Nanterre, et une commission rogatoire internationale est en cours, mais la famille et ses avocats soulignent la difficulté des échanges entre le Japon et la justice française.
L'Organisation des Nations unies a ainsi adressé le mois dernier au Japon une "communication dans des termes particulièrement sévères" demandant notamment "une pleine coopération avec les autorités judiciaires françaises", a souligné Me Finelle.
"Pour nous, c'est probablement la dernière année d'enquête, la dernière année de combat", dit Damien Véron. "On va mettre le paquet sur l'enquête privée, on lance un crowdfunding, on va essayer d'avoir le maximum d'éléments, d'avoir les dernières réponses que nous n'avons jamais eues".
Les proches de Tiphaine ont notamment lancé lundi un appel à témoins via une vidéo demandant aux touristes présents à Nikko le jour de la disparition de Tiphaine d'envoyer leurs photos qui permettraient d'identifier un éventuel suspect.
"Le dossier de Tiphaine est un dossier qu'il faut porter tous les jours, tout le temps. Il peut vite tomber en inertie", note Damien Véron. "Si tu ne fais rien, tout le monde t'oublie très vite."
M.Huber--HHA