La Russie et les Occidentaux procèdent à un grand échange de prisonniers
La Russie et les Occidentaux procèdent en Turquie à un échange d'une vingtaine de prisonniers, dont le journaliste américain du Wall Street Journal Evan Gershkovich, a annoncé jeudi la présidence turque, l'une des opérations de ce type les plus importantes depuis la Guerre froide.
Les services de renseignements turcs ont "mené à Ankara l'opération d'échange de prisonniers la plus importante de ces derniers temps, qui a impliqué l'échange de 26 personnes provenant des prisons de sept pays différents (États-Unis, Allemagne, Pologne, Slovénie, Norvège, Russie et Biélorussie)", selon un communiqué de la présidence turque.
Plus tôt, des télévisions américaines avaient révélé cet accord entre la Russie, les Etats-Unis et plusieurs pays européens, concernant le journaliste Gershkovich détenu en Russie depuis mars 2023 ainsi que l'ex-Marine Paul Whelan.
En échange,l'agent russe présumé Vadim Krassikov a été remis à la Russie, selon la présidence turque. Il était emprisonné en Allemagne pour l'assassinat d'un ex-commandant séparatiste tchétchène à Berlin.
"Dix prisonniers, dont deux mineurs, ont été transférés en Russie, treize en Allemagne et trois aux États-Unis", a précisé la même source.
Ils ont été transportés en Turquie par sept avions. L'AFP a assisté à l'atterrissage de deux appareils, un aux couleurs de la Russie, l'autre de type Falcon, sur l'aéroport civil d'Ankara peu avant 13H30 GMT.
Il n'y a eu pour l'instant aucune confirmation officielle de la part de responsables américains et le Kremlin s'est refusé à tout commentaire.
Il s'agit du premier échange entre Moscou et les Occidentaux depuis la libération fin 2022 de la joueuse américaine de basket Brittney Griner détenue en Russie pour une affaire de stupéfiants contre celle du célèbre trafiquant d'armes russe Viktor Bout, emprisonné aux Etats-Unis.
Un précédent échange en 2010 avait vu la libération de 14 espions, dont les Russes Anna Chapman condamnée aux Etats-Unis et Sergueï Skripal, agent double emprisonné en Russie.
- Journaliste américain -
Les États-Unis ont fait pression sur Moscou pour obtenir la libération d'Evan Gershkovich arrêté en mars 2023 et condamné le 19 juillet dernier en Russie à 16 ans de prison à l'issue d'un procès expéditif pour "espionnage", une accusation jamais étayée.
Le journaliste, sa famille, ses proches ainsi que la Maison Blanche n'ont eu de cesse de dénoncer une affaire montée de toutes pièces. M. Gershkovich, ancien collaborateur de l'AFP, 32 ans, avait été arrêté alors qu'il était en reportage à Ekaterinbourg (Oural).
"Nous sommes immensément soulagés d'apprendre que le calvaire d'Evan Gershkovich, qui a duré 16 mois, devrait enfin prendre fin", a réagi l'ONG Reporters sans frontières, disant espérer avec impatience "son retour sain et sauf aux Etats-Unis".
Washington a également oeuvré pour obtenir la libération d'autres de ses ressortissants dont Paul Whelan, 54 ans, qui a également les nationalités britannique, irlandaise et canadienne et a été condamné en 2018 pour "espionnage", des accusations qu'il rejette.
Comme d'autres prisonniers, M. Whelan avait récemment "disparu" du système carcéral russe, ce qui a alimenté les spéculations sur un accord imminent entre Moscou et des pays occidentaux.
- Avion -
Un avion précédemment utilisé pour l'échange de Brittney Griner et Viktor Bout avait quitté jeudi matin Moscou pour l'enclave russe de Kaliningrad avant de repartir vers la Russie en fin de matinée, selon le service de suivi des vols Flightradar24.
Les opposants russes Oleg Orlov et Vladimir Kara-Mourza devraient également être concernés par cet échange. Tout comme Ilia Iachine.
Deux collaboratrices de l'adversaire numéro un du Kremlin, Alexeï Navalny, mort en prison en février, Lilia Tchanycheva et Ksenia Fadeïeva, ne figurent également plus dans leur lieu de détention.
Les soutiens de l'artiste Alexandra Skotchilenko, condamnée à sept ans pour avoir remplacé des étiquettes de prix de supermarchés par des messages dénonçant l'offensive contre l'Ukraine, ont indiqué qu'elle avait elle aussi été transférée.
Même situation pour le jeune russo-allemand Kevin Lik et le militant Daniil Krinari, selon des ONG et médias.
L'Allemand Rico Krieger, condamné à mort au Belarus, pourrait également faire l'objet d'un accord après avoir été gracié cette semaine par le président Alexandre Loukachenko.
Parmi les autres Russes potentiellement concernés, Alexander Vinnik, un informaticien accusé d'avoir dirigé une plateforme d'échange de cryptomonnaies accusée de blanchiment d'argent. Tout comme Vladislav Kliouchine, condamné aux Etats-Unis pour fraude, ou encore Vadim Konochtchenok.
burs/nr/cha
O.Meyer--HHA