Les conservateurs britanniques en congrès pour trouver un nouveau chef et se réinventer
Les conservateurs britanniques se réunissent à partir de dimanche pour la première fois depuis leur débâcle électorale de juillet, avec la nécessité de trouver un nouveau chef et de se réinventer face à la montée de l'extrême droite.
Ce congrès, qui se tient jusqu'à mercredi à Birmingham, dans le centre de l'Angleterre, a lieu moins de trois mois après la pire défaite des Tories aux élections législatives en plus d'un siècle.
Après être restés au pouvoir pendant 14 ans, ils ont perdu deux tiers de leurs élus à la Chambre des communes par rapport à 2019 et des poids lourds du parti, dont l'ancienne Première ministre Liz Truss, n'ont pas été réélus.
L'ambiance au congrès ne devrait donc pas être à la fête.
Il sera "important" de "reconnaître la défaite, reconnaître le message des électeurs", a expliqué le président du parti, Richard Fuller.
Les conservateurs doivent trouver leur prochain chef politique, qui succédera à l'ancien Premier ministre Rishi Sunak. Il sera désigné le 2 novembre, mais les quatre candidats vont d'abord monter sur scène pour avancer leurs arguments.
Qui réussira à convaincre le plus de militants entre Kemi Badenoch, Robert Jenrick, deux candidats à la droite du parti, donnés pour favoris, et James Cleverly et Tom Tugendhat, considérés plus centristes ?
Ce congrès "sera inévitablement une sorte de concours de beauté", estime Tim Bale, professeur de sciences politiques, à l'université Queen Mary à Londres. "Les gens seront obsédés par les candidats et les présentations qu'ils feront".
- Mémoires de "BoJo" -
Le parti va devoir décider de sa ligne politique, entre la droite dure et le centre. Il faudra choisir entre regagner les électeurs qui se sont tournés vers Nigel Farage, du parti d'extrême droite Reform UK, ou ramener ceux ont donné leur voix au parti centriste LibDem.
Mais pour Tim Bale, le parti "est préoccupé jusqu'à l'obsession" par Nigel Farage. Les conservateurs pensent qu'il représente "la plus grande menace".
Reform UK a remporté 14% des suffrages lors des élections législatives du 4 juillet. Selon les responsables du parti, il est passé de quelques milliers à plus de 80.000 adhérents en quelques mois.
Nigel Farage, figure du Brexit, se voit déjà Premier ministre en 2029.
Son parti et le LibDem ont bénéficié notamment des luttes fratricides permanentes chez les conservateurs, des scandales politiques sous Boris Johnson et des errements budgétaires de Liz Truss, qui n'a tenu que 49 jours au pouvoir.
Juste avant l'ouverture du congrès conservateur, Boris Johnson est revenu dans l'actualité avec la parution d'extraits dans le journal Daily Mail de ses mémoires, qui doivent sortir le 10 octobre. "Vais-je revenir?", interroge-t-il dans une vidéo.
Il promet, dans son style haut en couleur, de dévoiler quel haut responsable politique "ressemble à un taureau à qui l'on aurait enfoncé un thermomètre dans le rectum à l'improviste". Il dira aussi ce qu'il pense "vraiment de Rishi" Sunak.
De quoi être au centre des conversations au congrès, comme l'aime tant Boris Johnson.
Les conservateurs devraient par ailleurs trouver une forme de consolation avec les difficultés des travaillistes au pouvoir, dont la popularité a déjà chuté dans les sondages. Keir Starmer et plusieurs de ses ministres sont critiqués pour avoir accepté des cadeaux pour des dizaines de milliers de livres sterling.
Le congrès "sera moins déprimant qu'il ne l'aurait été si les travaillistes avaient pris un bon départ", anticipe Tim Bale.
E.Borstelmann--HHA