Bombardements israéliens meurtriers sur Gaza, après la mort du chef du Hamas
Israël a bombardé samedi la bande de Gaza après une frappe qui a fait plus de 30 morts dans le nord du territoire palestinien, où l'armée poursuit son offensive visant à écraser le Hamas, décimé après un an de guerre et la mort de son chef.
La Défense civile a annoncé que 33 personnes avaient été tuées et "des dizaines" blessées dans un bombardement sur le camp de réfugiés de Jabalia, une région du nord de Gaza où l'armée israélienne mène depuis le 6 octobre une offensive aérienne et terrestre en affirmant que le Hamas cherche à y reconstituer ses forces.
Le Hamas a assuré que le décès de son chef, Yahya Sinouar, considéré comme l'architecte de cette attaque tué mercredi dans une opération israélienne dans le sud de Gaza, "renforcerait" le mouvement.
Yahya Sinouar, 61 ans, dirigeait depuis 2017 le Hamas à Gaza, avant d'être nommé début août chef du mouvement après la mort d'Ismaïl Haniyeh, tué à Téhéran dans une attaque attribuée à Israël.
D'après le New York Times, qui a interrogé le médecin légiste chargé de l'autopsie en Israël, le chef du Hamas a d'abord été grièvement blessé au bras lors d'un échange de tirs, puis tué d'une balle dans la tête.
Selon des journalistes de l'AFP et la Défense civile, plusieurs frappes aériennes ont visé la bande de Gaza samedi matin, notamment le camp de Jabalia où trois maisons ont été visées après la frappe meurtrière de la nuit.
L'armée israélienne a indiqué "vérifier" les informations faisant état de frappes à Jabalia.
Des témoins ont signalé des tirs nourris et des bombardements à l'artillerie sur ce camp ainsi que des frappes sur celui de Bureij, dans le centre du territoire. Selon des médecins, les forces israéliennes ont bombardé l'Hôpital indonésien de Beit Lahia, dans le nord.
- "Enfer sur terre" -
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait déclaré jeudi que la mort de Yahya Sinouar marquait "le début de la fin" de la guerre à Gaza.
Plusieurs dirigeants étrangers ont émis l'espoir que cette disparition ouvre la voie vers un cessez-le-feu et la libération des otages. Le président américain, Joe Biden, y a ainsi vu l'opportunité "d'un chemin vers la paix" au Proche-Orient.
Mais plusieurs analystes soulignaient que la mort du chef du Hamas désorganisait encore davantage le mouvement, à présent éparpillé en petites cellules, compliquant d'autant de futures négociations.
"Les efforts de négociations étaient précédemment tous basés sur l'idée que Sinouar disposait d'un lien avec la plupart de ceux qui détenaient des otages, et qu'il pouvait façonner leurs actions", a résumé Jon Alterman, du think-tank américain CSIS.
"La photo est bien plus floue maintenant et nous devrions assister à des dénouements variés, a ajouté cet expert.
Les familles des otages, tout en saluant la mort de Yahya Sinouar, ont d'ailleurs exprimé leur "profonde inquiétude" sur le sort de leurs proches.
Sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023, 97 sont toujours otages à Gaza dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée.
Cette attaque a entraîné la mort de 1.206 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels, incluant les otages morts en captivité.
Dans la bande de Gaza assiégée, des Palestiniens hésitaient entre espoir et résignation.
"Maintenant que Sinouar a été tué, nous espérons que la guerre s'arrêtera", a affirmé l'un d'eux, Ali Chameli. Mais "la guerre ne s'est pas arrêtée, et les tueries continuent avec intensité", a souligné un autre habitant du territoire, Jemaa Abou Mendi.
Au moins 42.500 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués jusqu'à présent dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
Le petit territoire, assiégé par Israël, est un véritable "enfer sur terre" pour le million d'enfants qui y vit, a affirmé l'Unicef vendredi.
- Le Hamas "restera vivant" -
La guerre qui fait rage à Gaza depuis plus d'un an a gagné le Liban où Israël mène depuis le 30 septembre une offensive terrestre dans le sud du pays, appuyée par des bombardements aériens, contre le Hezbollah, puissant allié du Hamas lui aussi soutenu par l'Iran.
Samedi, une frappe aérienne, qui a fait deux morts, a visé pour la première fois depuis le début de la guerre l'autoroute reliant Beyrouth au nord du Liban, selon les autorités.
En Israël, un drone a été lancé vers la résidence privée de Benjamin Netanyahu à Césarée, une ville côtière du centre du pays, a annoncé le bureau du Premier ministre. M. Netanyahu était absent et l'incident n'a fait aucune victime.
Israël dit vouloir neutraliser le Hezbollah dans les régions proches de sa frontière et permettre le retour dans le nord de son territoire de quelque 60.000 habitants déplacés depuis un an par les tirs de roquettes incessants du mouvement islamiste.
Au moins 1.418 personnes ont été tuées au Liban depuis le début des bombardements israéliens massifs contre le Hezbollah le 23 septembre, d'après un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.
L'ONU a recensé environ 700.000 déplacés.
Dans ce contexte explosif, Israël a promis de riposter à l'attaque de missiles lancée par l'Iran contre son territoire le 1er octobre.
Le Hamas est "vivant et le restera" en dépit de la mort de Yahya Sinouar, a affirmé samedi le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.
O.Meyer--HHA