Le FMI s'inquiète des effets de la guerre au Soudan sur ses voisins
La guerre au Soudan risque de causer de lourds dommages économiques dans les pays limitrophes, s'ajoutant aux conséquences des conflits mondiaux sur l'économie africaine, alerte la directrice adjointe du département Afrique au Fonds monétaire international (FMI) Catherine Pattillo, dans un entretien à l'AFP.
"Ce qui se passe au Soudan est déchirant et dévastateur pour le peuple soudanais. Pour tous les pays voisins également", a affirmé Mme Pattillo à l'occasion de la publication d'un rapport vendredi sur l'activité économique en Afrique subsaharienne.
"Nombre de ces pays voisins sont déjà fragiles et ont leur propres défis à relever. Désormais ils sont confrontés à un afflux de réfugiés, à des enjeux sécuritaires, à des difficultés en matière de commerce, ce qui représente un véritable défi pour leur croissance", a-t-elle poursuivi.
Cités dans le rapport du FMI présentant les prévisions économiques de l'institution de Washington pour le continent, la République centrafricaine, le Tchad, l'Érythrée, l'Éthiopie et le Soudan du Sud pourraient particulièrement souffrir de la situation.
- Oléoduc -
Pour le Soudan du Sud la situation est devenue particulièrement préoccupante à la suite de la perte en février d'une de ses principales sources de revenus après qu'un oléoduc lui permettant d'exporter son pétrole a été endommagé au Soudan.
Cet oléoduc est crucial pour le transport du pétrole brut du Soudan du Sud vers l'étranger, le pétrole représentant environ 90% des exportations de ce pays enclavé.
La guerre au Soudan fait rage depuis avril 2023 entre l'armée, menée par le général Abdel Fattah al-Burhan, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le général Mohammed Hamdane Daglo.
Ce conflit a fait des dizaines de milliers de morts selon l'ONU. Plus de 10,7 millions de personnes ont été déplacées à travers le pays et 2,3 millions d'autres ont dû fuir vers les pays voisins.
La famine a été déclarée en juillet dans le camp de Zamzam près de la ville d'el-Facher, au Darfour.
"Il s'agit là des conflits internes" en Afrique, a relevé Mme Pattillo, citant aussi "les problèmes de sécurité dans les pays du Sahel, affectant également la croissance parmi certains de leurs voisins".
D'autres "conflits externes, tels que la détérioration de la situation au Moyen Orient, l'Ukraine (...) risquent d'avoir des effets sur les prix alimentaires et les prix de l'énergie" à travers le continent, a-t-elle rappelé, deux ans et demi après l'invasion de l'Ukraine par la Russie qui a bouleversé les chaînes d'approvisionnement et engendré une forte inflation alimentaire et énergétique partout dans le monde.
Les risques protectionnistes sont aussi cités comme une pression à la baisse sur la croissance continentale dans le rapport du FMI publié vendredi, à l'heure où les tensions commerciales se traduisent par des hausses de tarifs douaniers notamment entre les trois plus puissants blocs mondiaux, les Etats-Unis, l'Europe et la Chine.
Le ralentissement économique parmi les pays développés et en Chine représente encore un défi important pour les pays africains, ajoute le FMI qui prévoit une croissance de 4,2% l'an prochain, soit un peu mieux qu'en 2024 où elle est attendue à 3,6%.
Th.Frei--HHA