Netanyahu rencontre des émissaires américains pour avancer vers un cessez-le-feu au Liban
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rencontré jeudi des émissaires américains venus en Israël afin d'avancer vers un cessez-le-feu au Liban, soulignant qu'une trêve avec le Hezbollah devait garantir la sécurité de son pays.
Cette visite à Jérusalem des émissaires de la Maison Blanche, Amos Hochstein et Brett McGurk, vise à mettre fin à plus d'un mois de guerre entre Israël et le mouvement islamiste libanais soutenu par l'Iran.
Selon des médias israéliens citant des sources gouvernementales, le plan élaboré par les médiateurs américains prévoit un retrait du Hezbollah du sud du Liban, frontalier d'Israël, ainsi que le retrait de l'armée israélienne de cette région, dont le contrôle reviendrait à l'armée libanaise et aux Casques bleus de l'ONU.
Malgré les coups infligés au Hezbollah, le mouvement chiite continue de tirer des roquettes sur Israël, où sept personnes ont été tuées dans le nord du pays, alors que l'armée israélienne a mené de nouvelles frappes meurtrières à Gaza et au Liban.
Cette visite a aussi pour but, selon le département d'Etat, de discuter "des moyens de mettre fin" à la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas, un allié du Hezbollah.
A quelques jours de l'élection présidentielle aux Etats-Unis le 5 novembre, les Américains espèrent parvenir à un accord-cadre au Liban, alors que les dirigeants israéliens veulent neutraliser le Hezbollah dans les régions frontalières du sud du pays pour permettre le retour de quelque 60.000 habitants du nord d'Israël déplacés par les tirs de roquettes incessants depuis plus d'un an.
Selon la chaîne israélienne 12, Israël exige le retrait du Hezbollah au nord du fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres au nord de la frontière israélienne, le déploiement de l'armée libanaise à la frontière, un mécanisme international d'application de la trêve et la garantie qu'Israël conservera sa liberté d'action en cas de menaces.
Des responsables israéliens ont aussi affirmé que les soldats engagés dans une offensive terrestre dans le sud du Liban depuis le 30 septembre ne se retireraient pas avant un accord qui satisferait les exigences de sécurité d'Israël.
- Dissociation des fronts -
Mercredi, le nouveau chef du Hezbollah, Naïm Qassem, a affirmé que son mouvement pouvait continuer à combattre Israël, tout en se disant prêt à un cessez-le-feu "sous conditions", sans préciser lesquelles.
Le même jour, le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a estimé que le Hezbollah avait "tardé" à dissocier le front libanais du front de Gaza, alors que ce mouvement affirme depuis des mois vouloir combattre "l'ennemi" jusqu'à la fin de l'offensive israélienne à Gaza.
D'après des médias israéliens, un cessez-le-feu avec le Hezbollah semble de plus en plus probable, après que le chef d'état-major israélien Herzi Halevi a fait état du "démantèlement total de la chaîne de commandement" du mouvement libanais.
La guerre qui fait rage depuis le 7 octobre 2023 dans la bande de Gaza s'est propagée il y a plus d'un mois au Liban, où Israël mène depuis le 23 septembre des frappes principalement sur les fiefs du Hezbollah dans le sud et l'est du pays, et sur la banlieue sud de Beyrouth.
Jeudi, six secouristes affiliés au Hezbollah et son allié Amal ont été tués dans des raids israéliens dans le sud du Liban, selon le ministère libanais de la Santé. Une série de raids a aussi visé les abords de la ville méridionale de Tyr, selon un photographe de l'AFP.
Des affrontements opposent en outre soldats israéliens et combattants du Hezbollah dans les régions frontalières du sud, selon l'agence de presse libanaise Ani, qui a aussi fait état de frappes aériennes dans les environs de Baalbeck, dans l'est du Liban.
Plus de 1.780 personnes ont été tuées depuis le 23 septembre au Liban, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
A Metoula, une ville du nord d'Israël, "un fermier et quatre travailleurs agricoles étrangers" ont été tués par des roquettes tirées depuis le Liban, selon le maire David Azoulai.
"Un homme d'une trentaine d'années et une femme d'une soixantaine d'années" ont également péri dans des tirs similaires dans le nord d'Israël, d'après les secours israéliens.
- Refus d'une "trêve temporaire" -
Dans la bande de Gaza, l'armée israélienne concentre principalement son offensive meurtrière dans le nord depuis le 6 octobre, où le Hamas cherche à regrouper ses forces selon elle.
Sept frappes aériennes ont visé Jabalia, Beit Lahia et Gaza-ville, d'après des témoins.
Les pays médiateurs, Egypte, Etats-Unis et Qatar, s'apprêtent à proposer une trêve "de moins d'un mois" à Gaza, prévoyant un échange d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens et une augmentation de l'aide humanitaire dans le territoire assiégé, a indiqué mercredi une source proche des négociations.
Mais un responsable du Hamas, Taher al-Nounou, a réitéré le refus de son mouvement d'une "trêve temporaire", réclamant un retrait israélien de Gaza et "l'arrêt permanent" de la guerre.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent menée par le Hamas contre Israël, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.
Sur 251 personnes enlevées, 97 restent otages à Gaza dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.
L'offensive menée en représailles par Israël à Gaza a fait 43.204 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
O.Meyer--HHA