Hamburger Anzeiger - Scholz et Poutine parlent de l'Ukraine, Kiev s'indigne

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Scholz et Poutine parlent de l'Ukraine, Kiev s'indigne
Scholz et Poutine parlent de l'Ukraine, Kiev s'indigne / Photo: JOHANNA GERON, Sergei GUNEYEV - POOL/AFP/Archives

Scholz et Poutine parlent de l'Ukraine, Kiev s'indigne

A l'occasion de leur premier appel en près de deux ans, Olaf Scholz et Vladimir Poutine ont réaffirmé vendredi leurs positions sur le conflit ukrainien: le chancelier allemand a appelé Moscou à négocier "une paix juste" et le président russe a insisté sur des concessions territoriales de Kiev.

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Cet échange a provoqué la colère de l'Ukraine qui y a vu "une tentative d'apaisement" envers Moscou.

Lors de cet entretien d'une heure, Olaf Scholz a demandé à la Russie de montrer sa "volonté d'entamer des négociations avec l'Ukraine en vue d'une paix juste et durable", selon un communiqué du gouvernement allemand.

Vladimir Poutine a lui réaffirmé que tout accord de paix devrait refléter les "nouvelles réalités territoriales", selon le Kremlin.

Il s'agit de la position russe répétée depuis des mois. La Russie est ouverte à des négociations de paix, mais avec des "concessions" de la part de Kiev: la cession des territoires ukrainiens que Moscou a annexés en 2022 sans les contrôler totalement. Une condition jugée inenvisageable par Kiev.

La chancellerie a précisé qu'Olaf Scholz s'était au préalable entretenu avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky et qu'il lui reparlerait à l'issue de son entretien avec le président russe.

"Les conversations avec le dictateur russe n'apportent à elles seules aucune valeur ajoutée pour parvenir à une paix juste", a fustigé le porte-parole de la diplomatie ukrainienne, Guéorguiï Tykhy, appelant plutôt à "des actions concrètes et fortes" pour contraindre la Russie à la paix.

- Alliés informés -

Washington, Paris et Londres connaissaient l'intention d'Olaf Scholz d'appeler le dirigeant russe sans toutefois que les messages aient été "coordonnés", selon l'entourage du président français Emmanuel Macron.

Berlin "s'est assuré ou s'assurera" que ses alliés de l'UE et de l'Otan soient informés de cet échange, précise-t-on à la chancellerie.

Olaf Scholz rencontrera notamment les dirigeants du G20 mardi lors du sommet organisé au Brésil et une réunion de plusieurs chefs de la diplomatie de l'UE est prévue le même jour à Varsovie pour marquer les mille jours de l'invasion russe en Ukraine.

Dans un premier commentaire vendredi, le chef du gouvernement polonais Donald Tusk s'est félicité qu'Olaf Scholz ait dit à M. Poutine que "rien sur l'Ukraine" ne se ferait "sans l'Ukraine".

Le chancelier allemand a également redit au dirigeant russe "la détermination" de l'Allemagne et de l'UE à soutenir l'Ukraine "aussi longtemps que nécessaire".

Le dernier appel entre les dirigeants allemand et russe remonte au 2 décembre 2022, quelque 9 mois après le début de l'offensive de Moscou en Ukraine le 24 février 2022.

Selon le Kremlin, qui a qualifié l'échange de "franc et détaillé", l'appel a eu lieu "à l'initiative de la partie allemande".

Depuis l'invasion russe, l'Allemagne, partenaire énergétique historique de la Russie, est le deuxième fournisseur d'aide militaire à Kiev, après les États-Unis.

Mais malgré les demandes répétées de Volodymyr Zelensky, le chancelier Scholz a inlassablement refusé de fournir à Kiev des missiles à longue portée Taurus réclamés par Kiev pour mieux se défendre.

- Campagne électorale -

Cette crainte d'une escalade avec Moscou régulièrement mise en avant par le dirigeant allemand lui vaut aussi des critiques de certains de ses alliés européens qui lui reprochent son manque de détermination.

Elles s'ajoutent aux inquiétudes sur un possible désengagement américain vis à vis de l'Ukraine après l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche, qui avait promis de résoudre le conflit ukrainien "en vingt-quatre heures", sans jamais détailler son plan.

De son côté, Olaf Scholz a récemment appelé à redoubler d'efforts pour mettre fin au conflit par la voie diplomatique, en concertation avec Kiev et les alliés de ce pays.

Mi-octobre, il avait jugé venu le temps "de tout faire - en plus de soutenir clairement l'Ukraine - pour trouver un moyen d'empêcher cette guerre de continuer".

"Il n'y aura jamais de décisions prises par-dessus la tête de l'Ukraine, et jamais sans concertation avec nos partenaires les plus proches", avait-il toutefois assuré.

Le soutien militaire et financier à Kiev et la politique de défense de l'Allemagne seront l'un des sujets de la campagne électorale qui doit conduire le pays à des législatives anticipées le 23 février prochain.

Ch.Tremblay--HHA