

Pour le début de campagne au Canada, Trump est sur toutes les lèvres
Le conservateur Pierre Poilievre a tenté lundi de convaincre les électeurs canadiens, appelés aux urnes le 28 avril, qu'il était le candidat le plus solide pour affronter Donald Trump, dont le nom est sur toutes les lèvres pour ce début de campagne électorale.
Des élections anticipées ont été déclenchées la veille par Mark Carney, le nouveau Premier ministre canadien et candidat libéral, qui a demandé un mandat fort pour faire face au président américain et a déploré lundi la rupture "de l'amitié" qui unissait les deux pays.
Toute la politique canadienne, dominée par les libéraux et les conservateurs, est bouleversée depuis plusieurs semaines par le retour du républicain à la Maison Blanche et son offensive contre son voisin du nord. Le déclenchement d'une guerre commerciale à coups de droits de douane a profondément choqué le pays qui redoute une récession. Et Donald Trump y a ajouté des menaces répétées d'annexion.
Accompagné de sa femme et de ses deux jeunes enfants dans une usine d'emballage en banlieue de Toronto, Pierre Poilievre, le candidat des conservateurs, a cherché à tordre le cou à l'idée de sa proximité avec le président américain.
"Il y a une raison pour laquelle Donald Trump veut que les libéraux, qui sont faibles et déconnectés, soient au pouvoir. Ils lui ont donné le contrôle de notre économie", a affirmé Pierre Poilievre, en référence au récent commentaire de Donald Trump qui a affirmé qu'il préférerait traiter avec un libéral.
- "Peur" -
"Je sais que les gens ont peur, qu'ils se sentent menacés, qu'ils ont vécu l'enfer au cours de la dernière décennie et qu'ils sont maintenant confrontés à ces menaces injustifiées de la part du président Trump qui, franchement, devrait arrêter".
Il a promis de "ramener des emplois" au Canada pour stimuler l'économie et permettre au Canada de "faire face aux Américains en position de force".
Pour Valerie Orr, électrice du Parti conservateur de 81 ans, l'omniprésence de Donald Trump dans la campagne est contre-productive.
"Cette menace venue du sud a détourné trop d'attention", a-t-elle déclaré à l'AFP après le discours de son favori.
"Qui a déjà entendu parler d'un État de la taille du Canada… Allez, soyons réalistes", a-t-elle ajouté, souhaitant que l'on parle surtout des défis auxquels les gens sont confrontés pour parvenir à "joindre les deux bouts au quotidien".
- "Choses extraordinaires" -
La question du coût de la vie est ailleurs l'un des sujets qui a causé la chute de l'ex-Premier ministre Justin Trudeau, qui vient de céder sa place à Mark Carney.
L'ancien dirigeant des banques centrales du Canada et de l'Angleterre, âgé de 60 ans, a depuis tenté de se démarquer de son prédécesseur dont il a été le conseiller économique.
Mark Carney a rappelé lundi que les Canadiens ont toujours été là quand les Etats-Unis en avaient besoin.
"Dans cette crise provoquée par le président américain, nous déplorons une amitié perdue ou du moins une amitié mise à rude épreuve", a-t-il expliqué depuis Gander (nord-est), ville qui a abrité des milliers de passagers américains bloqués après les attentats du 11-Septembre.
"Les Canadiens ont fait des choses extraordinaires pour les Américains lorsqu'ils en avaient besoin. Maintenant, nous devons faire des choses extraordinaires pour nous-mêmes", a déclaré le candidat libéral.
Dans une pique au chef conservateur, M. Carney a estimé que le président américain attendait de voir si le prochain Premier ministre canadien "était en phase avec lui" ou "si c'était quelqu'un qui défend les intérêts des Canadiens".
Au moment de la démission de Justin Trudeau, début janvier, les libéraux semblaient promis à une lourde défaite: les conservateurs étaient alors crédités de plus de 20 points d'avance dans les sondages.
Lundi, les libéraux étaient à 37,8% et les conservateurs à 37,2%.
Les chefs de parti s'affronteront lors de deux débats, l'un en français, l'autre en anglais, les 16 et 17 avril.
H.Graumann--HHA