L'opposant russe Pivovarov condamné à quatre ans de prison ferme
L'opposant russe Andreï Pivovarov a été condamné vendredi à quatre ans de prison ferme, plus d'un an après son arrestation, un rouleau compresseur judiciaire emportant ces dernières semaines les toutes dernières figures de l'opposition russe.
M. Pivovarov a été condamné, sur la base de publications Facebook, pour avoir milité pour une organisation interdite.
"Andreï Pivovarov a été condamné à quatre ans dans une colonie pénitentiaire avec interdiction d'activités socio-politiques pour une période de huit ans", a écrit son équipe sur le compte Twitter à son nom.
"Après avoir examiné les pièces du dossier, examiné les nombreux éléments de preuve recevables présentés par les parties, le tribunal est arrivé à la conclusion que la culpabilité de l'accusé était prouvée", a indiqué le service de presse du tribunal, cité par l'agence TASS.
Le 31 mai 2021 , les forces de l'ordre avaient extirpé M. Pivovarov d'un avion prêt à décoller de Saint-Pétersbourg vers Varsovie.
Quelques jours plus tôt, il avait annoncé l'auto-dissolution de son organisation Otkritaïa Rossia (Russie ouverte), liée à l'ex-oligarque et opposant exilé Mikhaïl Khodorkovski, qui avait lui-même passé des années en prison en Russie.
M. Pivovarov avait annoncé dissoudre son mouvement car il s'attendait à ce qu'il soit classé "indésirable", ce qui exposait militants, membres et employés à des poursuites judiciaires.
Après son arrestation, il avait été transféré en prison dans le sud de la Russie, à Krasnodar, où il a été jugé.
"Cette affaire contre moi c'est de la vengeance pure à cause de mes opinions, de mes activités politiques", a dit l'opposant de 40 ans au dernier jour de son procès, le 11 juillet, dénonçant les poursuites politiques contre les détracteurs de Vladimir Poutine.
-'La Russie sera libre'-
Se disant certain ce jour-là qu'il écoperait d'une peine de prison ferme, il avait pourtant déclaré n'avoir "aucun doute qu'au final, la Russie sera libre. Même si c'est un long chemin".
Depuis sa cellule, il a fait campagne aux élections législatives de septembre 2021, avec le slogan "plus fort que la peur", son équipe le présentant comme le "candidat menotté".
Son arrestation était intervenue en pleine vague de répression visant les organisations d'opposition à l'approche des législatives. Peu après son incarcération, toutes les structures de l'opposant numéro 1 au Kremlin, Alexeï Navalny, avaient été interdites pour extrémisme.
M. Navalny était déjà en prison, et nombre de ses cadres ont par la suite fait le choix de l'exil face à la multiplication des actions en justice contre eux.
Cette répression s'est encore accentuée depuis le 24 février, lorsque la Russie de Vladimir Poutine a lancé son offensive contre l'Ukraine.
Rapidement, de lourdes peines de prison ont été instaurées pour toute critique à l'égard de l'armée russe. Dans la foulée, des opposants de renom et de simples citoyens ont été arrêtés et incarcérés pour avoir dénoncé l'assaut russe contre son voisin ou des exactions des forces russes.
Les opposants Ilia Iachine et Vladimir Kara-Mourza mais aussi de simples citoyens ont déjà été incarcérés pour de tels motifs dans l'attente de leur procès.
Un élu municipal moscovite, Alexeï Gorinov, a lui été condamné à sept ans de prison la semaine dernière pour avoir dénoncé l'assaut contre l'Ukraine.
Les plus grands réseaux sociaux et une kyrielle de médias russes et étrangers ont également été bloqués en Russie.
Vendredi encore, les autorités russes ont classé "indésirable" les sites d'investigation Bellingcat et The Insider, jugeant qu'ils représentaient "une menace pour l'ordre constitutionnel et la sécurité de la Fédération de Russie".
Ces sites avaient publié des enquêtes identifiant et accusant des agents russes de l'empoisonnement d'Alexeï Navalny en août 2020. Ce dernier avait échappé à la mort puis été arrêté dès son retour début 2021 de convalescence d'Allemagne.
A.Baumann--HHA