La guerre en Ukraine doit s'arrêter pour éviter le précipice "nucléaire", selon le président bélarusse
L'Occident, l'Ukraine et la Russie doivent s'entendre pour éviter le "précipice" de la "guerre nucléaire", a estimé jeudi dans un entretien exclusif à l'AFP le président bélarusse Alexandre Loukachenko, principal allié de la Russie.
"Allez, arrêtons-nous. Il ne faut pas aller plus loin. Plus loin, c'est le précipice. Plus loin, c'est la guerre nucléaire. Ca ne doit pas aller jusque-là", a-t-il dit.
"Il faut arrêter, s'entendre, arrêter ce chaos, l'opération et la guerre en Ukraine", a ajouté M. Loukachenko.
Mais selon le président bélarusse, qui a prêté son territoire à l'armée russe pour attaquer l'Ukraine, c'est à Kiev d'accepter les concessions et d'aller aux négociations, seule issue au conflit.
De précédents pourparlers, qui avaient débuté dans les premiers jours de l'offensive russe, ont échoué, chaque camp s'en rejetant la responsabilité.
"Tout dépend de l'Ukraine, actuellement, la particularité du moment est que la guerre peut se finir dans des conditions plus préférables, acceptables pour l'Ukraine", a jugé M. Loukachenko.
Elle doit être d'accord pour "ne jamais avoir sur le territoire de l'Ukraine des armes menaçant la Russie", a-t-il relevé.
Selon lui, le terme de "dénazification" employé par la Russie au sujet de ses objectifs militaires en Ukraine, "c'est de la philosophie. Le plus important, c'est la sécurité de la Russie".
Le président bélarusse juge qu’autrement les choses peuvent encore s’aggraver, rappelant que Vladimir Poutine avait prévenu que son armée ne s'employait pas encore totalement en Ukraine.
"La guerre qui est en cours là-bas n'est pas encore celle que la Russie pourrait mener", a-t-il dit, évoquant des armes "effrayantes" que Moscou n'a pas employées.
Selon M. Loukachenko, l'Ukraine doit accepter que les régions occupées par la Russie dans l'est et le sud du pays sont perdues.
"Cela ne se discute plus, on aurait pu en discuter au mois de février, mars", a-t-il jugé.
Enfin, M. Loukachenko a rejeté sur l'Occident l'entière responsabilité de cette guerre, estimant que la menace qu'il faisait peser sur la Russie était telle que Moscou se devait d'attaquer son voisin.
"Nous avons vu les causes de cette guerre, la cause est que si la Russie n'avait pas devancé l'Otan, vous (les Occidentaux) vous seriez organisés et l'auriez frappée", a-t-il martelé. "Vous en êtes à l'origine et vous prolongez cette guerre", a-t-il accusé.
Selon le dirigeant bélarusse, le conflit aurait été évité si les pays occidentaux avaient donné à Vladimir Poutine "les garanties de sécurité qu'il réclamait", à savoir le retrait de l'Alliance sur les frontières de 1997 et la cessation du rapprochement de l'Occident avec l'Ukraine que la Russie perçoit comme une menace.
"Pourquoi n'avez-vous pas donné ces garanties ? Cela veut dire que vous vouliez la guerre", a-t-il déclaré.
E.Bekendorp--HHA