Hamburger Anzeiger - Indignation à Amboise après les dégradations de la sculpture en hommage au héros algérien Abdelkader

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Indignation à Amboise après les dégradations de la sculpture en hommage au héros algérien Abdelkader
Indignation à Amboise après les dégradations de la sculpture en hommage au héros algérien Abdelkader

Indignation à Amboise après les dégradations de la sculpture en hommage au héros algérien Abdelkader

"Indignation", "honte", "lâcheté": Une sculpture en hommage à l'émir Abdelkader a été vandalisée avant son inauguration samedi à Amboise (Indre-et-Loire), où le héros national algérien a été détenu de 1848 à 1852, suscitant une large condamnation.

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Cette oeuvre pour les 60 ans de l'indépendance de l'Algérie avait été proposée par l'historien Benjamin Stora dans son rapport sur "Les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d'Algérie", remis à Emmanuel Macron en janvier 2021.

Peu avant la cérémonie prévue à 11H00, les passants et la centaine de personnes présentes ont découvert que l'oeuvre intitulée "Passage Abdelkader", signée de l'artiste tourangeau Michel Audiard, représentant l'émir découpé dans une feuille d'acier rouillé, avait été largement dégradée dans la partie basse de la structure.

"L'oeuvre était en parfait état depuis sa mise en place il y a dix jours. La police municipale a constaté ce matin, un peu après 08H00 les dégradations. Il n’y a pas de revendication", a indiqué à l'AFP le chef d’escadron de la gendarmerie Hugues Loyez.

Le procureur de Tours Grégoire Dulin a annoncé l'ouverture d'une enquête pour "dégradation grave de bien destiné à l'utilité publique et appartenant à une personne publique".

Si l'inauguration de la stèle a été maintenue, le maire d'Amboise Thierry Boutard (DVD) a fait part de son "indignation".

"J’ai eu honte qu'on traite une oeuvre d’art et un artiste de cette sorte. Le deuxième sentiment est bien sûr l’indignation. C’est une journée de concorde qui doit rassembler et un tel comportement est inqualifiable", a-t-il dit à l'AFP.

"C’est une période politiquement tendue ou que certains se plaisent à tendre. (...) Nous résisterons contre ces propos calomnieux, ces actes inqualifiables, souvent teintés d’intolérance et de racisme", a-t-il ajouté.

L'artiste Michel Audiard a confié sa peine de voir son oeuvre en partie détruite.

"C'est réellement un saccage prémédité. Il faut une disqueuse, il faut couper, il faut tordre. C'est un acte de lâcheté (...) ce n'est pas signé, c'est gratuit. On était là pour fêter un personnage emblématique dans la tolérance et là c'est un acte intolérant. Je suis atterré", a-t-il lâché.

- l'oeuvre sera "refaite" -

Le maire a également indiqué que l'oeuvre serait "restaurée et refaite". L'artiste a estimé que la sculpture pouvait être refaite d'ici un mois.

Sur les bord de Loire, sous un ciel ensoleillé, la centaine de personnes présentes à l'inauguration avaient le coeur lourd alors que cette journée devait être placée sous le sceau de la réconciliation de la France et de l'Algérie.

"Cela a été fait à la disqueuse, ce ne sont pas des enfants, c'est dommage et en même temps ce n’est pas surprenant avec le discours de haine, le climat nauséabond actuel", a dit Ouassila Soum, Franco-algérienne de 37 ans, voyant dans cette stèle "un symbole de rapprochement entre les peuples et les civilisations".

L'ambassadeur d'Algérie en France Mohamed Antar Daoud a dénoncé de son côté "un acte de vandalisme d'une bassesse inqualifiable". "Il faut dépasser cela (…). Le rapprochement franco-algérien continue. Il y a une dynamique, une volonté de part et d'autre d'aller de l'avant".

L'émir Abdelkader ibn Mahieddine est une figure de l'Histoire de l'Algérie. Celui qui était surnommé "le meilleur ennemi de la France" a joué un grand rôle dans le refus de la présence coloniale française en Algérie. Il est considéré comme l'un des fondateurs de l'Algérie moderne.

Après sa reddition, il a été emprisonné à Pau, Toulon, puis au château d'Amboise de 1848 à sa libération en 1852. Cet "homme passerelle" comme le qualifie Benjamin Stora, s'exile ensuite à Damas, où il s'illustre en 1860 en défendant les chrétiens de Syrie, en proie aux persécutions.

Cet acte fera de lui un symbole de tolérance. Il sera récompensé de la Grand Croix de la Légion d'honneur.

F.Wilson--HHA