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Les Sénégalais élisent leurs députés, un test important pour le président
Les Sénégalais élisent leurs députés, un test important pour le président / Photo: JOHN WESSELS - AFP

Les Sénégalais élisent leurs députés, un test important pour le président

Les Sénégalais élisent dimanche leurs députés dans un scrutin que l'opposition veut mettre à profit pour imposer une cohabitation au président Macky Sall, qui espère, lui, conserver une large majorité.

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Ces législatives font figure de test après les élections locales de mars, remportées par l'opposition dans de grandes villes de ce pays d'Afrique de l'Ouest réputé pour sa stabilité, comme Dakar, Ziguinchor (sud) et Thiès (ouest).

Le scrutin se déroule dans un contexte de hausse des prix, notamment à cause des conséquences de la guerre en Ukraine, des arguments utilisés par l'opposition contre le pouvoir qui met en avant les subventions des produits pétroliers et des denrées alimentaires ainsi que son programme de construction d'infrastructures.

Macky Sall a promis de nommer un Premier ministre - poste qu'il avait supprimé puis rétabli en décembre 2021 - au sein de la formation victorieuse des élections.

Les bureaux de vote ont ouvert à 8h00 (GMT et locales) pour quelque sept millions de Sénégalais inscrits sur les listes.

Dans la cour d'une école de Mbao, dans la banlieue de Dakar, une centaine de personnes, plutôt âgées, attendaient devant les bureaux de vote, a constaté un journaliste de l'AFP. Des policiers étaient également présents pour assurer la sécurité.

Le président du bureau de vote Amadou Ba Samba a levé une urne blanche pour "montrer à tout le monde qu'elle est vide avant de la sceller", en guise de transparence.

"On va démarrer. Tout le matériel de vote est en place", a-t-il déclaré juste avant le début des opérations.

- "Un vainqueur et un vaincu" -

"Je souhaite que la journée de vote se passe dans le calme, qu'il n'y ait pas de dispute. C'est comme au football. Il faut un vainqueur et un vaincu", estime Lamine Sylva, un peintre de 60 ans marié et père de famille.

"J'espère que la future Assemblée sera formée de députés du pouvoir et d'une forte représentation de l'opposition pour des débats contradictoires. C'est ce qui fait avancer la démocratie", dit aussi à l'AFP Yahya Sall, militaire à la retraite, qui porte encore la trace de l'encre indélébile sur son doigt.

La Commission nationale électorale autonome (Cena), qui supervise le vote, a déployé quelque 22.000 observateurs sur tout le territoire. Des observateurs de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) sont également présents.

Les députés sont élus selon un mode qui panache scrutin proportionnel avec des listes nationales pour 53 parlementaires, et scrutin majoritaire dans les départements pour 97 autres. La diaspora dispose de 15 députés.

Huit coalitions sont en lice pour ces élections dont celles de la majorité et "Yewwi Askan Wi" (Libérer le Peuple en langue wolof), la principale coalition de l'opposition, formée autour d'Ousmane Sonko, arrivée troisième de la présidentielle de 2019.

Celle-ci s'est alliée à la coalition "Wallu Sénégal" (Sauver le Sénégal en wolof), dirigée par l'ex-président Abdoulaye Wade. La moins bien placée dans un département s'engage à soutenir l'autre avec pour objectif d'"obtenir une majorité parlementaire" et "d'imposer une cohabitation gouvernementale".

L'opposition veut aussi contraindre M. Sall à renoncer à toute velléité de candidature en 2024. Le président Sall, élu en 2012 pour sept ans et réélu en 2019 pour cinq ans, maintient le flou sur ses intentions à 19 mois de la présidentielle.

"Si Macky Sall les perd (les législatives), il ne parlera plus de 3e mandat", a assuré M. Sonko.

- Des opposants absents -

La campagne électorale s'est terminée vendredi soir dans le calme.

Mais la pré-campagne avait été marquée par de violentes manifestations qui avaient fait au moins trois morts en raison de l'invalidation par le ministère de l'Intérieur, confirmée par le Conseil constitutionnel, des titulaires de la liste nationale de la coalition dirigée par M. Sonko.

Plusieurs figures de l'opposition, parmi lesquelles Ousmane Sonko, ont été contraintes de renoncer à participer aux élections, non sans avoir appelé leurs soutiens à protester contre ce qu'ils estimaient être un stratagème du président Macky Sall pour écarter ses adversaires sous couvert de moyens légaux.

Mis à part la première manifestation, toutes les autres avaient été interdites par les autorités.

Le 29 juin, l'opposition avait finalement calmé le jeu en acceptant de participer au scrutin, qu'elle menaçait jusqu'alors d'empêcher.

Ch.Brandes--HHA