Birmanie: un journaliste japonais inculpé pour avoir incité à la dissidence, indique la junte
Un journaliste japonais, arrêté en Birmanie la semaine dernière, a été inculpé pour avoir encouragé la dissidence contre l'armée au pouvoir et enfreint la loi sur l'immigration, a indiqué jeudi la junte birmane.
Le vidéaste Toru Kubota, interpellé samedi alors qu'il couvrait une manifestation contre les militaires à Rangoun, risque jusqu'à cinq ans de prison.
Il a été transféré à la prison d'Insein, à Rangoun, où sont détenus de nombreux prisonniers politiques, a indiqué à l'AFP une source ayant connaissance du dossier.
"Il est en bonne santé et des représentants de l'ambassade lui ont déjà rendu visite au commissariat de police où il était détenu", selon une autre source, à l'AFP.
Il a été inculpé "en vertu de l'article 505(a) du Code pénal et l'article 13-1 de la loi sur l'immigration", a précisé la junte dans un communiqué.
La section 505 (b) est une loi à la formulation floue, souvent utilisée contre des journalistes ou des militants au prétexte de déclarations pouvant causer la peur ou l'inquiétude de la population. Elle prévoit une condamnation allant jusqu'à trois ans de prison.
Toru Kubota, 26 ans, a été arrêté en même temps que deux Birmans, près d'une manifestation contre la junte, à Rangoun, la capitale économique du pays.
- Journalistes expulsés -
Selon son compte Instagram, il a réalisé en 2019 un documentaire sur les Rohingyas, une minorité musulmane installée en Birmanie qui a fui une répression sanglante de l'armée et de milices bouddhistes.
Il est le cinquième journaliste étranger depuis le coup d'Etat du 1er février 2021 à avoir été arrêté par la junte, après les Américains Danny Fenster et Nathan Maung, le Polonais Robert Bociaga et le Japonais Yuki Kitazumi, qui ont tous fini par être libérés et expulsés.
Fenster avait été arrêté en mai 2021 alors qu'il tentait de quitter la Birmanie. Détenu à la prison d'Insein, il avait été condamné à 11 ans de prison pour incitation à la dissidence, association illégale et violation de la loi sur les visas. Il a été gracié en novembre, après des négociations avec la junte menées par l'ancien diplomate américain Bill Richardson et deux émissaires japonais.
Depuis le putsch militaire, qui a évincé l'ancienne dirigeante civile Aung San Suu Kyi, l'armée au pouvoir mène une répression sanglante contre ses opposants, tout en portant de sévères atteintes à la liberté de la presse.
Dans un décompte arrêté au 31 mars, 122 journalistes ont été arrêtés depuis le coup d'Etat, et 48 sont toujours détenus, selon Reporting ASEAN.
Seule la Chine a mis en prison plus de journalistes que la Birmanie en année 2021, selon le Comité de protection des journalistes (CPJ).
J.Berger--HHA