Hamburger Anzeiger - Pour l'exécutif et sa "nouvelle méthode", le plus dur reste à venir

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Pour l'exécutif et sa "nouvelle méthode", le plus dur reste à venir
Pour l'exécutif et sa "nouvelle méthode", le plus dur reste à venir / Photo: Bertrand GUAY - AFP/Archives

Pour l'exécutif et sa "nouvelle méthode", le plus dur reste à venir

Emmanuel Macron en retrait, Élisabeth Borne plutôt discrète, la reprise des hostilités parlementaires différée: la "nouvelle méthode" de l'exécutif a franchi sans grandes difficultés la première grande séquence politique du quinquennat, mais la rentrée promet d'être agitée sur tous les fronts.

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Sacré contraste. En juillet 2017, nanti d'une majorité pléthorique à l'Assemblée, Emmanuel Macron ouvrait la session parlementaire par un grand discours à Versailles et promulguait les premières lois et ordonnances à la télévision.

Cinq ans plus tard, le gouvernement dépourvu de majorité absolue, les parlementaires ont enchaîné les séances nocturnes au Sénat et au Palais-Bourbon. Mais le président, lui, a déjà pris ses quartiers d'été au Fort de Brégançon.

En retrait, le président "jupitérien" ? "C'est plutôt une bonne chose", estime le constitutionnaliste Jean-Philippe Derosier.

"Selon la formule du général De Gaulle, le président de la République ne doit être en charge que de l'essentiel. Chacun est libre de l'interprétation du terme. Mais ce n'est pas au président de s'immiscer dans les discussions législatives et d'être omniprésent, à partir du moment où il a les relais nécessaires", poursuit-il.

Un changement notable pour un président qui, l'an passé, décidait lui-même de la suspension du contrôle technique des deux-roues. Mais cette "nouvelle posture" était annoncée avant même les législatives, pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina.

"Dès son discours d'investiture, il promettait déjà une nouvelle méthode et annonçait qu'elle se fonderait sur une espèce de grand débat permanent dont il avait déjà fait part dans sa lettre de candidature aux Français", souligne-t-elle.

Avec la perte de la majorité absolue, la volonté affichée est devenue un impératif. Les Français "n'ont pas voulu donner les coudées trop franches à Emmanuel Macron pour un deuxième mandat, comme s'ils avaient peut-être tiré les leçons du premier. On a eu une succession de crises, des moments très douloureux - rappelons les gilets jaunes -, très dramatiques même pour la France", estime sur France 2 le politologue Bruno Cautrès.

- Rentrée "dans le dur" -

Emmanuel Macron restera-t-il en surplomb, concentré sur l'international ? "Je ne suis pas sûre que durant les cinq années, il puisse complètement arriver à tenir cette posture. A moins que la Première ministre ne réussisse vraiment à incarner un rôle de cheffe de sa majorité, de leader, que pour le moment elle n'a pas encore l'air de prendre", estime Mme Bezzina.

Après sa déclaration de politique générale, Elisabeth Borne fut plutôt discrète, intervenant peu lors des questions aux gouvernement quand le ministre de l'Économie Bruno Le Maire se montrait omniprésent.

Un profil trop "technique" et pas assez "politique", comme l'avait laissé entendre François Bayrou ? "Elle est un petit peu plus absente que ce que l'on pourrait imaginer". Mais "comme on a une majorité relative et hétéroclite, un Premier ministre qui serait très politique ou trop marqué politiquement serait potentiellement un problème", juge M. Derosier.

Contrainte ou voulue, la "nouvelle méthode" place Assemblée et Sénat au cœur de la décision publique. La séquence "a rappelé l'importance du Parlement, presque l'existence du Parlement. Avec la législature précédente, on avait une majorité tellement disciplinée, tellement godillote qu'on aurait pu croire qu'il ne servait à rien", pour le constitutionnaliste.

"Tout ce qui se jouait en réunions interministérielles se joue désormais en commission (au Parlement), la démocratie gagne beaucoup", renchérit un ministre.

Autre illustration: l'absence de session parlementaire extraordinaire en septembre dans les deux chambres législatives. Pour laisser du temps à la "concertation" et préparer les textes en amont, comme le projet de loi immigration, reporté au profit d'un grand débat.

Mais à l'automne, "on va rentrer dans le dur: des réformes structurelles, en particulier la réforme des retraites. On va revenir sur la question des conditions d'indemnisation du chômage, donc des sujets qui vont faire réapparaître des clivages politiques beaucoup plus difficiles", juge M. Cautrès.

"On se félicite de l'adoption des textes. Mais qui est contre la fin de l'état d'urgence sanitaire et le pouvoir d'achat? Les hostilités démarreront à la rentrée, et personne ne semble vouloir voir le mur de crise qui est devant nous", estime un responsable de la majorité.

Th.Frei--HHA