Berlin va adopter pour 10 milliards d'euros de mesures fiscales pour atténuer l'envolée des prix
Le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, a annoncé mercredi que Berlin allait adopter une série de mesures fiscales d'un montant de 10 milliards d'euros en 2023 pour atténuer l'envolée des prix.
Ce paquet de mesures consiste notamment à relever le niveau à partir duquel le taux maximal d'imposition sur le revenu de 42% s'appliquera et à augmenter le montant des allocations familiales, a-t-il précisé, soulignant que le gouvernement était "contraint d'agir" face au renchérissement des prix, notamment ceux de l'énergie.
Ces mesures sont également destinées à compenser "l'effet multiplicateur", ou "progression froide", selon lequel une personne subit une imposition plus élevée en raison d'une augmentation de salaire, obtenue pour compenser les effets de l'inflation, qui diminue de fait son pouvoir d'achat.
Si rien n'est fait, quelque 48 millions de personnes vont subir une augmentation d'impôts à partir de janvier 2023 en raison de ce phénomène, a indiqué M. Lindner.
"Pour l'Etat, bénéficier (d'une augmentation des rentrées fiscales) au moment où la vie quotidienne est devenue plus chère (...) n'est pas juste et également dangereux pour l'économie", a-t-il admis lors d'une conférence de presse.
"Pour de nombreuses personnes, la vie quotidienne est devenue beaucoup plus chère. Nous redoutons une augmentation des prix du gaz, de l'énergie et des denrées alimentaires", a expliqué le ministre du gouvernement de coalition d'Olaf Scholz.
"Les perspectives économiques de notre pays sont également devenues plus fragiles et les pronostics de croissance économique doivent être revus à la baisse", a-t-il ajouté.
L'inflation a atteint 7,5% sur un an en juillet, en recul par rapport à juin mais elle se situe toujours à un très haut niveau en raison de la guerre en Ukraine.
Le gouvernement a déjà adopté des mesures d'un montant total de 30 milliards d'euros pour soutenir le pouvoir d'achat, notamment des mesures temporaires pour alléger la facture énergétique des ménages comme un "rabais à la pompe" et un "ticket à 9 euros" par mois valable dans tous les transports publics hors lignes à grande vitesse jusqu'à fin août.
Mais l'automne et l'hiver s'annoncent redoutables dans la principale économie européenne en raison de la crise énergétique "encore à venir pour l'économie", selon le ministre de l'Economie, Robert Habeck, qui prévoit "un hiver difficile".
Les Allemands vont voir leur facture de chauffage et d'électricité s'envoler à l'automne avec la décision du gouvernement de permettre la répercussion de la hausse des prix de l'énergie sur le consommateur final.
Berlin table sur une hausse de 2,2% du Produit intérieur brut (PIB) allemand cette année mais la Bundesbank, la banque centrale, se montre plus prudente avec une estimation de 1,9%.
La croissance est restée nulle au deuxième trimestre, plombée par l'accélération de l'inflation dans le sillage de la guerre en Ukraine. C'est l'une des plus piètres performances de la zone euro d'avril à fin juin.
Ce conflit meurtrier, entamé le 24 février avec l'invasion des troupes russes, a mis fin au rebond de l'activité économique entamé il y a un an après la récession historique provoquée par les restrictions liées à la pandémie de Covid-19.
A.Gonzalez--HHA