Ukraine: Macron appelle les Français à accepter de "payer le prix de la liberté"
Emmanuel Macron a dénoncé vendredi "l'attaque brutale" de la Russie en Ukraine et a appelé les Français à "accepter de payer le prix de la liberté", alors que le conflit risque d'avoir de lourdes conséquences économiques en Europe.
"Je pense à notre peuple auquel il faudra de la force d'âme pour regarder en face le temps qui vient, résister aux incertitudes, parfois à la facilité et à l'adversité et, unis, accepter de payer le prix de notre liberté et de nos valeurs", a lancé le chef de l’État lors d'une cérémonie pour le 78e anniversaire de la libération de Bormes-les-Mimosas (Var) le 17 août 1944.
Les deux dirigeants se sont prononcés pour l'envoi dans "les plus brefs délais" d'une mission d'experts internationaux à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, sous contrôle russe et cible de bombardements récurrents qui laissent craindre un nouveau Tchernobyl.
Dans "cette guerre qui tonne à nos portes", Emmanuel Macron a salué la "résistance héroïque" du peuple ukrainien face aux "assauts terribles de l'armée russe et de ses supplétifs".
"Oui, les fantômes de l’esprit de revanche, les violations flagrantes de la souveraineté des États, l'intolérable mépris des peuples, la volonté impérialiste ressurgissent du passé pour s’imposer dans le quotidien de notre Europe, de nos voisins, de nos amis", a-t-il martelé.
- "Actions diplomatiques" -
Le président avait déjà préparé les Français à une rentrée et un hiver difficiles, lors de son interview du 14 juillet, en raison des risques de pénuries d'énergie et de la flambée des prix induits par la guerre en Ukraine.
Il avait alors accusé la Russie d'utiliser le gaz comme une "arme de guerre" en limitant ses livraisons en riposte aux lourdes sanctions européennes la visant et appelé à "rentrer collectivement dans une logique de sobriété" énergétique.
Le géant gazier russe Gazprom a de nouveau annoncé vendredi une interruption de ses livraisons à l'Europe durant trois jours, pour des raisons de "maintenance", ravivant les craintes de pénurie en Europe.
Le chef de l’État, en vacances au fort de Brégançon sur la commune de Bormes-les-Mimosas depuis le 29 juillet, et la cheffe du gouvernement Élisabeth Borne peuvent aussi s'attendre à une rentrée sociale compliquée, sur fond de hausse généralisée du coût de la vie.
Ils seront de retour à Paris au plus tard mercredi pour le premier conseil des ministres de la rentrée, avec en perspective plusieurs réformes délicates, de l'assurance-chômage aux retraites, à mettre sur les rails.
- Drapeau ukrainien -
Il faut "œuvrer pour notre souveraineté énergétique, pour accompagner les Français, nos entreprises dans le contexte de cette guerre", a-t-il dit à des journalistes à l'issue de la cérémonie.
"L'agenda de rentrée sera aussi marqué par le travail", a-t-il pointé, en référence au texte sur l'assurance-chômage qui doit prolonger le durcissement d'accès aux indemnités.
"On peut aller vers le plein emploi mais il nous faut continuer à mener les réformes indispensables", a-t-il martelé.
Environ 500 personnes étaient venues à la rencontre du président, qui participait pour la cinquième fois depuis 2018 à la cérémonie commémorant la libération de Bormes.
Après les traditionnels dépôt de gerbe et la Marseillaise, le chef de l’État et son épouse se sont prêtés au rituel du bain de foule, annulé en 2021 pour cause de Covid-19, serrant les mains et posant pour des selfies.
Parmi les spectateurs, un homme a déployé un drapeau ukrainien. Une petite file, soignée pour un cancer à l'hôpital marseillais de la Timone, a transmis au président un message des soignants qui manquent de matériel.
W.Taylor--HHA